Art & gaming
Kaws lance la première expo visible sur «Fortnite»

L'artiste américain Kaws expose physiquement à Londres, mais aussi dans un réplique virtuelle du musée au sein du célèbre jeu vidéo aux centaines de millions d'adeptes.
Publié: 19.01.2022 à 14:05 heures
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Dernière mise à jour: 19.01.2022 à 14:07 heures
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L'exposition physique de Kaws, à la galerie Serpentine de Londres.
Photo: AFP

C'est la première exposition sur «Fortnite»: l'artiste américain Kaws a installé mardi ses toiles pop et ses sculptures colorées à la Serpentine Gallery, mais aussi dans la réplique virtuelle du musée londonien au sein du jeu vidéo aux centaines de millions d'adeptes.

Au milieu des pelouses givrées de Hyde Park, dans le centre de Londres, des badauds visent avec leur téléphone le toit de la Serpentine Gallery. Prennent-ils en photo l'édifice aux briques rouges et colonnes blanches ? Pas du tout ! Grâce à leur portable, ils font apparaitre en réalité augmentée une large sculpture d'un bonhomme bleu assis sur le toit, invisible à l’œil nu.

Dès l'entrée, la sculpture du New-Yorkais Kaws donne le ton: ici, virtuel et réalité s'entremêlent tout au long de l'exposition «Kaws: New Fiction». Cette dernière est en effet composée de «trois couches», explique le directeur artistique Hans Ulrich Obrist. «Il y a l'exposition physique à la Serpentine Gallery avec des peintures et sculptures, il y a les éléments en réalité augmentée et il y a la Serpentine Gallery sur 'Fortnite'», l'un des jeux vidéos les plus populaires au monde.

Pour une semaine, les 400 millions d'adeptes du phénomène d'Epic Games ont accès à une réplique totalement fidèle du musée dans le jeu. Ils peuvent s'y balader avec leur avatar et contempler les œuvres.

Epic Game a déjà collaboré de façon similaire avec des chanteurs à la renommée internationale, venus donner des concerts dans le jeu. «Mais c'est la première fois que 'Fortnite' collabore avec les arts visuels, avec une galerie publique», se félicite Hans Ulrich Obrist.

Il juge «très différent» de voir une exposition dans un jeu ou physiquement, mais estime ces expériences sont «complémentaires»: de nombreux visiteurs ne sont pas familiers avec l'univers du jeu vidéo et pourraient par ce biais s'y intéresser, et vice-versa pour les gamers.

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«Zone de confort»

«Pour nous, il s'agit de toucher des publics très différents», de créer «un dialogue transgénérationnel», ajoute le directeur artistique. En effet, «l'âge moyen des joueurs de 'Fortnite' est beaucoup plus jeune que celui d'un visiteur moyen d'un musée», souligne Hans Ulrich Obrist, qui «espère qu'une toute nouvelle génération viendra ainsi à la galerie».

D'autant plus que ce projet va «toucher un public qui est probablement dix fois plus large que la Biennale de Venise», affirme le conservateur de l'exposition Daniel Birnbaum. Aujourd'hui, le jeu «Fortnite» est particulièrement populaire chez les adolescents et jeunes adultes.

Pour l'artiste aussi, Brian Donnelly de son vrai nom, l'intérêt réside dans le fait de rendre ses œuvres plus accessibles. «Ce qui m'intéresse, c'est de savoir que mon travail peut être vu par un enfant en Inde comme à Londres, explique le peintre et sculpteur de 47 ans. C'est fascinant.»

«Une si grande communauté va soudainement pouvoir aller au musée, voir ces peintures et sculptures, se félicite l'ex-graffeur devenu plasticien. Je pense que pour certains enfants, ça sera la première fois qu'ils se sentiront à l'aise, dans leur zone de confort, à l'intérieur d'une exposition.»

«Pas de fusillade»

Ses personnages à tête de mort stylisée, qui ont déjà fait le tour du monde à coup d'installations géantes ou de produits dérivés, seront aptes à séduire la jeune audience de «Fortnite» par leur côté pop, accessible et coloré.

Kaws, dont c'est la deuxième collaboration avec «Fortnite», explique que ses œuvres seront exposées dans le «creative hub», un mode spécifique du jeu bien loin des parties où les joueurs s'affrontent pour être le dernier survivant. «Il n'y aura pas de fusillade dans l'exposition», plaisante-t-il, vantant une communauté «différente de ce qu'on pense».

Quant à savoir si les joueurs adeptes d'adrénaline vont vraiment s'arrêter pour contempler ses œuvres dans le jeu, «c'est difficile à dire», concède l'artiste, sans être défaitiste: «Si vous amenez un enfant de 11 ans dans un musée traditionnel, vous ne savez pas s'il va regarder les œuvres. Ce n'est pas différent ici.»

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(AFP)

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