En octobre dernier, Rita S.*, originaire du canton de Soleure, émigre aux Philippines. Quelques mois plus tard, son compte bancaire est bloqué sans avertissement. La retraitée de 72 ans s'est battue pendant près de six mois avec la Banque Migros pour avoir accès à son argent. Toutes ses tentatives pour faire débloquer son compte sont restées vaines, même après qu'elle est retournée personnellement en Suisse pour régler l'affaire. En désespoir de cause, elle s'est tournée vers Blick. Tout s'est alors passé très vite.
Son compte est soudainement bloqué
Mais reprenons dès le début. Pensant que toutes ses affaires étaient réglées, Rita a quitté la Suisse à l'automne dernier pour profiter de sa retraite aux Philippines. Le climat chaud et humide de l'Asie du Sud-Est lui convenait mieux. Ses articulations ne lui faisaient plus mal, la météo était parfaite – la belle vie, quoi. Elle avait l'impression de vivre au paradis. C'était sans compter la Banque Migros de Langenthal, à quelque 10'000 kilomètres de là.
«Comme on m'avait dit que la poste n'était pas fiable aux Philippines, j'ai indiqué l'adresse de mon fils comme adresse pour ma banque lors de mon émigration», raconte-t-elle. Son fils a aussi obtenu une procuration pour son compte. «Mais comme je l'ai découvert entre-temps, toutes les lettres de la banque étaient quand même envoyées à mon adresse aux Philippines.» Elle ne les a jamais reçues: «Elles sont probablement encore en route», s’esclaffe-t-elle.
Elle n'a donc appris le blocage de son compte que lorsqu'elle a voulu payer avec sa carte. Elle a d'abord pensé qu'il s'agissait d'une erreur, mais la retraitée a vite compris que «quelque chose ne tournait pas rond». Avec le blocage de son compte, la femme n'avait alors plus accès à ses économies d'environ 20'000 francs, ni à sa rente AVS.
Un retour en Suisse inutile
Pendant des mois, elle tente de débloquer son compte depuis les Philippines. En vain. Ni la banque, ni l'ambassade suisse, ni le DFAE ne peuvent l'aider. Pourtant, le fils de la retraitée – qui a été indiqué comme contact à la banque – écrit et appelle constamment sa mère afin de trouver une solution. Comme Rita est à court d'argent, il lui donne un coup de main: il lui paie un billet d'avion pour rentrer en Suisse dans l'espoir qu'elle puisse résoudre le problème sur place. Mais elle est amèrement déçue.
«Pendant près de cinq semaines, j'ai essayé de débloquer mon compte en Suisse. Sans succès!», raconte la femme. Elle savait que ce n'était pas une mince affaire depuis les Philippines. «Mais le fait que je ne puisse pas non plus régler cette histoire en Suisse me déçoit. Ça ne peut pas être si compliqué!» L'expatriée raconte avoir passé d'innombrables appels téléphoniques qui n'ont pas abouti ou qui se sont soldés par des informations erronées. «Lors des consultations avec la banque, on me disait toujours que c'était l'absence de numéro d'identification fiscale qui était en cause.» Mais l'affaire est encore plus compliquée que ça.
Fausse information ou malentendu?
Lorsque Blick confronte la banque, les choses commencent enfin à bouger. Trois jours plus tard seulement, le compte est débloqué. Interrogée, une porte-parole de la banque explique: «Madame S. a fourni les derniers documents requis fin juin. Depuis le 11 juillet, le compte lui est donc à nouveau accessible.» Pourtant, selon les déclarations de la porte-parole de la banque, il n'a en fait jamais été question du numéro d'identification fiscale – il y aurait eu un malentendu à ce sujet.
Au lieu de cela, il manquait deux formulaires fiscaux intitulés «Déclaration du statut fiscal» et «Document relatif à l'honnêteté fiscale et à la renonciation au secret bancaire». C'est pour cette raison que son compte a été temporairement bloqué. Rita aurait néanmoins été contactée via son application d'e-banking à ce sujet, mais elle n'a pas réagi. Rita le conteste toutefois avec véhémence.
Depuis, la retraitée est heureuse que les choses aient repris leur cours. Elle est de retour aux Philippines. «Si j'ai appris quelque chose de cette histoire, c'est que la prochaine fois, je contacterai plus vite Blick», rit-elle au téléphone.
*Nom connu