Certains événements mettent en avant la fragilité de tout un système. L'accident survenu jeudi dernier dans le tunnel ferroviaire du Gothard en est une bonne illustration.
Le trafic de marchandises qui empruntent le rail étant à l'arrêt, celui-ci se reporte sur la route qui ne peut pas tout absorber. Nous n'en sommes bien sûr pas encore là, mais si le tunnel ne devait pas être remis en état d'ici à un mois, nous pourrions faire face à une pénurie de nourriture.
Avec la fermeture du tunnel ferroviaire du Gothard, les places de stationnement pour les trains de marchandises sont déjà entièrement prises en Suisse et les embouteillages s'étendent aux pays voisins. Les convois affichent complet. «Cela peut prendre quatre semaines pour résorber les bouchons sur le rail», explique Hans-Jörg Bertschi, chef de l'entreprise de transport du même nom.
L'embouteillage sur le rail a d'ailleurs déjà une incidence sur les routes, note Nicolas Legler, responsable du transport national de l'entreprise de transport Schöni. «Les chauffeurs signalent de longs temps d'attente devant le tunnel routier du Gothard.» Pour les transporteurs, cette situation se traduit par une montée en flèche des dépenses. «La fermeture du tunnel de base nous coûte quelques milliers de francs par jour», explique le responsable.
Dans une semaine... peut-être
Sur le rail, il est possible de charger un grand nombre de camions. Mais à cause de cet incident, le fret ferroviaire laissé sur le quai doit être réparti sur des camions pour prendre la route. Résultat? Plus de trajets et davantage de coûts pour le diesel et la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP).
Lundi soir, les CFF avaient annoncé une fermeture au trafic marchandises et voyageurs, sans toutefois préciser la durée. Les chemins de fer ne souhaitent pas s'exprimer davantage. «Les CFF travaillent d'arrache-pied pour pouvoir mettre en service le plus rapidement possible le tube de tunnel non endommagé, c'est-à-dire l'un des deux tubes disponibles», se contente d'indiquer l'entreprise ferroviaire à la demande de Blick.
Ce flou augmente la nervosité dans le secteur. Mais si tout se passe bien, le retard pourrait être moins long que redouté. La fermeture du tunnel de base ne durerait «que» jusqu'à mardi prochain. Plusieurs sources du secteur des transports le confirment indépendamment les unes des autres.
Beaucoup d'espoir
Pour les entreprises de transport, une chose est claire: il faut aller vite. Pour le moment, les conséquences de la fermeture du tunnel de base du Gothard sont encore supportables. Si cela dure plus longtemps, les prix du transport de marchandises pourraient doubler, voire tripler. Nicolas Legler de l'entreprise Schöni met en garde: «Les chaînes d'approvisionnement ne sont pas encore interrompues, tout au plus retardées. Cela s'explique aussi par le fait que l'industrie italienne est encore en vacances.»
Mais bientôt en Italie, le temps commencera à manquer pour remettre au moins l'un des tubes en service. D'autant plus que les itinéraires de substitution via le corridor Lötschberg-Simplon ou le Brenner ne peuvent absorber tout le trafic de marchandises du Gothard.
Vers un problème «gigantesque»
Même la route n'est pas une véritable alternative: «Si les capacités augmentent, la route ne pourra pas tout absorber», s'inquiète Benjamin Giezendanner. Ainsi, l'approvisionnement des hôpitaux tessinois en azote ou en oxygène est déjà confronté à des difficultés. Les denrées alimentaires, qui dépendent d'une chaîne du froid intacte, seraient les prochaines à être touchées. «Si le Gothard est fermé pendant un mois, nous aurons un problème gigantesque», pronostique le politicien.