Abus sexuels dans l'Église
Le «guérisseur des gays» de Fribourg à nouveau accusé

Un prêtre fribourgeois aurait préconisé des thérapies de conversion et abusé d'un mineur, révélait Blick en 2020. Une nouvelle plainte a été déposée au printemps contre l'ecclésiastique, en terres vaudoises. L'évêque Charles Morerod se retrouve sous pression.
Publié: 22.09.2024 à 16:59 heures
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Evêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Charles Morerod, est sous pression. Il aurait failli à retirer P. K. de la circulation en 2019.
Photo: keystone-sda.ch
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Raphael Rauch
Le «guérisseur des gays» P. K. aurait apparemment commis une nouvelle agression, cette fois au sein d'une paroisse vaudoise.
Photo: zVg

Surnommé le «guérisseur de gays» de Fribourg, le prêtre P. K. avait déjà été accusé d'abus sexuels sur un mineur en février 2020, révélait alors Blick. Le prêtre P. K.* est actuellement sous le coup d'une nouvelle plainte déposée le printemps dernier, en terres vaudoises cette fois.

En 2020, l'abbé Nicodème Mekongo avait accusé P. K. d'être allé «dans sa chambre avec un jeune enfant de chœur». En entrant dans cette pièce, c'est «une forte odeur de sueur» que le dénonciateur a ensuite senti: «J'ai dû aérer abondamment pour m'en débarrasser.»

Mais voilà, ce prêtre n'est pas un inconnu. Il faisait autrefois partie des «martyrs de la chasteté» à Paris. Ce groupe fondamentaliste, censé «aider» les personnes homosexuelles à revenir sur la voie catholique, pratiquait des thérapies de conversion.

L'évêque Charles Morerod n'a d'abord rien fait

À l'époque, Nicodème Mekongo avait fait part de ses observations à l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Monseigneur (Mgr) Charles Morerod. Lequel n'avait d'abord rien fait. Ce n'est que lorsque les médias ont rapporté les faits que le haut responsable religieux a dénoncé son subordonné. La procédure ouverte contre P. K. a ensuite été classée par le ministère public.

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«Une plainte pénale a été déposée ce printemps contre un prêtre travaillant dans le canton de Vaud. Les faits dénoncés font actuellement l'objet d'une enquête de police»
Ministère public vaudois
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L'évêque a certes critiqué les déclarations homophobes de P. K., mais celui-ci a pu continuer à travailler comme prêtre. Initialement dans une maison de retraite, puis dans une paroisse du canton de Vaud. C'est précisément là qu'une agression aurait eu lieu récemment, poussant Charles Morerod à suspendre le prêtre accusé. Contacté, le Ministère public vaudois indique qu'«une plainte pénale a été déposée ce printemps contre un prêtre travaillant dans le canton de Vaud» et que «les faits dénoncés font actuellement l'objet d'une enquête de police».

Le pape enquête sur l'Église suisse

De ce fait, Mgr Morerod se retrouve lui aussi sous pression. Pourquoi a-t-il à nouveau lâché sur des enfants et des adolescents un prêtre contre lequel les mises en garde avaient été lancées il y a des années? L'Église ne cesse de crier à la «tolérance zéro» dans les cas de violence sexuelle. Elle promet même d'agir contre les prêtres, et ce même si ceux-ci ne peuvent pas être poursuivis pénalement. Mais elle n'agit pas de manière conséquente. On ne sait pas si P. K. a dû être accompagné ou se soumettre à une thérapie.

L'inaction de Charles Morerod pourrait avoir des conséquences. Après une dénonciation interne du juriste ecclésiastique Nicolas Betticher, le Vatican s'est activé en Suisse. Une enquête pénale interne à l'Église se penche sur l'accusation selon laquelle l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg aurait ignoré les reproches qui lui ont été adressés en 2019. Selon le droit canonique, il aurait dû signaler le cas à Rome. On ne sait pas quand le pape décidera de l'avenir de Mgr Morerod.

Contacté, Mgr Morerod n'a pas souhaité s'exprimer en raison des procédures en cours. Quant à P. K., il n'a pas pu être joint par Blick. Il bénéficie de la présomption d'innocence.

*Nom modifié

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