Si vous avez aimé 2024, vous allez adorer 2025! Car on prend les mêmes et on recommence. On prend le même, devrais-je plutôt dire, tant Pierre-Yves Maillard donne déjà de la voix urbi et orbi. A peine le Réveillon passé, le président de l’Union syndicale suisse (USS) a sorti la Suisse de sa digestion pour dire tout le mal qu’il pensait des Bilatérales… un 27 décembre.
Si même le syndicaliste en chef ne respecte plus la trêve des horlogers ou des confiseurs, tout fout le camp. Vendredi dernier, l’USS a d’ailleurs adopté une résolution pour fustiger ces accords.
Torpilleur d'un dossier majeur
C’est que le Conseil fédéral a annoncé, avant les Fêtes, la fin matérielle des négociations entre nos ambassadeurs et l’Union européenne (UE). Après près de 200 séances – rien que ça – de négociations. Le tout traitant de cinq accords préexistants et de deux nouveaux.
Mais rien de nouveau sous le soleil: Pierre-Yves Maillard continue de torpiller ce dossier majeur de la politique et de l’économie suisses en raison du règlement des notes de frais pour les travailleurs détachés. Avec cette réglementation, lesdits travailleurs d’autres pays européens ne recevraient plus que les frais calculés par leur pays et non plus ceux pensés par la Suisse, un alignement sur les normes des pays de l’UE.
Sans revenir sur l’importance de ce point précis et qui sera un thème dans les plus de 1500 pages résultant des négociations, il convient de se demander si cela concernera beaucoup de monde. Patatras! Selon les chiffres du SECO, les travailleurs touchés par le point qui gêne Pierre-Yves Maillard ne représentent que 0,3% des salariés en Suisse (5,2 millions).
Je résume: le syndicaliste en chef de Suisse fait un blocage institutionnel stérile pour 0,3% des travailleurs quand bien même on sait combien les Bilatérales ont engendré de richesse pour l’ensemble de notre pays.
Un silence gênant
Ce monologue contraste avec la gauche de 1992, qui avait vu une génération presque spontanée de socialistes émerger durant la campagne sur l’Espace économique européen. Où sont ces socialistes aujourd’hui? Toujours aux affaires, mais silencieux? En accord avec Pierre-Yves Maillard ou simplement écrasés par l’incontournable président de l’USS? Pas de Felber à l’horizon, non plus au Conseil fédéral, pour le PS.
Que l’UDC campe sur ses positions est dans le cours des choses, mais que le PS, qui se targue d’être ouvert et progressiste, soit coi est déconcertant. Reste le constat que quel que soit le sujet, la votation, il n’y a que le soldat Maillard. Cette absence, aussi bien de Romands que d’Alémaniques, dans un dossier cardinal est aussi navrant que la quasi-absence de candidatures de centristes au Conseil fédéral. Reste à savoir combien de temps les «progressistes» se mureront dans ce silence gênant.