La cosyndique Carmen Tanner semble vouloir clore un chapitre important: celui du règne de Marc Atallah à Yverdon-les-Bains. La Municipalité de la cité thermale «ne souhaite pas alimenter plus la polémique» alors que «tout a été dit», écrit l'élue dans un e-mail adressé à Blick ce jeudi 22 février. Dans cette affaire, la Verte avait pourtant habitué le public romand à des prises de position tranchées.
Qu'importe: ça jase au bout du lac de Neuchâtel. Et pour cause. Fondateur et désormais ex-chef des Numerik Games, Marc Atallah a confirmé ce mercredi sur le site de «20 minutes» la création d'un nouveau festival concurrent, aussi dédié au monde digital. Ce dernier se tiendra sur le campus de l'Université de Lausanne (UNIL), l'autre employeur du médiatique quadragénaire — il y occupe un poste de maître d'enseignement en lettres à 50%. Blick avait révélé ses intentions le 16 octobre déjà.
C'était donc attendu. D'autant plus que son départ des Numerik Games avait en partie été provoqué par une décision de son assemblée générale, qui avait justement refusé de le laisser dédoubler l'événement à Dorigny, rappelle «24 heures». L'annonce du lancement de Digital Dreams a eu lieu alors que le célèbre barbu présentait à la presse sa dernière exposition — «Une autre vie?», à voir à partir du 24 février au 5 janvier 2025 à la Maison d'Ailleurs. L'homme à la casquette aura dirigé ce musée de la science-fiction durant près de 13 ans. Sa démission avait également été communiquée le 16 octobre.
Le ton serait monté
À l'époque, Carmen Tanner avait montré les dents. La cheffe de la Culture avait dénoncé «une tentative de siphonnage» et avait questionné la loyauté de Marc Atallah, qui sondait alors «[son] entourage pour savoir qui serait prêt à [le] suivre».
La politicienne avait en outre envoyé un avertissement en direction de la capitale olympique. «Nous espérons que l’UNIL ne serait pas tentée d’entrer en concurrence avec une ville située à une trentaine de kilomètres et avec une autre haute école [...].» Allusion à la Haute école vaudoise d'ingénierie et de gestion d'Yverdon (HEIG-VD).
Mieux, l'écologiste avait même eu une conversation téléphonique à ce sujet à la même période avec le recteur de l'UNIL, Frédéric Herman. Une information confirmée par l'institution. Selon nos informations, le ton serait alors monté.
Questions sans réponses
Quelque quatre mois plus tard, l'institution ne semble pas avoir été impressionnée. Les Digital Dreams auront donc lieu du 6 au 8 septembre. Comment Carmen Tanner et la Municipalité vivent-elles ce qui s'apparente à un affront? Déplorent-elles la décision de l'UNIL? Craignent-elles de voir le personnel et les partenaires des Numerik Games et de la Maison d'Ailleurs suivre leur ancien leader? Quid de l'avenir des Numerik Games, soudain sous pression? S'estiment-elles trahies par Marc Atallah? Se réjouissent-elles de son départ? Était-ce une volonté municipale?
Blick leur a soumis toutes ces questions — et d'autres encore — par écrit, mercredi soir. Ce jeudi, peu avant midi, l'Exécutif choisit donc de botter en touche. «La Municipalité d’Yverdon-les-Bains souhaite bonne chance à Marc Atallah et à l’UNIL pour leur nouveau projet, amorce la cosyndique. Ce sujet ayant déjà été traité, elle n’entend pas polémiquer plus avant sur le départ de Marc Atallah [...].»
Une ligne plus loin, la quadragénaire commente tout de même ses propos de l'automne. «Bien sûr qu’au moment de l’annonce du départ de Marc Atallah, et au vu des motivations et du contexte, la Municipalité n’a pas sauté de joie, et qu’elle s’est employée à défendre les intérêts et l’image de la Ville dans cette affaire, comme dans tant d’autres, et comme c’est son rôle.» Elle appuie toutefois sur le futur et dit préférer «se concentrer sur l'avenir de la Maison d'Ailleurs et des Numerik Games. Il faut rappeler à cet égard que l’avenir des Numerik Games est dans la main de l’association et de son comité, qui y travaillent en lien étroit avec la Municipalité.»
Gestion désavouée
Pour mémoire, en juillet 2021, une grande enquête de Blick avait mis en lumière des problèmes de gouvernance à la Maison d'Ailleurs et relatait des accusations de plagiat à l'encontre de son chef. Les résultats de l'audit, commandé par le Conseil de fondation à la suite de nos révélations, écartaient toute infraction pénale, mais soulignaient des dysfonctionnements internes. En juin 2022, les auteurs de ce rapport externe recommandaient même l'engagement d'un codirecteur, désavouant ainsi la gestion de Marc Atallah.
Depuis, des restructurations sont en cours. Catherine Hirsch, qui n'est plus directrice de la HEIG-VD depuis le 31 décembre 2023, assure la direction administrative ad interim de la Maison d'Ailleurs. L'appel à candidatures pour remplacer Marc Atallah se termine le 29 février.