Série d'incendies en Suisse
«Ma famille a échappé au feu, les animaux aussi. C’est ce qui compte»

Une série d’incendies a eu lieu dans le canton de Soleure. Lorsque sa ferme a été la proie des flammes mardi, Walter Giovinetti, un Bernois, s’est demandé s’il était la nouvelle victime de ce que beaucoup présument être un pyromane. Récit d’une terrible nuit.
Publié: 23.05.2022 à 08:01 heures
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Dernière mise à jour: 23.05.2022 à 11:13 heures
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Walter Giovinetti, 56 ans, devant sa ferme détruite.
Photo: SIGGI BUCHER
Tobias Marti

Le dos droit et le regard vif, Walter Giovinetti contemple les ruines du travail de toute une vie. Le quinquagénaire n’a pratiquement pas dormi ces dernières 48 heures. Depuis le jour où un incendie a ravagé son ranch «Paradise Horses» à Utzenstorf (BE).

Si on lui demande comment il se sent, il répond avec combativité. Et avec beaucoup de colère. Tel un général, il fait le tour du champ de bataille, couvert de débris carbonisés. La Range Rover n’est plus qu’une carcasse, dix tonnes de paille sont parties en fumée, le chariot élévateur a fondu, la calèche est complètement détruite…

De la chance dans le malheur

Mais ce n’est pas le plus important pour Walter Giovinetti. Ce qui compte avant tout, c’est qu’il ne soit rien arrivé à Caroline, sa femme enceinte, et à Jonas, son fils de 7 ans. Les 20 chevaux et les poneys ont également été sauvés. «Nous sommes en vie, et les animaux aussi. C’est le plus important», confie le Bernois à son fils. Il enchaîne en lui expliquant qu’en Ukraine, de nombreuses personnes sont confrontées à des situations bien pires.

L’habitation et l’écurie, qui jouxtent le manège, ont pu être sauvées des flammes par les pompiers. Mais pour l’instant, la famille ne peut pas encore retourner chez elle car de la fumée grise continue de s’échapper des ruines. Le feu reprend parfois. Quand ce cauchemar prendra-t-il fin?

L’œuvre d’un pyromane?

Dans la région soleuroise, ce ne sont pas moins de onze incendies qui se sont déclarés en quelques semaines. Des cabanes forestières, des étables et des hangars sont partis en fumée. Nombreux estiment que les feux seraient l’œuvre d’un pyromane. L’enquête n’a pas pu apporter de réponses pour l’instant. En attendant, les agriculteurs effrayés organisent des patrouilles, installent des caméras et des détecteurs de mouvement. Le cas du Bernois Walter Giovinetti prouve-t-il que la série d’incendies s’étend désormais au-delà des frontières cantonales?

En tous cas, son histoire résonne avec celle des victimes soleuroises. Le feu s’est déclaré peu après 19h30. Il n’a pas eu le temps d’observer d’où le feu s'étendait. «Il fallait que je sauve ma famille et les chevaux», confie l’homme, encore sous le choc.

Une enquête en cours

Deux jours après l’incendie, la ferme fourmille d’activités. Il y a d’abord les habitués, qui viennent voir comment se portent les chevaux. Et puis il y a aussi les agents de la Mobilière, qui ont fait le déplacement pour faire un constat.

Les enquêteurs sont également venus sur les lieux. Mais pour l’instant, la police ne veut rien révéler. Toutes les pistes sont envisagées, explique-t-elle à Blick. «Les pompiers espèrent qu’il s’agit d’une défaillance technique», confie Walter Giovinetti. Si les origines des incendies se révèlent criminelles, les conséquences d’une escalade pourraient être dramatiques, s’inquiète le Bernois, en flattant l’encolure de ces précieuses bêtes, des pur-sang originaires d’Espagne.

Le sauvetage de ses animaux a dû se faire dans l’urgence. Il les a confiés aux pompiers qui s’y connaissaient en matière de chevaux. Il s’est lui-même occupé des étalons loin. Il montre comment il les a conduits à l’extérieur en les tenant par le licol: «S’ils te font confiance, tu peux traverser le feu avec tes chevaux.» Même s’il a dû batailler avec un étalon, qui l’a mordu, il est très fier du comportement de ses chevaux.

Mais un nouveau problème a émergé: comment nourrir ses animaux quand presque tout le foin est parti en fumée? Walter Giovinetti est en négociation avec d’autres agriculteurs, notamment en France.

Des assurances peu coopératives

Une autre difficulté attend le Bernois: le bras de fer avec les assurances. Il en fait déjà l’expérience: une partie de sa collection de selles a été détruite lors de l’incendie. Des objets d’un certain âge, à forte valeur sentimentale. Certaines pourraient être évaluées jusqu’à près de 4500 francs. Seulement voilà, l’assurance ne prend en compte que les reçus. Walter Giovinetti n’en revient pas. «Pour moi, ce sont tout de même des objets de grande valeur!» Il est bien conscient que les assureurs craignent les fraudes. «Mais tout le monde ne veut pas tricher», déplore-t-il.

Il rencontre davantage de sympathie de la part de ses proches, en revanche: des dizaines de connaissances lui ont écrit et proposé leur aide. «Je vais tout reconstruire», promet-il.

(Adaptation par Jessica Chautems)

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