Imaginez: vous êtes une femme, vous êtes au bistrot avec votre compagnon. «Vous désirez une petite coupe pour l’apéritif?», demande le serveur. Vous répondez «Oui, avec plaisir», mais aimeriez bien savoir quels mousseux sont proposés au verre. Prosecco. Parfait. Mais s’agit-il d’un prosecco brut ou extra dry?
Vous gardez votre question pour vous. Vous ne voulez pas vous compliquer la vie. Avec un peu de chance, le prosecco servi vous plaira. Afin d’éviter une dégustation à l’aveugle pendant votre dîner, vous demandez la carte des vins. Votre demande est immédiatement prise en compte, mais c’est à votre compagnon que l’on remet la carte.
La carte des vins n’intéresse pas que les hommes
Si votre compagnon vous connaît bien, il vous passera la carte. Si ce n’est pas le cas, ou s’il s’agit d’un repas d’affaires, votre compagnon de table devra se charger du choix. Que faites-vous? Vous demandez à voir la carte et la lui arrachez des mains?
Ou vous préférez ne pas le mettre mal à l’aise, et le laissez jeter un œil discret à son téléphone pour consulter les avis sur les vins proposés, tout ça pour finalement opter pour un vin rouge classique du sud de l’Italie pour accompagner vos filets de poisson frits?
Écart entre les sexes au bistrot
Alexandra Banhidi est sommelière et membre du conseil d’administration de l’association suisse alémanique des sommeliers. Elle sait à quoi un bon service des vins doit ressembler: elle travaille en tant que conseillère en vin pour un commerce de gros pour la restauration. Pour composer la carte des vins des restaurants qu’elle conseille, elle dispose d’une gamme de milliers de crus.
Pourtant, Alexandra Banhidi est tout à fait consciente du problème lié à la carte des vins: «Dans la restauration traditionnelle, et surtout dans les régions les plus rurales, c’est souvent la même histoire. C’est à l’homme de la table que l’on remet systématiquement la carte et c’est lui qui commande. Pourtant, ne pas demander qui souhaite choisir le vin est un véritable faux pas. Au sein de l’association des sommeliers, nous tentons de sensibiliser nos membres à cette problématique et expliquons qu’il faut toujours demander qui, à table, souhaite choisir le vin.»
Un service irréprochable dans la haute gastronomie
La question du vin n’est pas problématique dans les bistrots tendance qui accueillent une clientèle jeune ou dans la haute gastronomie. Les sommelières et sommeliers des étoilés ont généralement une excellente formation et savent cerner les besoins des clients. Ils proposent des accords mets-vin qui transforment un dîner en une véritable expérience gustative. Ils sont également capables de fournir des informations sur les régions viticoles, les cépages ou les subtilités de la vinification.