Le crime remonte au 2 février 2020 à Bâle: une femme âgée de 33 ans rentrait chez elle après avoir passé la soirée en boîte de nuit. Elle était accompagnée par un homme de 31 ans et un adolescent de 17 ans. Une fois arrivés à l’entrée du domicile, les deux hommes d’origine portugaise ont agressé et violé la trentenaire pendant environ onze minutes, comme l’acte d’accusation l’a révélé plus tard.
Pour ne pas être appréhendés par les autorités, les deux agresseurs se sont faits discrets alors même que le viol faisait les gros titres dans toute la Suisse.
Le comportement de la victime: argument qui relativise l’infraction
L’été dernier, João P.*, le plus âgé des deux hommes, a été jugé. Le tribunal pénal de Bâle l’a condamné à quatre ans et trois mois de prison pour viol, tentative de viol et agression sexuelle. La justice a également exigé qu’il verse des dommages et intérêts à la victime et qu’il soit expulsé du pays pendant huit ans.
Les Portugais ont fait appel de la sentence – avec succès! Comme le rapporte la «bz Basel», la Cour d’appel considère toujours João P. coupable, mais a considérablement réduit sa peine. D'après la justice, le comportement de la victime est à prendre en considération. En effet, les «signaux que la femme envoie aux hommes» relativisent l’infraction, a expliqué le président du tribunal vendredi.
Le tribunal fait référence au comportement de la trentenaire avant son viol, alors qu'elle se trouvait en boîte de nuit. La femme aurait passé du temps avec un autre homme dans les toilettes. La justice questionne également son degré de souffrance psychologique puisque la lésée ne serait pas allée consulter un thérapeute après le drame. Finalement, la Cour a considéré que l’agression a été relativement courte et n’a pas entraîné de blessures physiques permanentes.
Libre dans une poignée de jours
João P. est désormais condamné à une peine de prison de trois ans dont la moitié a été suspendue. Le violeur sera donc à nouveau libre dans une quinzaine de jours. En outre, l’expulsion du pays a été réduite à six ans et le montant de l’indemnisation à verser à la victime a aussi diminué.
En ce qui concerne l’autre agresseur présumé, comme il était encore mineur au moment des faits, il devrait bientôt répondre de ses actes devant un tribunal pour mineurs.
Vives réactions sur les réseaux
A la suite de cette décision, plusieurs personnes se sont insurgées sur Twitter. La pénaliste bernoise Nora Scheidegger s’est dite très contrariée qu’une femme soit tenue pour responsable alors même qu’elle est victime d’une relation sexuelle non consentie.
Agota Lavoyer, cheffe du centre de conseil d'aide aux victimes du canton Soleure regrette également la décision du tribunal de Bâle. Pour elle, rien ne justifie de blâmer une victime de viol.