On se sent enfermé, en voiture
Dès qu'on s'engage sur l'autoroute, il devient plus compliqué de s'arrêter en chemin ou de quitter la voiture. Ainsi que l'explique le chercheur allemand Michael Schreckenberg, spécialiste des embouteillages, cela fait de nous des prisonniers de notre propre véhicule, ce qui peut constituer une idée angoissante et irritante pour de nombreuses personnes: en effet, nos mouvements sont déterminés par autrui, ce qui laisse libre cours à l'agressivité. «Si l'on se retrouve dans un embouteillage, on est contraint de s'arrêter, analyse notre intervenant. En réaction, certaines personnes se comportent de manière frappante, par exemple en gesticulant sauvagement ou en changeant constamment de voie».
Sur la même thématique:
On a l'impression d'être désavantagé
Qui n'a jamais eu l'impression de se retrouver constamment dans chaque embouteillage possible ou de s'engager pile dans la voie la plus lente, par pure malchance? «En d'autres termes, on pense toujours que l'autre voie est plus rapide», commente le spécialiste. D'un point de vue psychologique, cela semble logique: lorsqu'un véhicule nous dépasse, il est impossible de l'oublier, puisqu'il roule devant nous. Or, si on est la personne qui dépasse, on oublie rapidement les voitures qu'on a laissées derrière nous.
Ainsi, le sentiment d'être désavantagé ou d'avoir choisi la mauvaise voie dans l'embouteillage ne correspond pas à la réalité. Selon Michael Schreckenberg, qui a testé l'expérience sur un trajet de 70 kilomètres entre Munich et Salzbourg, on gagne au maximum trois à quatre minutes en changeant souvent de voie. Il est donc inutile de se stresser davantage en se déplaçant toutes les 5 minutes.
Le temps passe (et ça nous stresse)
Une grande partie des personnes qui se déplacent dans le trafic sont pressées par le temps. Si les embouteillages quotidiens aux heures de pointe peuvent être anticipés, les bouchons imprévus suscitent beaucoup de stress et de colère: «Il s'agit notamment d'accidents ou de chantiers auxquels on ne s'attendait pas, constate le chercheur.
Les chanceux qui partent en vacances peuvent s'accommoder d'un retard, mais une personne qui risque de manquer un rendez-vous important aura évidemment tendance à s'inquiéter et à s'énerver. J'ai déjà vu quelqu'un reculer dans la voie d'urgence pour quitter l'embouteillage, avant d'être imité par une multitude d'autres voitures. Les comportements grégaires sont très rapides dans ce type de situation!»
Les jurons enveniment la situation
Quand on est seul en voiture, on profite de l'anonymat. Personne n'entend ce qu'on dit, on a l'impression de ne pas être observé: «Vous pouvez donc, en tant qu'automobiliste, vous comporter tout à fait différemment de ce qui est possible dans la vie quotidienne», explique Michael Schreckenberg.
Voilà pourquoi on aura plus tendance à exprimer le stress en jurant ou en insultant les autres. Or, lorsqu'on va trop loin, on risque surtout de se stimuler soi-même et d'augmenter encore le stress et l'irritation ressentis: «On devient encore plus énervé qu'on ne l'est déjà, prévient le spécialiste. Je recommande donc à chacun de faire preuve d'un maximum sérénité face au comportement des autres usagers de la route». Après tout, la sécurité est infiniment plus importante que la ponctualité!