Bibendum était de sortie et avait mis son écharpe bleue, ce lundi 21 octobre, pour assister à la cérémonie des étoiles Michelin 2024, à l'École hôtelière de Lausanne. Les Romands n'y ont pas particulièrement brillé, sauf peut-être à Genève, et encore moins les femmes avec aucune cheffe nouvellement récompensée. Aucun changement à signaler du côté des trois-étoiles.
«Réunir la grande famille du Guide Michelin Suisse est le moment que les gourmets attendent, impatients de découvrir la nouvelle édition, s'est réjoui Tanguy Léon-Pflieger le directeur de Michelin Suisse. Les chefs sont à l'image du pays et reflètent la belle Suisse et les différentes cultures qui s'entremêlent. Avec les producteurs, ils rayonnent dans la Suisse et au-delà.»
Seulement six nouvelles premières étoiles
L'an passé avait vu 19 restaurants suisses recevoir une première étoile, pour 138 établissements distingués dans toute la Suisse. Cette année, seulement 6 nouveaux restaurants ont ce privilège, dont deux Romands, portant le nombre d'adresses une-étoile à 107. En tout, 136 adresses peuvent accrocher leur plaque sur la devanture.
Parmi les Romands primés, Arakel, restaurant de Quentin Philippe à Genève, confirme donc ce que le GaultMillau avait flairé en le nommant «Découverte romande de l'année 2025», il y a trois semaines. Ému, le chef a dédié cette étoile à son équipe, la voix serrée par les sanglots.
Toujours à Genève, Dominique Gauthier confirme qu'il faut toujours compter sur lui. L'ex-chef du Chat Botté a remporté une première étoile pour son nouveau défi, le restaurant de l'horloger François-Paul Journe. «Comme tout le monde le sait ici, un chef ne fait rien seul, l'important ce sont ses équipes», a-t-il déclaré en remerciant ses collègues.
Deux deux-étoiles
Cette année, seuls deux restos gagnent une deuxième étoile, tous deux en Suisse alémanique. Il y a d'abord Colonnade, de Gilad Peled à Lucerne. Ce chef israélien avait eu une étoile en France en 2016 puis une deuxième en 2018 au Pressoir d'Argent, le resto de Gordon Ramsay à Bordeaux: il a remis ça en Suisse, confirmant qu'il est un des chefs les plus talentueux de sa génération.
L'autre établissement primé est localisé à Zurich: The Counter, de Mitja Birlo. Ancien «Chef de l'année» 2022 du GaultMillau, et titulaire de 18 points au même guide, il a également convaincu les inspecteurs Michelin.
Il y avait l'an passé 26 restaurants deux étoiles. Il n'y en a plus que 25 cette année. À noter que le restaurant d'Anne-Sophie Pic à Lausanne, récemment rouvert après un an de travaux de rénovation, a maintenu sa note de deux étoiles Michelin.
Trois étoiles: on prend les mêmes
Rien de nouveau sous le soleil de la crème de la crème des restaurants gastronomiques: ce sont toujours les quatre mêmes. Cheval Blanc de Peter Knogl à Bâle, Memories de Sven Wassmer à Bad Ragaz (SG), Franck Giovannini à Crissier (VD) et Schloss Schauenstein d'Andreas Caminada à Furstenau (GR) ont tous trois étoiles.
D'autres récompenses romandes
Dix nouveaux restos ont par ailleurs reçu un Bib Gourmand, qui distingue le rapport qualité prix des menus. La Haut, à Chardonne (VD), est le seul établissement romand concerné. L'établissement autrefois occupé par Mathieu Bruno est depuis cet été occupé par Julien et Morgane Ostertag. De quoi confirmer un recentrage de cette adresse, qui délaisse la haute gastronomie entreprise par Mathieu Bruno, au profit d'une offre plus populaire (le GaultMillau lui attribue 14 points).
Gilles Varone, le jeune chef prodige (29 ans) du restaurant homonyme à Savièse (VS), a de son côté reçu le Young Chef Award. Déjà titulaire d'une étoile et d'une étoile verte, il ajoute donc un trophée à son tableau de chasse.
Autre récompense raflée côté Romand, Sarah Benahmed de La Table du Lausanne Palace, le resto de Franck Pelux (deux étoiles), remporte le Service Award. Fait marquant, elle l'avait déjà remporté en 2019 au Crocodile, son ex-restaurant strasbourgeois. Devenue maman entre temps, elle a rappelé aux femmes de la profession: «On peut déplacer les montagnes, on peut le faire.»
Trois nouvelles étoiles vertes, qui auréolent les restaurants qui prônent une approche plus durable de la gastronomie, ont été décernées, mais aucune pour les Romands.