Selon une nouvelle étude
«Un enfant sur trois a maintenant eu le Covid»

Si une grande partie des adultes possède aujourd'hui des anticorps contre le Covid-19, chez les enfants, ils ne sont que 30% comme le montre une nouvelle étude. Dans une interview accordée à Blick, l'infectiologue Christian Kahlert explique ce que cela signifie.
Publié: 24.08.2021 à 15:38 heures
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Dernière mise à jour: 24.08.2021 à 16:43 heures
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Christian Kahlert, pédiatre et infectiologue : "Parmi les enfants et les adolescents, seuls 30 % environ ont formé des anticorps."
Photo: Zvg
Ruedi Studer

Le nombre de cas de Covid-19 est en augmentation. Les adultes peuvent se faire vacciner. Les recommandations concernant la vaccination seront bientôt étendues aux jeunes de 12 à 15 ans. En revanche, pour les enfants de moins de 12 ans, aucun vaccin n'a encore été approuvé en Suisse. Dans une interview, l'infectiologue et pédiatre Christian Kahlert de l'Hôpital pédiatrique de Saint-Gall explique les risques du virus pour les plus jeunes. Il prend part aux études Corona Immunitas en analysant plus spécifiquement la situation de cantons de Saint-Gall et des Grisons.

La nouvelle étude de Corona Immunitas montre une séroprévalence comprise entre 50 et 80%, selon le canton, chez les adultes âgés de 20 à 64 ans. A Saint-Gall, 60% des individus ont des anticorps covidiens en raison d'une maladie ou d'une vaccination. A quoi cela ressemble-t-il chez les enfants?
Christian Kahlert: Nous avons testé les anticorps d'environ 300 enfants âgés de 5 à 19 ans dans les cantons de Saint-Gall et des Grisons. Nous n'avons pas encore collecté toutes les données, mais nous pouvons déjà donner un ordre de grandeur. Environ 30% des enfants et des adolescents ont développé des anticorps. Cela signifie que seul un enfant sur trois a eu le Covid et est immunisé. En comparaison, chez les adultes jusqu'à 64 ans, cette proportion est deux fois plus élevée. Ce chiffre avoisine même les 90% chez les personnes âgées en Suisse.

Lors de la dernière phase de test, au début de l'année, seul un enfant sur cinq environ avait formé des anticorps, généralement à la suite d'une infection. Avec seulement 30%, le taux reste faible comparé aux adultes. Pourquoi ?
De nombreux enfants n'ont pu être vaccinés que récemment, voire pas du tout. Depuis la dernière phase de test, avec des taux de 20% dans les Grisons et de 17% à Saint-Gall, on trouve désormais des anticorps chez deux fois plus d'enfants. Les anticorps se développent à la suite d'une maladie ou d'une vaccination. Comme un plus grand nombre d'adultes ont été vaccinés entre-temps, nous trouvons maintenant aussi plus d'anticorps par rapport aux enfants.

Dans quelle mesure le variant Delta affecte-t-il les enfants?
Pour le moment, la situation n'est pas très préoccupante du côté des enfants. Les symptômes sont généralement légers. A l'hôpital, nous n'avons pas encore constaté d'augmentation du nombre de cas de coronovirus. Mais cela n'exclut pas la possibilité que le virus circule chez les très jeunes. Le virus se comporte comme dans le reste de la population: si aucun vaccin n'était disponible pour les adultes, seuls environ 30% d'entre eux seraient protégés.

Les hospitalisations chez les adultes sont en augmentation. Voyez-vous aussi des cas graves chez les enfants?
Jusqu'à présent, pas dans notre hôpital de Saint-Gall. Nous avons eu des cas de syndrome inflammatoire (PIMS), mais heureusement, tous les enfants concernés ont bien récupéré entre-temps.

Cela signifie que vous pourriez simplement laisser le virus se propager chez les enfants jusqu'à ce qu'ils aient tous été infectés?
C'est une question très difficile. Il y a toujours des cas individuels avec une évolution sévère. Et s'il y a une quatrième vague, il y aura aussi plus d'infections parmi les enfants dont le rétablissement peut être stressant. Il existe des enfants qui souffrent de maux de tête, d'une toux persistante ou d'une fatigue chronique après une infection, même s'il ne s'agit que de cas isolés. Les données actuelles ne permettent pas encore de dire avec certitude si cela peut également évoluer vers un Covid long comme chez l'adulte, et quelle en serait l'évolution. Des comparaisons d'échantillons d'enfants affectés et non affectés sont ici nécessaires. C'est précisément en raison de cette incertitude qu'il serait erroné de laisser simplement le virus se propager chez les enfants.

Il n'existe toujours pas de vaccin pour les enfants de moins de 12 ans. Ont-ils besoin d'une protection spéciale?
Il est essentiel que la situation dans les écoles fasse l'objet d'un suivi constant et que les concepts de protection dans ces institutions ne soient pas simplement suspendus, mais continuent d'être maintenus. Jusqu'à présent, il ne semble pas y avoir d'augmentation massive. Cependant, surtout au niveau secondaire, la situation doit être suivie de près. Dans les espaces intérieurs qui ne peuvent être que faiblement ventilés, l'obligation de porter un masque pourrait alors être considérée, en fonction de l'évolution de la situation.

La Commission fédérale pour les questions de vaccination a l'intention de prolonger cette semaine les recommandations de vaccination pour les jeunes de 12 à 15 ans et de recommander l'utilisation d'un deuxième vaccin, Moderna. Cela aidera-t-il?
Nous devons aller de l'avant avec la vaccination, en particulier pour les adultes et les adolescents plus âgés. Là, le risque de contracter la maladie est généralement plus élevé que chez les plus jeunes.

Espérez-vous également un vaccin pour les moins de 12 ans?
J'espère qu'un vaccin sera bientôt approuvé pour tous les enfants. Cela serait particulièrement souhaitable pour les enfants qui font partie d'un groupe à risque ou qui vivent avec des personnes à risque.


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