L'étude Pisa, publiée tous les trois ans (mais repoussée cette fois d'un an en raison de l'épidémie de Covid-19), est devenue une référence mondiale, très scrutée par les gouvernements. Elle sonde depuis 2000 les performances des systèmes éducatifs, à travers les compétences en sciences, mathématiques et compréhension de l'écrit des élèves de 15 ans. A chaque fois, un de ces trois domaines est plus amplement développé, les mathématiques cette fois-ci. Les exercices ont été soumis en 2022 à 690'000 jeunes de 81 pays et territoires.
Légère baisse en mathématiques
Les élèves suisses restent bons en mathématiques, mais le niveau a tendance à baisser légèrement, selon l'étude. Le niveau est en revanche stable en sciences et en lecture. Il est dans les trois matières supérieur à la moyenne OCDE.
En mathématiques, les élèves suisses obtiennent 508 points sur l’échelle PISA, pour une moyenne OCDE de 472 points. Six pays sont meilleurs, tous est-asiatiques. L'Estonie obtient des valeurs similaires à la Suisse, 73 pays des valeurs plus basses, dont la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche.
Les petits Suisses sont aussi meilleurs en sciences naturelles (503 points) que la moyenne OCDE (485). Neuf pays se placent mieux, dont l'Estonie, le Canada et la Finlande, et 63 pays moins bien, dont l'Allemagne, l'Autriche, la France, et l'Italie. En lecture, les Suisses (483 points) sont significativement meilleurs que la moyenne de l’OCDE (476 points). Quatorze pays font mieux, 57 moins bien. La performance suisse est relativement stable depuis 2015.
Et dans le reste du monde?
L'Asie, Singapour en tête, s'illustre une nouvelle fois dans l'enquête Pisa 2022 de l'OCDE sur l'éducation publiée mardi, marquée par une «baisse inédite» des performances des élèves après la crise du Covid, y compris pour la France.
Comme pour la précédente édition, où quatre métropoles et provinces chinoises (Pékin, Shanghaï, Jiangsu, Zhejiang, qui n'ont pas pu participer cette fois) étaient arrivées en tête, plusieurs pays asiatiques figurent parmi les meilleurs élèves. Singapour caracole largement en tête en mathématiques, sciences et lecture, comme en 2016. Il est suivi par Macao, Taïwan, Hong Kong, le Japon et la Corée du Sud en maths. "On continue d'avoir des pays d'Asie, et notamment sur les mathématiques, qui trustent vraiment les premières performances", explique Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE.
Principal fait marquant de cette édition 2022: les résultats «montrent une baisse inédite de la performance des élèves dans l’histoire de Pisa», souligne l'OCDE. «En mathématiques, la moyenne des pays de l’OCDE a baissé de 15 points par rapport à 2018, alors que la différence entre chaque cycle n’avait jamais dépassé les quatre points auparavant. En compréhension de l’écrit, la baisse est de 10 points dans la moyenne de l’OCDE», et les résultats en sciences sont restés stables, détaille Irène Hu, analyste de l'OCDE.
Chute à cause du Covid
En cause notamment pour expliquer la «chute dramatique» des performances: la crise du Covid, qui «bien sûr a un impact sur ce que l'on observe» et a été «un accélérateur de baisse de performances», indique Eric Charbonnier. D'autres pays européens, comme l'Allemagne – qui avait opéré depuis 2000 un redressement spectaculaire, dit «choc Pisa» –, la Finlande, où les inégalités entre filles et garçons se creusent, ou la Norvège, connaissent des baisses plus importantes que la France en mathématiques. Cette dernière se situe comme en 2018 dans la moyenne des pays de l'OCDE, «à un niveau comparable à celui de l’Espagne, la Hongrie et la Lituanie dans les trois matières», relève Irène Hu.
Mais «cette chute de la performance n’est pas non plus une fatalité mondiale, puisque certains pays ont réussi à la limiter», voire à «maintenir la performance» comme en Suisse ou en Corée ou à l'augmenter comme au Japon», analyse Irène Hu.
Outre le Covid, d'autres facteurs sont avancés par l'OCDE pour expliquer la baisse des résultats: la crise d’attractivité du métier d'enseignant, qui touche de plus en plus de pays, le manque de soutien aux enseignants et aux élèves, ou encore l'implication des parents, moins forte qu'en 2018.
(AFP/ATS)