En dehors de la période de son iconique festival de jazz ou de son immense marché de Noël, on ne se précipite pas vraiment à Montreux pour son offre gastronomique. Mais ça, c’était avant! Avant que le Coco Mama, ouvert à l’automne dernier, fasse saliver la Riviera avec sa délicieuse cuisine fusion.
Pour la terrasse, sans doute l’une des plus belles de la Riviera, installée à fleur de lac et dotée d’une vue grandiose sur les montagnes et l’entrée du Valais, on attendra encore un peu. Le jour de notre visite, en cette fin du mois de mars, quoiqu'officiellement printanière, la météo fait encore des caprices, mixant rares éclaircies, trombes d’eau et de vent et ciel couleur sable du Sahara. Un temps à ne pas mettre un bateau de la CGN dehors.
Au Coco Mama, quand le temps se fait plus clément, on a en effet le choix entre ce spot exceptionnel les pieds dans l’eau et la salle de restaurant située juste de l’autre côté de la rue. Mais qu’on soit in ou outdoor, dans les assiettes, la chaleur et l’exotisme sont toujours au rendez-vous.
Ouvert en septembre dernier en lieu et place du Maï-Tai, qui ravissait déjà, et depuis fort longtemps, les papilles avec sa succulente cuisine thaïlandaise, le Coco Mama est la dernière adresse d’Estelle Mayer, à qui l’on doit déjà de jolis lieux comme le Tralala Hôtel sur les hauts de Montreux ou le restaurant le Blabla à Vevey. Comme dans toutes les adresses de cette serial entrepreneuse de la Riviera, ambiance festive, déco soignée et accueil chaleureux sont au rendez-vous.
De la Muña au Coco Mama
Dans la salle de restaurant habillée de banquettes de velours rouge et de tapisseries mordorées et éclairée de lustres à pampilles, on se régale d'une cuisine fusion naviguant entre Pérou et Japon, dans laquelle le poisson cru tient indéniablement la vedette.
Au menu, sushis, sashimis, makis, gyozas et tatakis mais aussi ceviches, tiraditos ou picanhas sont déclinés dans des compositions plutôt originales. Et ce, selon l’inspiration du chef philippin Alberto Fullong, à qui l’on doit notamment le concept des trois restaurants La Muña en Suisse. A Zurich, sur le toit de l’hôtel La Réserve Eden au Lac, on y déguste depuis quelques années déjà de subtiles recettes nikkei autour du cru et du mariné, de la douceur et de l’acidité.
Si, au Coco Mama, malgré un service très attentif, l'ambiance est plus décontractée, la cuisine réunit aussi fraîcheur et créativité. A l’occasion d’une sortie en famille, on a suivi les recommandations des plus jeunes de la table, déjà conquis par le lieu lors d’une première visite.
Conformément au concept du restaurant, place donc à une série de plats à partager, servis à mesure qu’ils sont prêts. En attendant le premier, on patiente avec quelques bières asiatiques et de délicieux cocktails signés par la bartender Ana Katerina Pohorecky, dont un délicat lychee martini.
Sushis et ceviches
Choisies parmi les entrées et les ceviches, notre série commence par un riz croustillant et tartare de thon rouge rehaussé d’une mayonnaise épicée. Servi en petites bouchées carrées, ce plat inédit est vraiment réjouissant, parfait équilibre gourmand-croquant entre le moelleux du poisson et le croustillant du riz.
Le tataki de thon, d’une irréprochable fraîcheur et généreusement présenté, s'accommode très bien du choc de saveurs entre la sauce ponzu très acide et la puissance de la truffe noire. Les gyozas, choisis dans leur version végétarienne, sont bien garnis et parfaitement cuits, avec juste ce qu’il faut de crispy. Les ceviches et tiraditos qui ont suivi, tous deux à base de thon rouge nous ont aussi fait voyager, délicatement parfumés et marinés qu’ils étaient dans leur leche de tigre aux contours acidulés.
Les sushis, dont ceux au thon otoro, sont réalisés en live dans la salle et peuvent être servis façon omakase pour ceux qui ont la flemme de choisir. Quelques plats chauds, dont un wok ou une picanha de bœuf, un poulet teriyaki ou des gambas au curry rouge, avaient l’air fameux dans l’assiette de nos voisins.
En guise de dessert, le moelleux au chocolat matcha nous a laissé un souvenir impérissable. Parfaitement équilibré et cacaoté, il n’a pas rebuté ceux qui pourtant, autour de la table, disaient détester le goût herbacé de ce thé vert. On reviendra donc tout bientôt au Coco Mama pour ses cocktails, ses ceviches et son fondant au chocolat matcha. Et sur la terrasse cette fois!
Rue du Lac 40, à Clarens Montreux