Avec «Isa», Zaz – Isabelle Geffroy à la ville – livre un joli disque qui sortira ce vendredi 22 octobre. Un album qui représente une transition dans la vie de l’artiste qui a parfois subi des moqueries dont elle a pris le temps de se relever après une pause bien méritée dans sa fulgurante carrière. Dans la chambre d’hôtel genevoise où l’on rencontre la chanteuse française de 41 ans, elle confie: «Nous sommes dans une période très intéressante et hyperlibératrice où l’on dit tout. Comme les gens qui ont eu le courage de parler avec des mouvements comme BlackLiveMatters ou MeeToo. Moi, il m’est par exemple arrivé de ne pas avoir été respectée par des hommes, mais par des femmes aussi. Je leur en veux autant, voire plus, parce que quelque part, cette bienveillance que je cherchais dans la sororité n’a pas été là. C’est ce qui m’a fait le plus mal et qui m’a mise en colère, c’était violent».
Mais aujourd’hui, gonflée à bloc et rayonnante, c’est l’heure du renouveau et du lâcher-prise pour Zaz. A l’image du début du clip d’«Imagine», single de ce disque, au début duquel on la voit littéralement sauter dans le vide. «Symboliquement, je me suis dit que nous voulions tous un changement. Mais quand il est là, il devient terrifiant. Cela demande du courage de se lancer dans le vide, cela peut même être une forme de mort, mais oui, une fois que l’on saute c’est hyperlibérateur et j’avais vraiment envie de commencer par ce truc: vas-y, si tu veux un changement, faut y aller, c’est comme ça qu’on change soi-même ou que l’on change le monde», raconte-t-elle sereinement avant de se prêter au jeu et de répondre à nos questions.
Toute l’histoire de cet album a commencé par vos vidéos «Le journal d’Isa».
Zaz: Oui. On avait envie de montrer tout le processus de manière brute, même si pour l’album, je voulais quelque chose d’organique. On parlait en termes d’éléments: l’eau, la terre, l’air et le feu. Le journal d’Isa, c’était pour montrer le quotidien de la création, les moments fragiles, le cheminement. C’est précieux d’avoir créé cette œuvre comme ça. Pour moi, il y a un avant et un après, aussi grâce à ma rencontre avec Alenk, le réalisateur hollandais qui a même fait des samples de mon corps, c’était précieux.
Des samples de votre corps?
J’étais parti chez lui en Hollande. Il habite dans une église, son jardin est un cimetière. A côté, il y a la mer, déjà tout ça symboliquement, c’est la vie, la mort, le recueillement, la spiritualité… le lâcher prise. Je lui expliquais que j’avais envie d’un son organique, mais avec des machines pour les textures. D’ailleurs, on n’a utilisé aucun autotune ou choses du genre. A un moment, il m’invite à me mettre devant le micro et me dit de faire des choses avec mon corps. (Elle montre avec un grand sourire comment elle se tapait sur les joues, les cuisses, etc., ndrl.) Bref, j’ai fait dix mille trucs qu’il a samplés pour les mettre sur un clavier. Après chaque note, il y avait l’un de ses sons et ce sont les sons que l’on retrouve dans les chansons.
D’ailleurs ce son et cet album sonnent un peu comme une bande originale de film…
Oui! L’orchestration est incroyable, on a fait un boulot de fou toujours sur les éléments, et j’y retrouve des chansons pleines de textures et d’émotions. Je me dis d’ailleurs quand je vais les chanter sur scène que ça va être très émouvant, j’espère ne pas m’effondrer (rires). Je suis vraiment dans une nouvelle saison de ma vie et j’ai tout retravaillé pendant le confinement. J’ai trouvé plus de nuances, de bienveillance et j’ai vraiment lâché prise sur le fait de ne pas arriver à lâcher prise. Je souhaite vraiment que cela puisse nourrir les gens qui sont dans ce genre de moment de transition.
Il y a effectivement une transition par rapport à vos précédents albums.
Cela faisait 10-12 ans que je n’étais plus que Zaz sur scène et juste avant le confinement, j’avais vraiment choisi de m’arrêter. J’en avais besoin. Je voulais m’occuper d’Isa, simplement de moi et de ma vie personnelle. J’ai rencontré un homme, j’avais envie de construire, de nourrir ces choses. Je ne l’avais jamais fait avant, et là, il fallait que je le fasse pour mon équilibre personnel. Donc oui, le disque reflète tout ça et la nouvelle Isa.
Et la nouvelle Isa offre un duo… Avec Till Lindemann de Rammstein! Comment cela se fait?
Oui et ça fera parler les gens qui me mettent dans une cage (rires)! Mais en fait, c’est lui qui m’a choisie. Il y a longtemps, j’étais en Allemagne pour des concerts, j’étais en train de me faire maquiller, et la maquilleuse m’a raconté que Till Lindemann m’adorait. Je lui ai dit «Ah bon»! Comme elle était restée en contact avec mon pianiste de l’époque, quand Rammstein est venu en concert à Paris, on m’a passé le message que Till m’invitait au concert. Une fois arrivé backstage, alors qu’il avait son costume de show, il m’a attrapée et fait un gros câlin. Quand je pars pour aller dans la salle j’entends – elle fredonne sa chanson «Je veux» –, je me retourne et je vois Till en train de danser sur ma chanson (rires). C’est à ce moment-là qu’il m’a dit qu’il voudrait faire un duo en français avec moi.
Comment s’est passé le processus de création du «Jardin des larmes»?
C’est lui qui l’a écrite en allemand et mon équipe et moi avons fait la mélodie. Ça a donné cette chanson incroyable que l’on a d’ailleurs faite il y a 3 ans. On l’a enregistrée ensemble aux Studios de la Fabrique, que Rammstein aime bien, dans le sud de la France. Nous venons de tourner le clip en Ouzbékistan avec des mecs dingues avec qui Till a l’habitude de travailler. Mais attention, on n’a pas fait du Rammstein non plus: je fais quand même une différence entre le groupe et ses projets perso. D’ailleurs, il vient de sortir un livre de poésie!
Zaz sera en concert à Genève le 10 février 2022, à Lucerne le 12 février et à Zurich le 17 février. Toutes les infos sur Ticketcorner.
Infos et billets pour tous vos spectacles, concerts et festivals sur tickercorner.ch
Infos et billets pour tous vos spectacles, concerts et festivals sur tickercorner.ch