J’ai un aveu à faire: les oracles m’ont toujours fait peur. Je craignais que les cartes m’annoncent une catastrophe ou m’affirment des vérités que j’aurais préféré esquiver. Alors, un brin maso, je me suis lancée dans l’écriture cet article: ne dit-on pas que le monstre tapi sous le lit n’est souvent qu’un gentil mouton de poussière?
Pour le découvrir, je me suis rendue dans plusieurs librairies, en quête d’un jeu de cartes suffisamment joli pour me rassurer. Le verdict est sans appel: les tarots se sont multipliés dans les rayons à une vitesse folle, dessinant une tendance de moins en moins discrète. En me renseignant, j’ai découvert que leur utilisation s’est beaucoup démocratisée: des médias tels que Refinery29 proposent même des tirages d'oracle à leurs abonnés. Dès que j’évoque le sujet, mon entourage me partage ses expériences avec enthousiasme.
«J’ai l’impression que cette pratique se transmet de personne en personne, m’a expliqué Pauline, 30 ans, férue de tarot depuis peu. Une amie m’en a parlé récemment et, depuis, je tire régulièrement les cartes pour ouvrir une réflexion ou me guider quand je me pose une question».
Le système du tarot étant plutôt complexe, les connaisseuses préconisent de démarrer par un oracle, plus simple à manier. Je me suis donc offert «L’oracle de l’Esprit animal» de Colette Baron-Reid (Éd. Exergue) et «Le petit oracle du druide» d’Eve Korrigan (Éd. Contre-Dires). J’aimerais bien vous détailler l’analyse précise qui a orienté mon choix, mais, en vérité, c’est juste qu’ils sont ornés d’un dessin de cerf (trop chou). Chaque carte porte un message, une réflexion ou un conseil de protection.
Face à l’immense sélection d’oracles et de tarots que proposent les librairies, on peut se sentir carrément perdu. Aline Fridez, accompagnatrice d’adultes et d’enfants hypersensibles et autrice d’un oracle intitulé «Les saisons en moi», conseille de se tourner vers le jeu de cartes qui nous plait le plus. «Il existe des formules vraiment divinatoires, comme des oracles créés pour nous proposer une affirmation et une intention pour la journée. Le tarot de Marseille, lui, est très ancien et bien plus complexe, au point où il faut presque une mini-formation pour comprendre toutes ses symboliques.»
Ainsi, pour un usage ludique, de réflexion, ou de développement personnel, il vaut mieux commencer par un oracle: «Tout dépend de notre personnalité, de ce qui nous plait, poursuit notre intervenante. Je remarque notamment que les enfants n’ont aucun mal à suivre leur instinct et sont très réceptifs aux cartes qui représentent des animaux. C’est très intuitif, faites-vous confiance!»
Aline Fridez conseille en effet de bien consulter les cartes en magasin (les oracles sont placés sous-verre dans certaines librairies, n’hésitez pas à demander de les ouvrir!) avant de les choisir: «Il n’y a pas de juste ou de faux, la pratique doit rester ludique. Pour les novices, je conseille de lâcher prise sur le mental et de simplement s’amuser!»
Face à l’immense sélection d’oracles et de tarots que proposent les librairies, on peut se sentir carrément perdu. Aline Fridez, accompagnatrice d’adultes et d’enfants hypersensibles et autrice d’un oracle intitulé «Les saisons en moi», conseille de se tourner vers le jeu de cartes qui nous plait le plus. «Il existe des formules vraiment divinatoires, comme des oracles créés pour nous proposer une affirmation et une intention pour la journée. Le tarot de Marseille, lui, est très ancien et bien plus complexe, au point où il faut presque une mini-formation pour comprendre toutes ses symboliques.»
Ainsi, pour un usage ludique, de réflexion, ou de développement personnel, il vaut mieux commencer par un oracle: «Tout dépend de notre personnalité, de ce qui nous plait, poursuit notre intervenante. Je remarque notamment que les enfants n’ont aucun mal à suivre leur instinct et sont très réceptifs aux cartes qui représentent des animaux. C’est très intuitif, faites-vous confiance!»
Aline Fridez conseille en effet de bien consulter les cartes en magasin (les oracles sont placés sous-verre dans certaines librairies, n’hésitez pas à demander de les ouvrir!) avant de les choisir: «Il n’y a pas de juste ou de faux, la pratique doit rester ludique. Pour les novices, je conseille de lâcher prise sur le mental et de simplement s’amuser!»
Un but de développement personnel
Bien qu’ils soient rangés au rayon «ésotérisme», beaucoup de cartes formulent plutôt des objectifs de développement personnel et sont réalisées par des thérapeutes. C’est le cas de l’oracle «Les Portes de l’inconscient» (Éd. Favre), paru en octobre 2023, illustré par Julie Pichet et rédigé par les psychologues Jennifer Picci et Betty Jereczek.
«Nous souhaitions que cet outil soit un vecteur de connaissance de soi, précise cette dernière. Pour apprendre à mieux se connaître et à identifier ce qui nous semble juste. Le but est de faire le pont entre le côté scientifique de la psychologie et quelque chose de plus subtil, comme le fait d’écouter sa petite voix intérieure.»
En effet, loin de la divination ou de la magie, les cartes sont utilisées pour guider notre introspection: «Elles permettent d’ouvrir des portes, ajoute Jennifer Picci, qui s’appuie parfois sur les oracles durant ses consultations. Pour les personnes ayant du mal à trier leurs émotions, les cartes constituent un support objectif qui permet de prendre un peu de distance. Cela encourage la patientèle à analyser et verbaliser des ressentis pesants d’une manière plus facile, ouvre le dialogue et amène une touche ludique, un peu de légèreté.»
Comment l’utiliser au quotidien
D’après Catherine Witschi, infirmière, kinésiologue et hypnothérapeute à St-Légier, chacun peut tirer les cartes en dehors des cabinets, «dans un but d’introspection, comme un clin d’œil de l’inconscient pour nous soutenir durant la journée.» Pour elle, les oracles peuvent «nous aider à identifier une fragilité et porter notre attention sur un point qu’on peut observer durant la journée. «Il n’est toutefois pas nécessaire de le faire tous les jours, il faut rester dans le plaisir», tempère notre intervenante.
De son côté, Betty Jereczek distingue plusieurs niveaux d’utilisation, à commencer par le simple plaisir d’admirer le design des cartes: «On peut aussi s’appuyer sur un oracle de manière pragmatique, pour ouvrir notre champ de pensée en réfléchissant à la carte tirée et ses applications possibles sur notre vie. Le second niveau de lecture consiste à tirer une carte lorsqu’on a besoin d’éclairage quant à une problématique et qu’on veut l’aborder d’une manière qui ne nous serait pas apparue spontanément.»
La bonne technique pour se lancer
Armée de ces conseils, j’ai demandé à mon amie Pauline de me montrer les bases. Installée dans ma cuisine, elle me conseille de réfléchir à une question, puis de bien mélanger les cartes. «Tu peux tirer la première de la pile ou en choisir une au hasard, commente-t-elle, alors que je galère un peu. Si l’une d’entre elles tombe sur la table, tu peux juste prendre celle-là.»
Je découvre la carte des fourmis, qui me conseille de m’ouvrir à la collaboration. Pauline se penche sur la petite explication, dans le petit livret: «Peut-être le moment est-il venu d’aborder la question du contrôle et de votre tendance à la négativité», lit-elle. Aïe… Ça fait mal, mais persévère plusieurs jours de suite. Chaque matin, les cartes du cochon, du corbeau blanc et de la sauterelle me conseillent patience, curiosité et persévérance. Ont-elles transcendé mes journées? J’avoue que non, je suis peut-être trop novice. Mais j’y ai beaucoup réfléchi, au point de quitter le métro deux stations avant mon arrêt, plongée dans mes pensées.
«Une carte tirée le matin peut nous accompagner jusqu’au soir, comme une intention qu’on pose pour la journée, m’encourage Betty Jereczek. Elle permet d’inspirer et de porter attention à nos pensées, nos actions et nos choix de la journée. Il suffit d’observer, même très furtivement, une image pour que le cerveau l’enregistre et agisse dessus, parfois de manière inconsciente.»
3 conseils d’expertes pour tirer les cartes
Prendre du recul
Si Catherine Witschi remarque beaucoup de croyances associées à ce domaine, elle recommande de ne pas les prendre trop à cœur: «On conseille par exemple de tirer les cartes avec la main gauche, de le faire sur un tapis, de les porter sur soi avant de les utiliser etc… Personnellement, je ne conseille aucune pratique en particulier, l’expérience doit rester simple et directe. Je dirais juste que la question doit être clairement formulée dans la tête et qu’il ne faudrait pas prendre le message de la carte pour argent comptant. Le bon sens est indispensable pour déterminer si le message me parle ou pas!»
Même son de cloche pour Aline Fridez, accompagnatrice d’adultes et d’enfants hypersensibles et autrice d’un oracle intitulé «Les saisons en moi»: «Il est important de garder un pied sur terre, de maintenir un certain équilibre et de ne pas tomber dans l’extrême, souligne-t-elle. Les cartes doivent constituer un outil et non devenir une obsession. Quand on commence à les tirer encore et encore, pour se rassurer, cela peut devenir délétère.»
Ne pas paniquer
L’une de mes craintes s’est vérifiée, lorsque la carte de la fourmi m’a avertie que je dois réfléchir à mon besoin de contrôle… «Lorsqu’une carte souligne une réalité qu’on n’est pas encore prêt à entendre, nos biais et distorsions personnelles tendent à l'occulter, à la tordre, dans une stratégie d’auto-protection, analyse la psychologue Jennifer Picci. On la balaie, car ce n'est pas encore le bon moment pour nous d'y penser.»
Et Catherine Witschi d’ajouter que chaque carte possède forcément un côté positif comme un côté négatif: «C’est souvent le second qui nous fait évoluer.» Évidemment, ce serait trop simple, sinon!
Tirer les cartes comme on veut
Dans son cabinet, Jennifer Picci constate que les personnes qui ressentent un besoin de contrôle (comme moi, apparemment…) préfèrent généralement regarder toutes les cartes avant de faire leur choix consciemment, plutôt que d’en tirer une au hasard. «Cela me donne un indice sur leur fonctionnement, note-t-elle. On remarque aussi que les personnes qui manquent de confiance en elles ont du mal à choisir une carte, car elles doutent de leurs propres décisions.»
Bref, c’est un jeu. Un jeu sans règles fixes, qui s’adapte à nos envies. J'ai toujours un peu peur, j'avoue, mais c'est sans doute parce que j'y crois un peu trop! Demain matin, je tirerai peut-être la carte du chat. Et tout ira bien.