C'est une histoire qui aurait pu avoir une triste fin. Après avoir été renversé par une voiture, Mikesch a été amené à l’hôpital vétérinaire de l’université de Zurich avec une fracture du fémur. Si les propriétaires ont pu être retrouvés grâce à la puce électronique du chat, ils ont estimé que la facture de 2500 francs engendrée par le traitement était trop élevée. L’animal de dix ans, atteint de problèmes cardiaques, s’est retrouvé abandonné. «Bien sûr, c’est beaucoup d’argent, et je peux comprendre que tout le monde ne puisse pas se le permettre, glisse Iris Reichler, vétérinaire. Mais il faut s’attendre à cela quand on achète un animal de compagnie.»
L’euthanasie est toujours l’option de dernier recours pour la vétérinaire. Surtout lorsque la décision dépend des finances des propriétaires. L’hôpital vétérinaire propose de régler la facture de manière échelonnée, ce qui aide dans la majorité des cas. L’équipe médicale intervient aussi occasionnellement à titre privé: «Nous essayons de trouver une place pour ces animaux, généralement par l’intermédiaire de notre famille et de nos amis», rapporte Iris Reichler. Certains animaux atterrissent chez elle, comme Mikesch. Le vieux chat de maintenant 13 ans profite de ses vieux jours dans le foyer de la vétérinaire.
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Des dizaines de milliers de chats errants
Iris Reichler, également professeurs spécialisés de la reproduction des petits animaux, voit passer beaucoup de chiots et de chatons dans le cadre de son travail. «Ils sont très mignons, mais il y a déjà tellement d’animaux qui ont besoin d’un foyer, en particulier des chats», déplore-t-elle. Pendant la pandémie, de nombreuses personnes ont décidé de prendre un compagnon à quatre pattes pour compenser le manque de socialisation. Comme les cabinets vétérinaires n’acceptaient que les cas d’urgence pendant la première phase de la pandémie, de nombreuses bêtes n’ont pas pu être stérilisées. «Heureusement, cela a été rapidement corrigé par la suite», rapporte Iris Reichler. Lorsqu’elles sont en liberté, les chattes peuvent mettre bas trois fois par an: «C’est pourquoi les jeunes chats devraient être castrés avant d’être laissés en liberté.»
Souvent, ce sont les enfants qui veulent que leur chatte mette bas pour pouvoir jouer avec les jeunes chatons. Iris Reichler estime que les parents ne doivent pas céder. «Même si l’on trouve une place pour les petits, je le déconseille formellement.» Non seulement parce qu’il peut y avoir des complications à la naissance – «et dans de tels cas, les frais de traitement peuvent être très rapidement élevés». Mais également parce qu’il y a beaucoup trop de chats sans domicile en Suisse. «Cela entraîne de la souffrance animale, car ces félins ne sont ni vaccinés ni vermifugés. Ils tombent plus souvent malades, mais n’ont personne pour s’occuper d’eux», explique la vétérinaire. Selon les estimations des défenseurs des animaux, le nombre de chats errants dépasse largement les 100’000. Au total, environ 1,8 million de chats vivent en Suisse, 671’000 d’entre eux sont pucés.
Stérilisation obligatoire
La vétérinaire n’est pas seulement favorable à l’enregistrement des chats, mais prône la stérilisation obligatoire. «À chaque naissance d’un petit chaton, il manque une place pour un chat qui a besoin d’un foyer de toute urgence. La population continue d’augmenter de manière incontrôlée», s’alarme Iris Reichler.
Pour ceux et celles qui ont pris un jeune chat l’été passé, la spécialiste n’a qu’un conseil: «Stérilisez vos chats!» Idéalement, il faudrait effectuer les démarches avant les premières chaleurs, qui commencent en janvier ou février. «Les chaleurs augmentent le risque de maladie des organes sexuels et des glandes mammaires. De plus, c’est un stress psychologique pour l’animal.»
Ceux qui permettent à leur matou de laisser libre cours à son instinct naturel se trompent en pensant que cela lui fera du bien. À la recherche de femelles, les tigres de salon se promènent pendant des jours sur leur territoire et sont parfois aveuglés par le désir. Iris Reichler prévient: «L’errance augmente le risque d’accidents, sans compter les combats avec d’autres chats.»
Un foyer d’accueil
C’est un souci qui n’affecte pas Mikesch, le chat est castré. Depuis qu’il est arrivé dans son nouveau foyer, il a appris à cohabiter avec ses deux colocataires à quatre pattes, deux chiens courants français, eux aussi sauvés d’une destin tragique. «A part mon premier chien, je n’ai jamais acheté d’animal», confie la spécialiste.
Mikesch est déjà le cinquième félin que la vétérinaire a recueilli. Le premier avait des problèmes d’articulation, le deuxième des tumeurs, le troisième une fracture de la mâchoire et le quatrième était un chat sourd avec des problèmes cardiaques et une cuisse déboîtée. «Les deux derniers étaient des animaux trouvés, j’ai pu les opérer moi-même et je les ai ensuite gardés, ils ont vécu plus de dix ans chez nous.» La vétérinaire a un faible pour les animaux âgés: «Ils ont leur propre caractère et s’intègrent mieux dans un foyer.»
(Adaptation par Jessica Chautems)