À voir le nombre de «Gin To» éclusés sur les terrasses, le gin connait son heure de gloire. Tant et si bien que de plus en plus de Suisses, amateurs comme professionnels, se mettent à en produire. «La plupart ont commencé à fabriquer du gin dans leur baignoire!», confie Renaud Meichtry, co-associé de la Brasserie de Montbenon à Lausanne, et organisateur du Gin Fest, nouveau festival dédié à ce spiritueux qui se tiendra le 18 mai à Lausanne.
Au programme, 27 producteurs de gin - exclusivement suisses - donnent rendez-vous aux curieux comme aux fins connaisseurs, faisant de cet événement «le plus gros événement en la matière en Suisse romande», assure Renaud Meichtry. L'occasion pour les producteurs de se rencontrer, d'échanger, mais aussi pour tout un chacun de déguster les crus locaux.
Le gin artisanal suit la même trajectoire que la bière
La bière a fait sa révolution. Alors que les amateurs ne connaissaient que la Cardinal il y a 20 ans, ils sirotent aujourd'hui toutes sortes de breuvages artisanaux houblonnés de qualité, des sour aux lager en passant par les IPA. Avec une ou deux décennies de retard, le gin suit la même trajectoire.
«Historiquement, le gin était un alcool qui n'avait pas très bonne réputation. Mais depuis les années 2000, il est monté en gamme grâce à tous ces nouveaux producteurs», raconte Renaud Meichtry. Résultat, la production aurait été multipliée par 4 dans le pays, selon les statistiques des douanes, de 403 hectolitres d'alcool pur en 2018 à 1326 hectolitres en 2022. Les petits producteurs amènent généralement leur production chez des distillateurs professionnels, mais certaines distilleries ont aussi leurs propres cuvées.
On peut mettre (presque) tout ce qu'on veut dans le gin
Si le gin cartonne, c'est parce que des amoureux du produit parviennent à l'améliorer. Mais c'est aussi parce que ce spiritueux est assez facile à fabriquer, son cahier des charges étant plutôt souple. À la base, il s'agit d'un alcool aromatisé aux baies de genévrier, dont les origines remontent au XVIIe siècle en Hollande. «Ce qui est cool, c'est qu'on peut aromatiser le gin avec une multitude d'aromates», s'enthousiasme Renaud Meichtry. Fruits, plantes, herbes, épices… Tant que le genévrier reste présent et dominant, ça reste du gin.
Certes, cela peut conduire à s'éloigner du produit. Une telle latitude autorise toutefois une grande créativité. Bourgeons de sapin, eau des glaciers, gentiane… Les ingrédients suisses donnent logiquement une touche alpine aux gins produits ici. «Ça fait du gin un produit de terroir, conclut Renaud Meichtry. Et ça donne de belles histoires derrière chaque marque!»
Il existe différents styles de gins
Les premières gorgées sont parfois un peu rudes pour le non-initié ou pour qui se limite à un gin tonic occasionnel. À ses débuts, Renaud Meichtry trouvait que la boisson avait le goût de thuya. Mais on se fait le palais, et on apprécie les notes vertes, herbacées, avec beaucoup de vivacité végétale et des notes d'agrumes et de cardamome, de poivre… et on se laisse porter au gré des ingrédients choisis par les fabricants.
Pour les débutants, ou ceux qui n'aiment pas le gin tonic, Renaud Meichtry conseille un gin de type new western gin, plus fruité. Les puristes et les amateurs de gin tonic se tourneront quant à eux davantage vers les London dry gin ou les yellow gin, vieillis en barrique et donc aux notes boisées.
Concomitant à cette célébration paraitra «Le bréviaire du gin suisse» ,un livre de 80 pages qui documente les spécificités locales de la boisson en répertoriant la cinquantaine de producteurs (dont l'immense majorité sont apparus il y a moins de dix ans), recettes et autres histoires. De quoi mieux comprendre ce foisonnement de saveurs, jusqu'au «choco gin» de la distillerie du Léman à Assens (VD). Selon Renaud Meichtry, «l'amertume du cacao se marie bien au côté herbacé du gin!»
Gin Fest
Le 18 mai, Casino de Montbenon
30 francs l'entrée, dégustations incluses