Choix le 13 décembre
Que va décider la Banque nationale suisse concernant le taux directeur?

Les autorités monétaires s'apprêtent à prendre leurs dernières décisions en matière de taux directeurs pour l'année en cours. La banque centrale américaine (Fed) ouvrira le bal mercredi, suivie de la Banque nationale suisse (BNS) et de la BCE jeudi.
Publié: 12.12.2023 à 08:48 heures
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Dernière mise à jour: 12.12.2023 à 08:57 heures
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La Banque nationale suisse et son président Thomas Jordan...
Photo: keystone-sda.ch

L'époque des hausses agressives des taux d'intérêt aux États-Unis est révolue. Mercredi, les gardiens de la monnaie de la Fed devraient marquer une troisième pause consécutive dans la fixation des taux d'intérêt. Le fait que la hausse des prix ait diminué ces derniers mois plaide en ce sens. Cela vaut également pour la Suisse. La Banque nationale suisse (BNS) ne devra probablement pas non plus toucher à son taux directeur, car l'inflation s'est récemment ralentie plus que prévu.

Les économistes s'attendent presque unanimement à ce que les gardiens de la monnaie laissent à nouveau le taux directeur de la BNS à 1,75% lors de cette réunion. En septembre, une majorité d'entre eux s'attendaient à une nouvelle hausse et ont été surpris par la BNS. Pour la première fois depuis le début de son cycle d'augmentation, la banque centrale a laissé son taux directeur inchangé.


Auparavant, depuis juin 2022, la banque centrale avait fait passer le taux directeur de -0,75% à son niveau actuel en seulement cinq étapes, mettant ainsi fin à l'ère des taux négatifs qui durait depuis des années en Suisse.

Alors qu'en septembre, les craintes de voir les taux directeurs «augmenter sur le long terme» pesaient encore sur la situation, la baisse des données sur l'inflation aux Etats-Unis, en Europe et dans notre pays a fait évoluer les choses.

Rappelons que l'objectif de la BNS est de garantir la stabilité des prix. Avec une inflation qui a continué de baisser en novembre pour atteindre 1,4% contre 1,7% auparavant, la BNS est en bonne voie pour remplir ce mandat. Son objectif est un taux d'inflation compris entre 0 et 2%.

Qui baissera les taux en premier?

Dans ce contexte, la question qui préoccupe les investisseurs en prévision de 2024 est la suivante: qui baissera le taux en premier et de combien? Cela s'est surtout manifesté sur les marchés obligataires, où les rendements ont vu une nette baisse.

«L'inflation inférieure aux attentes en Suisse en novembre a fermé la porte à une nouvelle hausse des taux», explique Daniel Lüchinger de la Banque cantonale des Grisons. Mais en même temps, il ne voit pas non plus de baisse rapide des taux d'intérêt, car il existe des risques à la hausse pour les perspectives d'inflation, notamment pour les loyers.

En ce qui concerne la poursuite du cours des taux d'intérêt de la BNS, les avis des économistes divergent toutefois de manière surprenante. Ainsi, les économistes de Capital Economics prévoient la première baisse des taux d'intérêt pour la prochaine évaluation de la situation en mars. Ils s'attendent à ce que l'inflation se situe autour de 1% l'année prochaine. D'autres experts, comme ceux d'UBS ou d'AXA Investment Managers, s'attendent plutôt à une première baisse des taux vers juin, voire septembre.

A la Banque cantonale de Saint-Gall, on pense en revanche que la BNS ne desserrera pas les rênes avant 2025. La banque centrale n'aurait actuellement aucune raison de baisser rapidement les taux, notamment parce que le taux directeur actuel de 1,75% est tout sauf élevé et freine la conjoncture.

La BNS adaptera-t-elle ses prévisions d'inflation?

Si aucun changement n'est donc attendu jeudi du côté des taux d'intérêt, il est tout à fait possible que la BNS adapte ses prévisions d'inflation et change de point de vue dans ses interventions sur le marché des devises.

Ainsi, la BNS a récemment souligné à plusieurs reprises qu'elle saluait un franc fort, même dans le cadre de la lutte contre l'inflation importée, et qu'elle l'aiderait à rebondir en cas de besoin en vendant des devises. Tant chez UBS que chez Capital Economics, les experts compétents estiment qu'il est possible que cet instrument perde de son importance.

A l'instar de la BNS, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) devraient confirmer le statu quo cette semaine et ne pas procéder à de nouvelles hausses de taux. «Il ne faut guère s'attendre à ce que le calme de la politique monétaire avant Noël soit à nouveau perturbé», peut-on lire dans un commentaire d'Allianz Global Investors.

(Avec ATS)

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