«Ce midi? J'ai préparé des pâtes avec un pesto Barilla», répond Cécile, 25 ans, lorsque je lui demande ce qu'elle a mangé avant notre rencontre. «Le pesto, il était en rabais, mais ça fait normalement partie des produits que je n'achète plus. Que ce soit tout prêt ou en le faisant moi-même, avec le prix des pignons, c'est devenu trop cher», ajoute-t-elle. Cécile garde toutefois le sourire: «Malgré mon tout petit budget, je trouve que je m'en sors bien!»
Cette étudiante lausannoise a reçu Blick dans sa petite cuisine pour Budget bouffe, une plongée dans les relevés de compte et les tickets de caisse pour vérifier combien dépensent les Romands pour se nourrir, et comment, en ces temps d'inflation galopante. Rappelons qu'en 2022, le renchérissement en Suisse a été de +2,8%.
Un budget rikiki de 1600 francs
En examinant sa petite feuille sur laquelle elle a calculé son budget alimentaire, elle résume comment elle dépense son pécule pour remplir son frigo et son estomac:
Postes de revenus ou de dépenses | Montants |
Aide parentale | 1600 francs |
Charges fixes (loyer, téléphone, abonnement de transport) | 990 francs |
Alimentation (supermarchés) | 270 francs |
Sorties | 120 francs |
Dépenses ponctuelles, imprévus (médicaments, billets de train, dettes…) | env. 200 francs |
Après trois ans à l'université puis quelques stages et petits boulots, Cécile est habituée à se payer sa nourriture. «En fait, je me débrouille depuis mes 19 ans», se souvient-elle. Elle étudie désormais à la Haute école du travail social et de la santé de Lausanne, et a lâché ses jobs pour se concentrer sur son école. De fait, elle ne dispose actuellement d'aucun revenu, c'est son père qui subvient à ses besoins.
Il lui verse 1600 francs tous les 15 du mois. Cécile paie 920 francs de loyer pour son petit appartement loué en colocation avec un ami. A cela s'ajoutent son abonnement téléphonique (30 francs) et de transports lausannois (40 francs). «Bientôt, je devrai le payer plus cher [78 francs, ndlr], car je n'aurai plus le tarif moins de 25 ans», soupire la jeune femme. Ses assurances sont payées par ses parents. «Du coup, vers le 14 chaque mois, c'est tendu», grimace-t-elle.
Toutes ses dépenses alimentaires passent dans les supermarchés
Sur les derniers mois, la moyenne de son budget bouffe s'élève à 270 francs. «La totalité de mes dépenses de nourriture passe dans les supermarchés», relève Cécile. «Je m'attendais à plus, d'autant que je n'achète pas tout chez les discounters», sourit-elle. Elle fait la plupart de ses courses chez Coop et Migros, surtout pour les produits frais, et se contente d'Aldi ou Denner, réputés moins chers, pour les autres denrées. Elle reste toutefois raisonnable: dans ses relevés de carte bancaire, aucune dépense de take away ou de restaurant: «Le resto, c'est une ou deux fois par an.»
Le budget bouffe de Cécile pèse pour environ 17% de ses revenus. C'est presque le triple de la moyenne suisse de 6,5% pour les aliments et boissons non alcoolisées, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique. Une proportion qui s'explique par ses revenus très modestes liés à sa situation d'étudiante.
Cécile dit avoir conscience «d'avoir beaucoup de chance» de bénéficier du soutien de ses parents. Ses courses, elle les fait deux à trois fois par semaine. «Je me rends souvent au supermarché, j'achète des petites quantités, pour éviter le gaspillage. Je fais toujours mes courses avec ma liste d'ingrédients pour mes recettes, et jamais le ventre vide!». La plupart de ses paniers sont remplis de produits frais, bruts, qu'elle cuisine elle-même.
En ce moment, c'est l'hiver, elle adore cuisiner toutes sortes de choux, «c'est pas cher, c'est de saison, j'adore». Bien qu'elle vive en colocation, elle ne mutualise pas vraiment ses aliments avec son colocataire, leurs goûts étant trop différents.
Avec plus de revenus, elle ne changerait rien… ou presque
Cécile fait très attention à ce qu'elle achète: jamais de viande (mais en mange volontiers si on lui en propose), très peu de snacks (principalement «des fruits», «une plaque de chocolat» occasionnelle et, plus rarement, «un paquet de biscuits, s'ils sont en rabais»).
«Franchement, je suis satisfaite de ce que j'ai», résume Cécile, qui cherche toutefois un petit boulot pour améliorer son quotidien. La jeune femme ne s'imagine pas changer radicalement ses habitudes alimentaires le jour où elle touchera un vrai salaire. Foodie oblige, elle admet tout de même qu'elle pourrait craquer pour quelques huiles et épices un peu plus premium pour ses recettes, et pourquoi pas «un peu plus de fruits et légumes bio».
«Si je gagnais plus, j'écouterais peut-être un peu plus mes cravings de chips ou de chocolat, mais je resterai raisonnable, assure l'étudiante. Avant d'ajouter: «Ah, si, j'irai un peu plus au resto, clairement. De ouf!» dit-elle en riant de bon cœur.