Les bouillons sont à la mode, et en voici un qui vient d'ouvrir à Prilly (VD), le Fleur-de-Lys. A la faveur de l'inflation, ces restaurants français populaires à prix imbattable opèrent un grand retour en force dans l'Hexagone, où il s'en ouvre un nouveau chaque mois. Même les chefs étoilés, dont le médiatique Thierry Marx, ou le Genevois Philippe Chevrier ont leur propre établissement.
Un bouillon, c'est du fait-maison ultra-simple, ultra-bon marché. Œuf mayo, os à moelle, poireaux vinaigrette, salade de chèvre chaud, steak frites: en France, les entrées sont vendues de 1 à 7 euros, et les plats se tiennent sous les 10, voire 15 euros. Alors lorsqu'on m'a glissé qu'un premier bouillon venait d'ouvrir du côté de Lausanne, j'ai d'abord été méfiant. Monsieur Bouillon, le bouillon chic de Philippe Chevrier à Genève, propose des plats de 32 à 54 francs.
Le concept du meilleur rapport qualité prix pouvait-il se traduire en Suisse, où les tarifs des restaurants sont autrement plus élevés? Eh bien, figurez-vous que j'ai été déçu en bien. Sans faire durer le suspense, vous pouvez y manger une entrée et un plat de bonne cuisine toute simple, faite maison, pour 20 francs. Promesse tenue, donc.
Prix plancher, cuisine maison
Installé dans la piscine homonyme, le bouillon Fleur-de-Lys a ouvert début octobre. S'y trouvait auparavant L'Almara, puis le Mamacita, un concept latino sans doute bien trop onéreux pour une clientèle familiale. C'est donc désormais beaucoup, beaucoup moins cher, toujours avec la même équipe. Ici, les boissons démarrent à 3 francs, les entrées à 3,20 francs. Les plats du jour (2 par semaine, plus un plat du mois) sont vendus autour de 15 à 17 francs.
Le restaurant est plutôt cosy, avec des banquettes et des fauteuils confortables, et du bois omniprésent. Des petits sets en papiers rappellent les nappes à carreaux. Ça ressemble davantage à une néo-brasserie ou un steakhouse qu'un bouillon parisien, mais rappelons que ces établissements datent du XIXe siècle, ce qui n'est bien sûr pas le cas ici. À noter, la présence d'une agréable véranda de verre et de bois, offrant une fort belle vue sur le lac. On y mangera bientôt des fondues, m'a-t-on affirmé.
J'opte pour une soupe à la courge maison (3,90 francs) généreusement servie avec du pain, des croûtons (dispensables) et une crème fouettée. Plutôt réconfortante en cette journée automnale, elle a cependant plus le goût de bouillon (trop) salé que de courge. Dommage de rater quelque chose d'aussi simple!
Qu'à cela ne tienne, car les endives gratinées au jambon (16,90 francs) rattrapent bien ce léger faux-pas. La portion est bien généreuse, avec une belle tranche de jambon plus des dés en guise de bonus. L'endive est bien cuite, elle conserve juste ce qu'il faut de fermeté, tout en étant dépourvue d'amertume. Surtout, il y a du fromage partout, qu'on me suggère de déguster à la cuillère, en me resservant des tranches de pain. Convivial! Une petite salade verte apporte une fraîcheur bienvenue. Ça manque un peu de gratiné, mais c'est une belle et copieuse assiette qui fait plaisir, surtout à ce prix!
Cette semaine, on pouvait également partir sur un saucisson vaudois brioché sauce moutarde (17,90 francs) ou des beignets de calamars et leurs patatas bravas (15,90 francs). Le reste de la carte respecte les codes des bouillons: hachis parmentier (18,90 francs), navarin d'agneau (19,90 francs) et autres vol-au vent au poulet (18,90 francs) y figurent, toujours frais et fait-maison. Il y a aussi des accompagnements en sus, tous à 3,90 francs: purée, frites fraîches et légumes. Joli.
Une palanquée de desserts, également préparés sur place, patientent dans une armoire réfrigérée: fondants au chocolat, profiteroles, crème double et meringues… classiques, simples, et appétissants (de 6,90 à 8,90 francs).
Sans surprise après ce repas, je dirais du Fleur-de-Lys qu'il est une sympathique adresse servant une cuisine authentique et pas chère. Elle n'ira pas chercher d'étoile Michelin, mais elle fait du bien, car on a besoin de ce genre de restaurant, que ce soit pour venir avec les enfants, les collègues ou pour se faire un gueuleton entre amis. Si la rédaction de Blick n'était pas aussi éloignée de Prilly, j'irais y manger chaque semaine, sans hésitation.
Fleur-de-Lys
Sentier Fleur-de-Lys 41, Prilly