«Il y a toujours des dépenses imprévues»
Le budget est une des premières causes d’abandon des animaux de compagnie

Vétérinaire, alimentation, accessoires, assurances, pension: les dépenses sont bien plus élevées que vous ne l’imaginez, et peuvent facilement dépasser les 200 francs par mois.
Publié: 04.10.2022 à 13:08 heures
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Dernière mise à jour: 04.10.2022 à 14:33 heures
Un chat coûte moins qu'un chien.
Photo: Shutterstock
Alessia Barbezat

En Suisse, près d’un ménage sur trois possède un animal de compagnie. Le chat arrive en tête des animaux favoris des Suisses avec plus de 1,7 million de spécimens, largement devant le nombre de chiens qui dépasse d’un poil les 500’000 selon les statistiques de la Société pour l’alimentation des animaux (VHN).

Cristina Ceccarini, jeune retraitée vaudoise, a adopté Charly, un bichon havanais, au mois de décembre 2020. Depuis, elle fait les comptes et la facture se révèle plutôt salée. En 2021, elle a dépensé 800 francs en frais de vétérinaire (castration, vermifuges, médicaments, puce et passeport) auxquels sont venus s’ajouter la nourriture (500 francs), les accessoires (panier, gamelle, harnais, laisse, manteau, jouets, environ 250 francs), une assurance (240 francs), les cours d’éducation canine (300 francs) et l’impôt (180 francs). Sans compter le toilettage toutes les six semaines (700 francs par an). Au total, elle a dépensé 2970 francs pour son chien, un montant légèrement supérieur à la moyenne affichée sur Comparis.ch.

Selon le site, les détenteurs d’un canidé doivent prévoir un budget de 2300 francs la première année, puis compter environ 1240 francs pour les suivantes. À noter que ce calcul ne tient pas compte des dépenses en cas de maladie ou d’accident, ainsi que des frais de toilettage.

Les chats coûteraient moins cher

Le budget pour un chat est moins élevé, mais il faut tout de même débourser en moyenne 1200 francs la première année (vétérinaire, grattoir, litière, caisse de transport, accessoires et alimentation) et environ 670 francs pour les années suivantes. À nouveau, les dépenses en cas de maladie ou d’accident ne sont pas incluses. Ce sont pourtant ces dernières qui sont susceptibles de faire exploser la note des propriétaires.

«Je n’ai pas d’assurance, je dois tout payer de ma poche»

Anna, trentenaire lausannoise, chargée de communication, vient d’en faire l’amère expérience. Au mois d’août, son spitz nain de 12 ans, est pris de convulsions. Elle se rend chez son vétérinaire. On prescrit à sa chienne un premier traitement. Deux semaines plus tard, nouvelles convulsions et retour chez le vétérinaire qui peine à poser un diagnostic. Épilepsie, tumeur au pancréas ou troubles neurologiques? Des tests et prise de sang sont effectués ainsi qu’une échographie, une IRM et une ponction. Les frais s’envolent et atteignent des sommets. «Nous sommes au moins de novembre et aucun diagnostic n’a encore été posé. Seule certitude, je me suis délestée de 6000 francs» raconte la propriétaire inquiète. «On m’a annoncé qu’il faudrait peut-être l’opérer, mais je ne peux plus me le permettre. Je n’ai pas d’assurance, je dois tout payer de ma poche. Je m’en mords les doigts aujourd’hui.»

Anna n’est pas un cas isolé. Peu de propriétaires de chiens ou de chats ont souscrit une assurance. Entre 5 et 10% selon l’assureur Animalia, repris en 2016 par La Vaudoise. Comment expliquer un pourcentage aussi faible? «Assurer son chien ou son chat est une démarche encore naissante, dit Charles Perraudin, responsable d’Animalia. Ce n’est pas assez connu, nous sommes trois sur le marché en Suisse avec Epona et Wau Miau. Les grands assureurs, comme Allianz ou Zurich, ne se sont pas encore vraiment emparés du sujet et proposent, dans le meilleur des cas, d’inclure l’animal dans l’assurance ménage. De plus, le pouvoir d’achat des Suisses est un peu plus élevé que celui des pays voisins, avec la tentation de penser qu’on peut faire face à une facture de 500 ou de 1000 francs.»

Les motifs financiers souvent la cause d'abandon d'animaux

Pourtant, l’accumulation des factures peut contraindre certains propriétaires à prendre de douloureuses décisions, comme l’explique Stéphane Crausaz, responsable de la communication de la Société Vaudoise pour la protection des animaux (SVPA): «Les motifs financiers sont une des premières causes d’abandon. Nous récupérons souvent des animaux en mauvaise santé car les propriétaires cherchent des solutions, empruntent à gauche ou à droite avant de se résigner. Lorsque les gens viennent adopter chez nous, nous essayons de les sensibiliser un maximum à l’aspect financier, qui doit être extrêmement bien réfléchi. Il y a toujours des dépenses auxquelles on n’a pas pensé.»

Un exemple? Les vacances. Certains propriétaires se tournent vers les pensions pour chiens ou pour chat et on le devine, ce n’est pas donné: 20 francs par jour pour un chat et entre 30 et 60 francs par jour pour un chien. Pour une pension dite «familiale», préparez-vous à débourser environ 80 francs par jour et par chien comme le raconte Elisa, genevoise de 36 ans, propriétaire d’un bouledogue français et d’un carlin: «J’ai opté pour la pension familiale car je ne pouvais pas décemment demander à mes amis de s’occuper de mes deux chiens durant 10 jours. J’ai dépensé plus de 1600 francs car j’ai même dû payer un supplément «week-end» et fournir les croquettes. À ce prix-là, mes chiens ont passé de plus luxueuses vacances que moi…»

Selon Stéphane Crausaz de la SVPA, il est impératif d’intégrer ces dépenses extraordinaires dans le calcul du budget. «Si, par exemple, le chien est trop vieux pour prendre une assurance, il faut prévoir un bas de laine, mettre 2000 francs de côté. Ne surtout pas se limiter à un calcul des coûts ordinaires. Personne n’est à l’abri d’une mauvaise surprise.»

(En collaboration avec Large Network)

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