Violences sexuelles
Le pape juge que l'Église catholique doit «avoir honte»

L'Église catholique «doit avoir honte et demander pardon» pour les violences sexuelles sur mineurs commises par le clergé en Belgique, a affirmé vendredi le pape François à Bruxelles sur fond de fortes attentes des victimes.
Publié: 27.09.2024 à 12:24 heures
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Dernière mise à jour: 27.09.2024 à 16:12 heures
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ATS Agence télégraphique suisse
Pour François, l'Eglise doit "faire tout son possible" pour que les affaires de violences sexuelles ne se reproduisent pas.
Photo: IMAGO/Photo News

Le pape François a assuré vendredi en Belgique que l'Église devait «avoir honte» et «demander pardon» pour les violences sexuelles sur mineurs commises par des membres du clergé. Les attentes des victimes sont fortes dans ce pays marqué par des scandales.

«L'Église doit avoir honte et demander pardon, et chercher à résoudre cette situation avec l'humilité chrétienne, et faire tout son possible pour que cela ne se reproduise pas», a déclaré le souverain pontife devant les autorités belges réunies au château de Laeken, résidence du couple royal à Bruxelles.

François, qui avait déjà promis une «tolérance zéro» sur ce sujet, devait recevoir en fin de journée quinze victimes de viol ou d'agression sexuelle par des ecclésiastiques en Belgique au siècle dernier. Une rencontre «en toute discrétion» selon l'Église belge qui dit vouloir protéger l'anonymat de ces personnes.

Scandale des adoptions forcées

Vendredi matin, François s'est également dit «attristé» par le scandale dit des «adoptions forcées» avec la complicité d'ordres religieux, un drame qui a touché des milliers de Belges entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et les années 1980.

La pratique concernait principalement des jeunes femmes célibataires, parfois victimes de viol ou d'inceste, dont les parents voulaient cacher la grossesse. Ces derniers se mettaient en contact avec des ordres religieux, eux-mêmes en lien avec des familles en attente d'adoption. De nombreuses victimes s'efforcent encore des décennies plus tard d'éclaircir les circonstances de ces séparations forcées.

Confiance «entamée»

Tant les violences sexuelles sur mineurs que les adoptions forcées ont «gravement entamé» la confiance des Belges dans l'Église, a assuré pour sa part le Premier ministre Alexander De Croo. «Les mots ne suffisent pas aujourd'hui, des mesures concrètes doivent être prises», a lancé le dirigeant libéral flamand.

Le dossier de la pédocriminalité dans l'Église belge a refait surface à l'automne 2023 avec la diffusion d'un documentaire choc où témoignaient des victimes livrant un secret enfoui parfois pendant des décennies. Beaucoup ont déploré une omerta dans l'Église pour protéger les agresseurs et le fait de n'avoir jamais pu obtenir justice.

Dans une lettre ouverte publiée début septembre par le quotidien Le Soir, des victimes ont réclamé une parole forte de François. Elles lui ont demandé d'instaurer un processus de réparation financière, d'organiser une «réflexion de fond» sur le célibat des prêtres et de «renforcer le travail de libération de la parole, qui n'en est en réalité qu'à ses balbutiements».

«Il a fallu tellement de temps»

De l'Irlande à l'Allemagne en passant par les Etats-Unis, la multiplication des scandales sexuels dans l'Église a constitué l'un des plus douloureux défis pour le pape François, qui a demandé pardon aux victimes et créé une commission consultative pour la protection des mineurs au Vatican.

Parmi les mesures prises depuis 2019 figurent la levée du secret pontifical sur les violences sexuelles du clergé, l'obligation pour les religieux et laïcs de signaler tout cas à leur hiérarchie, ou la mise en place de plateformes d'écoute dans les diocèses du monde entier. Mais le secret de la confession demeure absolu.

Devant le pape, le roi des Belges Philippe a évoqué toutes les victimes de l'"irréparable», «marquées à vie» par les crimes d'ecclésiastiques. «Il a fallu tellement de temps pour que leurs cris soient entendus et reconnus», a fait valoir le souverain.

Migrations

Arrivé jeudi soir à Bruxelles le pape François doit passer trois jours en Belgique, avec comme point d'orgue une messe dimanche au stade Roi-Baudouin où sont attendus plus de 35'000 fidèles. Vendredi après-midi, il doit prononcer un discours devant des professeurs et chercheurs de l'Université catholique de Louvain (KU Leuven) en Flandre, une étape qui doit permettre d'aborder la question de la migration et de l'accueil des réfugiés.

La KU Leuven, fondée en 1425, célèbre ses 600 ans lors de l'année universitaire 2024-2025. Son pendant francophone, l'UC Louvain, créé en Belgique francophone et où le pape est attendu samedi, sera associée à ces célébrations.

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