Who you gonna call?
A la chasse aux fantômes dans un ancien établissement thermal des Grisons

Depuis des décennies, des choses étranges se produisent dans l'ancien hôtel thermal Val Sinestra, dans les Grisons. La propriétaire de l'hôtel, Adrienne Kruit, y voit la présence du fantôme «Hermann». Selon l'association Ghosthunters Switzerland, il ne serait pas seul.
Publié: 14.07.2021 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 16.07.2021 à 14:59 heures
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L'ancienne maison thermale est actuellement un hôtel de vacances particulièrement apprécié des Néerlandais.
Photo: Thomas Meier
Myrte Müller

Le brouillard parcourt une sombre forêt de sapins. Dans une gorge abrupte, le ruisseau de montagne La Brancla s’écoule, gris laiteux. L’hôtel Val Sinestra, dressé sur un rocher comme une forteresse avec ses onze étages et ses deux tours, est comme enveloppé par la brume de la vallée isolée. On y parvient par une route en gravier longue de six kilomètres.

En ce week-end d’été, chacune des 68 chambres est vacante. Le Covid retarde la saison. Les seuls habitants sont une poignée d’employés… et des fantômes, que des «Ghostbusters» suisses sont fermement déterminés à trouver.

Éloigné et autrefois apprécié pour sa discrétion par les malades de la syphilis : le Val Sinestra en Basse-Engadine.

Ce sont les morts d’une époque où l’hôtel était encore un spa, explique le président du club «Ghosthunters Switzerland» Thomas Frei. Le médium de Safenwil, dans le canton d’Argovie, s’est déjà rendu sept fois à Val Sinestra.

Cette fois, il initiera plus de 20 personnes à la chasse aux fantômes dans le cadre d’un cours. Il affirme avoir eu des contacts répétés avec des êtres de l’au-delà dans cet endroit.

Un homme, une femme, une petite fille, des âmes tourmentées en déshérence. Selon Thomas Frei, ces personnes auraient vécu ici, ou bien auraient observé une cure, comme de nombreuses personnes tourmentées durant l’entre-deux-guerres.

L’hôtel de cure était particulièrement affectionné de ceux souffrant de maladies vénériennes, car il garantissait, de par sa situation isolée, une bonne dose de discrétion. De plus, l’eau rouge rouille, riche en arsenic, de la source Ulrichsquelle était réputée guérir la syphilis. Le lieu offrait également repos et traitement aux tuberculeux et aux anémiques, qui pèlerinaient dans cette vallée obscure de l’Engadine.

Mais faute de réels traitements contre ces maladies, beaucoup de patients décédaient sur place. Certains de ces morts seraient donc encore là, à hanter les couloirs du vieil hôtel de style Art Nouveau. C’est du moins ce que croient les membres de l’association «Ghosthunters Switzerland».

Les seuls âmes dans cet hôtel pour l'instant - mais sont-ils vraiment seuls?

La longue nuit des chasseurs de fantômes

Il est 22h. Plus que 120 minutes avant l’heure fatidique. Thomas Schmidt vérifie le couloir du deuxième étage. Il tient le gaussmètre, un appareil qui mesure les champs magnétiques statiques et dynamiques, et note la mesure actuelle comme référence. C’est en observant les variations des champs électromagnétiques naturels du bâtiment que d’autres énergies peuvent être détectées. Le diplômé de médecine en est convaincu: «L’homme n’est pas seulement fait de chair et de sang. Il y a aussi une vie après la mort.» Les expériences de mort imminente et de coma le prouveraient.

Un chasseur de fantômes en herbe écoute le «bruit blanc».

Conny Felber, d’Ufhusen dans le canton de Lucerne, a installé dans une chambre d’hôtel des parascopes lumineux rotatifs et des «Rem Pods» pour localiser les phénomènes paranormaux. «Les détecteurs de mouvement réagissent quand un fantôme s’approche», dit le cuisinier de formation, tandis que le technicien en incendie industriel Reto Fenner ne jure que par ses caméras et ses lampes à ultraviolets qui surveillent les couloirs. Il se concentre sur les «orbes», des taches fantômes lumineuses qui tournent en rond sur les photos de nuit prises au flash. Les trois sont des «professionnels». Ils ne font pas partie du cours donné par Thomas Frei et sont déjà venus à Val Sinestra.

Divers appareils détectent les mouvements, les variations électromagnétiques.

Au rez-de-chaussée, la radio s’anime. C’est le premier dialogue de la nuit avec les esprits. A l’aide d’un casque, les aspirants chasseurs de fantômes écoutent attentivement ce que l’on appelle le «bruit blanc». «Les fantômes n’ont pas de voix propre. Mais ils peuvent communiquer par le son d’une certaine fréquence», explique Thomas Frei. L’Argovien demande aux fantômes à voix basse: «Quel est votre nom?» Trois chasseurs de fantômes affirment entendre prononcer: «Annemarie», «Jérôme» ou «Guillaume».

L'hôtel abriterait plusieurs fantômes, anciens patients de l'hôtel de cure.

Le médium a détecté le fantôme «Guillaume» il y a 20 ans déjà

La propriétaire de l’hôtel, Adrienne Kruit, vit depuis longtemps avec ce qu’elle affirme être l'unique fantôme des lieux. Elle l’a baptisé «Hermann». «Nous l’avons tout de suite senti, depuis que mon mari a acheté ce magnifique bâtiment abandonné en 1978. Des choses étranges se sont produites», raconte la Néerlandaise. «Il y avait des bruits forts, les clés se balançaient sur les crochets, les fenêtres s’ouvraient soudainement!».

Divers évènements surnaturels se seraient produits ici.

La chose la plus effrayante qu’Adrienne Kruit ait vécue? «Une fois, une horloge murale est tombée sur le sol juste à côté de moi. Mais le crochet était encore fiché dans le mur.» Le fantôme serait prêt à faire toutes sortes de bêtises. Mais elle n’a jamais eu peur de «Hermann». Il y a 20 ans, le premier médium a visité l’ancienne maison thermale. «Il a découvert que le vrai nom d’Hermann était Guillaume et qu’il était un soldat belge mort de la tuberculose à Val Sinestra il y a plus de 100 ans».

La patronne de l'hôtel Adrienne Kruit y croit fermement.

Au petit-déjeuner du dimanche, après les six heures de chasse aux revenants, les chercheurs de fantômes font le point. Aucun détecteur de mouvement n’a repéré d’énergie surnaturelle. Les caméras n’ont pas non plus capté d’êtres de l’au-delà. Pas de bruits étranges non plus. Seul Reto Fenner a de nombreux «orbes» sur ses photos. Mais ceux-ci pourraient également être causés par des grains de poussière sur l’objectif.

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