La paire de baskets flambant neuves traîne dans l’ombre, aussi négligée que l’abonnement de fitness acquis à Noël. «Tu avais promis qu’on sortirait trois fois par semaine», râlent-elles depuis leur coin, où elles élèvent des moutons de poussière. On voulait pourtant démarrer du bon pied, bondir sur l’elliptique, noircir des journaux entiers, dormir dix heures par nuit et bannir le sucre de notre vie avec une intransigeance dictatoriale... Mais voilà, trente-et-un jours se sont écoulés et la quantité de barres de chocolat englouties dépasse à peine le nombre de nuits blanches essuyées. La routine a gagné et nos belles promesses gisent au sol, vaincues.
Vous reconnaissez le tableau? Une petite voix culpabilisante, tapie dans votre tête, vous empêche d’oublier cet «échec» cuisant? Sachez que vous êtes loin d’être une exception. En vérité, vous faites plutôt partie de la majorité: un sondage diffusé fin 2023 par Forbes révélait que 22% des participants lâchent leurs résolutions après un mois seulement, tandis qu’une toute petite tranche (1%) parvient à les tenir durant une année complète. Et ceux-là doivent avoir des gènes de licorne...
Pourquoi lâche-t-on nos résolutions?
Le phénomène est tellement courant que la capacité à transformer une résolution en habitude tient presque du miracle. Début janvier 2024, lorsque la motivation était encore intacte, plusieurs experts nous conseillaient d’identifier les raisons profondes de nos bonnes résolutions, afin de les tenir facilement. Il s’avère en effet que leur abandon peut être lié à un manque de clarté: «Le fait de lâcher nos résolutions peut suggérer qu’on n’avait pas approché ces nouvelles habitudes d’une manière adaptée, pointe le psychologue FSP Julien Borloz. Avait-on identifié un objectif clair? Les étapes du processus étaient-elles assez précises? Si quelque chose n’était pas bien établi, on a plus de chances de se trouver des excuses, de laisser la routine reprendre le dessus.»
Or, ce n’est pas totalement notre faute! Sans nier notre propre responsabilité, la coach de vie Victoria Sardain rappelle que notre corps est «programmé» pour assurer notre survie - et pas pour favoriser une productivité herculéenne: «Nous ne sommes pas forcément paresseux, mais notre organisme nous encourage à préserver un maximum d’énergie et cela s’éloigne souvent des fondements d’une bonne résolution», précise-t-elle. Voilà pourquoi l’idée de se lever à l’aube pour faire des squats peut sembler si répulsive!
Sans oublier que nous sommes instinctivement en quête de gratification instantanée: «En privilégiant le confort ici et maintenant, on risque de culpabiliser et de s’éloigner de nos objectifs, ajoute Julien Borloz. Par contre, si on accepte davantage l’inconfort instantané, on a plus de chances de s’assurer un confort et une satisfaction sur le long terme.»
L’échec est un pas vers le succès
Ainsi, le psychologue conseille de changer notre vision de l’échec: «Il ne s’agit pas d’une catastrophe ou d’une raison de s’autoflageller, mais d’une étape vers le succès, estime-t-il. C’est une manière d’apprendre de nouvelles choses en créant un chemin plus efficace vers notre but.»
Même son de cloche pour Victoria Sardain, qui souligne l’importance de comprendre ce qui a entravé notre chemin: «L’abandon d’une résolution est une simple information, une donnée potentiellement utile! Quand on identifie l’obstacle, on peut rectifier le tir et trouver des manières de le contourner: était-ce un manque de soutien, une fatigue trop importante? Cet obstacle a beaucoup de choses à nous apprendre sur notre fonctionnement et, tant qu’on en tire quelque chose, il ne s’agit pas d’un échec!»
Par ailleurs, les émotions désagréables associées à l’abandon d’une résolution méritent d’être accueillies avec bienveillance: «Il faut aussi garder en tête que nos performances ne sont pas liées à notre valeur en tant que personne, insiste Julien Borloz. Sinon, l’estime de soi risque d’être atteinte.»
Donnez-vous une seconde chance
Si la promesse formulée début janvier est réellement importante à nos yeux, nos intervenants valident l’idée de se donner une seconde chance, en toute auto-bienveillance: «Je ne conseille pas forcément de foncer tête baissée avec un plan d’action prémédité, tempère Victoria Sardain. L’idée est plutôt d’adapter notre environnement à la nouvelle habitude, petit à petit, afin qu’elle soit facile à intégrer à notre quotidien. Nos habitudes actuellement en place sont comparables à une tour de Jenga: on ne peut pas y ajouter une pièce sans voir la construction s’effondrer, il faut adapter la structure toute entière!»
Par exemple, si vous aviez promis de faire du yoga tous les matins, mais qu’il vous est difficile de quitter votre couette à l’aube, l'objectif intermédiaire serait de préparer votre tapis à l’avance, d’acheter un ensemble de sport qui vous plait, de préparer votre petit-déjeuner la veille… «On ne cherche pas à réessayer la même stratégie en visant le même résultat!», prévient Victoria Sardain. Le concept de «résolution» devient ainsi moins effrayant, puisqu'on vise moins un changement immédiat, mais de simples ajustements.
Bien commencer l'année avec des clés pour mieux vivre, réfléchir, dormir, manger et faire du sport, ça vous dit? Well lance son Challenge 2024, avec au programme 5 articles pour 5 jours de défis. Ceux-ci n'ont qu'un seul but: vous aider à amener de nouvelles habitudes bénéfiques dans votre quotidien, tout en douceur, pour éviter le naufrage qui attend habituellement les bonnes résolutions.
Laissez-vous prendre par la main et suivez le guide!
Bien commencer l'année avec des clés pour mieux vivre, réfléchir, dormir, manger et faire du sport, ça vous dit? Well lance son Challenge 2024, avec au programme 5 articles pour 5 jours de défis. Ceux-ci n'ont qu'un seul but: vous aider à amener de nouvelles habitudes bénéfiques dans votre quotidien, tout en douceur, pour éviter le naufrage qui attend habituellement les bonnes résolutions.
Laissez-vous prendre par la main et suivez le guide!
Place à l’insouciance!
En effet, notre vision de la résolution est essentielle. Ainsi que le rappelle Anouchka Ravedoni, psychologue FSP, ce simple terme suggère la présence de problèmes à régler dans notre vie, ainsi qu’une obligation: «Si l’on prend une bonne résolution, c’est qu’on considère forcément qu’on a un mauvais comportement, analyse-t-elle. Nous passons notre temps à nous juger et à croire que cela nous apportera du mieux-être. Or, c’est tout le contraire. Plus on se juge, plus on se trouve de problèmes à résoudre, et moins on arrive à un résultat concret.»
Pour l’experte, les résolutions s'avèrent souvent impossibles à respecter, basées sur des injonctions, déconnectées du plaisir et de nos véritables envies: «C’est un procédé non productif, et c’est probablement la raison pour laquelle les bonnes résolutions ne tiennent pas au-delà de quelques mois, dans les meilleurs cas». Mais alors comment progresser sans se pousser soi-même à intégrer de nouvelles habitudes? Comment poursuivre, après un premier échec durant le mois de janvier?
Nos trois intervenants sont formels: il est important d’ajouter du plaisir et de la légèreté à nos résolutions! «Si une personne nous oblige à faire quelque chose, il y a de fortes chances pour qu’on ne le fasse pas, par simple esprit de contradiction, poursuit Anouchka Ravedoni. Pourquoi serait-ce différent si l’idée vient de nous? C’est là qu’intervient la notion de légèreté! Si un comportement ou un objectif nous demande trop d’effort, on agit contre soi-même et on finit par lâcher.»
Pour ce faire, il convient de remplacer la notion d’obligation par celle de plaisir: «Si vous ajoutez du fun et du contact social à vos nouvelles habitudes, vous pourrez contourner l’envie instinctive de viser la facilité, acquiesce Victoria Sardain. Le cerveau a aussi besoin de cela, il s’en nourrit!» De toute façon, le mois de février commence demain: une toute nouvelle page à remplir de belles promesses!