Son parti a un nouveau nom
«Renaissance»: un nouveau parti pro-Macron sans véritable cap

Le parti présidentiel français a changé de nom samedi. Adieu «La République En Marche». Bonjour «Renaissance». Mais pour faire renaître quoi, dans un pays toujours plus fracturé?
Publié: 18.09.2022 à 15:10 heures
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Dernière mise à jour: 18.09.2022 à 22:09 heures
Le nouveau patron du parti présidentiel français est le député européen Stéphane Séjourné, très proche d'Emmanuel Macron. Mais lors du lancement de la formation, la Première ministre Elizabeth Borne a occupé le devant de la scène
Photo: imago/IP3press
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Richard WerlyJournaliste Blick

Faites vos jeux! En ce début de second mandat présidentiel, Emmanuel Macron cherche à l’évidence la formule gagnante, faute de disposer d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Bien malins, donc, ceux qui peuvent dire aujourd’hui à quoi ressemblera ce second quinquennat et quelles seront ses priorités.

Samedi, lors du lancement du nouveau nom de son parti présidentiel, désormais baptisé «Renaissance» au lieu de «La République en Marche», tous les sujets ont été plus ou moins repris par la Première ministre Élisabeth Borne dans un discours de nouveau centré sur la nécessité de dépasser le clivage droite gauche. Sans donner d’indications sur les urgences politiques françaises de cette fin 2022, il est vrai assommée par un sujet unique: celui de la crise énergétique attendue cet hiver, et de la baisse du pouvoir d’achat de nombreux ménages sur fond d’inflation.

Plus condamné que jamais à slalomer

La vérité est qu’Emmanuel Macron est plus condamné que jamais à slalomer. Sa majorité relative d’environ 250 députés (il lui en fallait 289 pour obtenir la majorité absolue dont il a disposé durant son premier mandat entre 2017 et 2022) l’oblige en théorie au compromis. Mais vu l’éclatement des forces politiques entre une gauche radicale (autour de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon) et une droite nationale populiste (le Rassemblement national de Marine Le Pen), la possibilité de convergence est très réduite.

Le seul partenaire possible et durable est la droite traditionnelle, menacée d’explosion par la poussée électorale de l’extrême-droite. D’où trois sujets poussés par le président ces jours-ci: une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, la réforme promise de la retraite, et une nouvelle loi sur l’immigration pour accélérer les renvois de clandestins. Sauf que sur chacun d’entre eux, son propre parti, divisé entre centre gauche et centre droit, peine à trouver sa boussole.

Retrouvez Richard Werly dans «Correspondants» sur Franceinfo TV

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Le brouillard des réformes

Autre preuve de ce slalom présidentiel et du brouillard politique qui entoure la «Renaissance» promise par le nouveau nom de la formation pro-Macron: les réformes sociétales et institutionnelles. Deux tiennent pour le moment la corde: une future loi sur la fin de vie destinée à légaliser le suicide assisté tel qu’on le connaît en Suisse, et des réformes issues du Conseil national de la Refondation (CNR) lancé le 8 septembre par le Chef de l’État dans l’espoir d’aboutir à un renouvellement démocratique du pays. Problème là aussi: ce que veut Emmanuel Macron n’est ni clair, ni soutenu par un consortium suffisant de forces politiques.

Le président a proposé, sur la fin de vie, la tenue d’une convention citoyenne composée entre autres de citoyens tirés au sort, à l’image de celle qui a eu lieu sur le climat. Le CNR est aussi supposé associer des citoyens aux élus ou autres représentants des syndicats, en plus d’0une consultation en ligne. Bonnes idées dans les deux cas, mais confusion des méthodes et risque de résultats impraticables. Sur le climat, la convention citoyenne a fini par se prononcer, en 2021, contre le texte de loi inspiré de ses travaux.

«La République en Marche» avait l’avantage d’indiquer le mouvement

Le précédent nom du parti présidentiel «La République en Marche» avait l’avantage d’indiquer le mouvement. Il s’agissait d’avancer, coûte que coûte, dans un pays dominé et asphyxié par les conservatismes de tous bords, surtout au sein de l’appareil d’État. Son nouveau nom «Renaissance» a le désavantage de désigner une ambition générale que chacun peut interpréter à sa manière. Pour faire simple, «Renaissance» – terme déjà utilisé au parlement européen pour le groupe pro-Macron «Renew Europe» – ne veut rien dire. Cela ne signifie pas qu’en 2022, le locataire de l’Elysée manque d’idées, d’ambitions ou de capacités à dresser un juste diagnostic des forces et faiblesses françaises. Cela veut juste dire qu’il ne sait pas, aujourd’hui, par où passer pour mener son mandat à bien face aux oppositions. La France de Macron a des idées. Mais elle manque de moyens pour les faire aboutir à l’heure où la récession menace.

Les pires ennemis des princes de la «Renaissance», dans l’histoire européenne, n’ont-ils pas toujours été la crise économique et les bouleversements du monde?

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