Une ultime tentative de sauvetage a échoué
La Patrouille Suisse va disparaître pour de bon

Seule une initiative populaire pouvait empêcher la chute de la Patrouille Suisse, célèbre escadrille des Forces aériennes helvétiques. Mais cet ultime recours vient lui aussi d'échouer. La ministre de la Défense Viola Amherd laisse toutefois entrevoir une alternative.
Publié: 21.02.2025 à 05:50 heures
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Dernière mise à jour: 21.02.2025 à 10:11 heures
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En décembre, le Parlement a sonné le glas de la Patrouille Suisse, en raison de ses coûts exorbitants.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniel Ballmer

Pendant plus de 60 ans, la Patrouille Suisse a fait la fierté de notre armée. La célèbre escadrille incarnait l'esthétisme, la précision et la disponibilité opérationnelle des forces aériennes helvétiques. Mais c'est désormais du passé.

Le Conseil fédéral – la ministre de la Défense Viola Amherd en première ligne – souhaite la faire disparaître pour de bon, une volonté également exprimée par le Parlement. Les avions de combat F-5 Tiger seraient obsolètes et leur maintien en service trop coûteux. La Confédération estime dès lors que les quelque 300 millions de francs pour les dix prochaines années devraient plutôt être investis dans la capacité de défense du pays.

De nombreuses tentatives de sauvetage

Mais la célèbre patrouille acrobatique dispose aussi de nombreux partisans, qui n'ont cessé de s'engager corps et âme pour son maintien. Ainsi, lors de la session parlementaire de décembre dernier, les membres du fan club de la Patrouille Suisse ont remis une pétition de 8177 signatures dans l'espoir de sauver leur joyau.

Dans une tentative de la dernière chance, ils ont même envisagé de lancer une initiative populaire. Seulement voilà, selon les informations de Blick, cet ultime recours s'est, lui aussi, soldé par un échec.

«Ça me fend le coeur»

«C'est difficile de réunir les 100'000 signatures nécessaires quand aucun parti ne soutient le projet et quand les associations militaires sont divisées», explique Werner Salzmann, conseiller aux Etats de l'Union démocratique du centre (UDC). Le sénateur bernois s'est engagé dès le début pour le sauvetage de la fameuse escadrille. Mais, cette fois, après avoir cherché toutes les issues possibles, il doit bien l'admettre: la messe est dite.

La seule collecte de signatures peut coûter jusqu'à un million de francs. Pour le fan club de la Patrouille Suisse, qui compte près de 4000 membres, la pilule a du mal à passer. «Mais même si on réunit les signatures, l'initiative n'a aucune chance dans les urnes compte tenu de la pression exercée sur la Confédération pour faire des économies», estime Werner Salzmann. «Pour moi, le sujet est malheureusement clos et ça me fend le coeur.»

«Un votation aurait été vouée à l'échec»

Et Werner Salzmann est loin d'être le seul dans ce cas. Au sein du fan club de la Patrouille Suisse aussi, la résistance semble avoir été matée pour de bon. Pour Jacqueline Hofer, élue zurichoise au Parlement, il aurait certes été possible de récolter les signatures nécessaires. Mais «notre évaluation montre clairement qu'avec la situation politique actuelle, le conflit persistant en Ukraine et la situation financière de l'armée, une votation populaire aurait été vouée à l'échec», détaille-t-elle. 

Financer une telle initiative serait donc trop risqué pour le fan club. Et il est peu probable qu'une autre organisation s'engouffre dans la brèche. Et pour cause! Même la Société suisse des officiers (SSO) a tourné le dos à la Patrouille Suisse. Un maintien «pour des raisons essentiellement émotionnelles ou traditionnelles» n'est plus défendable, estime la société, pour qui les coûts ne justifient plus la poursuite de l'activité.

Devant le Conseil des Etats en décembre dernier, Viola Amherd avait tout de même reconnu l'utilité de la Patrouille Suisse en tant que fleuron de l'armée : «Une escadrille aérienne (...) doit donc, dans la mesure du possible, continuer à être exploitée et à exister», avait-elle déclaré. De quoi raviver très légèrement la flamme des fans de la patrouille rouge à croix blanche.

«Ce n'est quand-même pas un remplacement»

Depuis, les contours de cette alternative semblent se préciser. Et première conclusion: il semble peu probable que la dénomination Patrouille Suisse refasse surface, l'armée disposant déjà aujourd'hui d'une deuxième escadrille de voltige.

«Avec l'équipe PC-7, qui présente depuis 35 ans des performances spectaculaires et précises avec ses neuf appareils, nous disposons déjà des connaissances et de l'expérience nécessaires», explique le porte-parole de l'armée Stefan Hofer. De plus, les avions Pilatus PC-7 à turbopropulseurs sont nettement moins onéreux que les F-5 Tiger: une heure de vol de l'ensemble de l'équipe PC-7 coûte environ trois fois moins cher qu'une heure de vol de la Patrouille Suisse.

Les partisans de la Patrouille Suisse ne sont pas pleinement satisfaits pour autant. «Ce n'est pas un remplacement», estime le conseiller aux Etats Werner Salzmann. «Rien qu'en termes de vitesse, ce n'est pas comparable.» En effet, alors que les Tiger peuvent atteindre jusqu'à 1000 km/h, les PC-7 se contentent d'une vitesse de 120 à 500 km/h maximum.

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