Ce fut un non massif et un oui encore plus spectaculaire: la Suisse ne veut pas travailler plus longtemps, mais accepte une 13e rente AVS. La conseillère fédérale en charge du dossier, Elisabeth Baume-Schneider, s'était battue en vain contre son parti et les syndicats contre une 13e rente. C'est maintenant à elle de trouver l'argent nécessaire. Car l'introduction d'une 13e rente AVS coûtera à la Confédération 800 millions supplémentaires par an à partir de 2026.
Subsiste à présent la question principale, décisive: qui doit payer cela et comment? Surtout que les caisses de la Confédération manquent de tout, partout. Dimanche, la ministre de l'Intérieur n'a pas voulu s'avancer sur cette question. La question du financement sera discutée au sein du Conseil fédéral et une décision sera prise cette année encore, a déclaré Elisabeth Baume-Schneider devant les médias.
On ne sait pas non plus si la contribution supplémentaire de la Confédération doit être économisée ailleurs: il est trop tôt pour répondre à cette question, a déclaré Elisabeth Baume-Schneider. Une augmentation des charges salariales ou de la taxe sur la valeur ajoutée sont des solutions évoquées, mais les initiateurs n'ont pas donné d'indications sur la manière dont le supplément de rente devrait être payé.
«C'est à la gauche de jouer»
Après le Conseil fédéral, le Parlement devra lui aussi se pencher sur la proposition d'Elisabeth Baume-Schneider. En ce qui concerne les partis, ils ne sont pas d'accord sur la question du financement.
«C'est maintenant à la gauche de faire une proposition», a déclaré le président du PLR Thierry Burkart à Blick, un peu dépité. Il n'est pas non plus convaincu qu'un financement soit assuré d'ici à 2026. Il faudra alors économiser l'argent nécessaire dans la formation, l'agriculture ou l'aide au développement, prévient-il.
La coprésidente du PS Mattea Meyer s'est exprimée auprès de Blick en faveur d'une augmentation des cotisations salariales. Celles-ci seraient solidaires, car ceux qui ont des salaires plus élevés seraient davantage impliqués. Mais les partis de droite montent aux barricades face à cette proposition. Ils s'opposent à toutes les déductions salariales plus élevées ou aux pourcentages de TVA, disent-ils. Les coûts supplémentaires de la 13e rente AVS doivent être compensés uniquement par des économies, a exigé le conseiller national UDC Franz Grüter.
Le relèvement de l'âge de la retraite permettrait également de soulager l'AVS sur le plan financier. Un relèvement d'un an à 66 ans soulagerait l'AVS d'environ 2 milliards de francs, ce qui couvrirait à peine la moitié des coûts de la 13e rente AVS. Après le rejet massif de l'initiative sur les retraites, une telle mesure n'est toutefois guère envisageable dans un avenir proche.
Mini-taxe sur les transactions boursières
Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, souhaite quant à lui lancer la discussion sur un nouvel impôt. Dans une intervention, le Centre avait demandé au Conseil fédéral d'examiner si une mini-taxe sur les transactions boursières permettrait de garantir l'AVS à long terme. Chaque transaction sur les marchés financiers devrait être prélevée à hauteur de 0,1% de la valeur commerciale. Le Parti évangélique (PEV) s'est prononcé dimanche en faveur d'un impôt national sur les «héritages élevés», qui pourrait garantir le financement de l'AVS. Les Vert-e-s seraient également favorables à un tel prélèvement.
La prochaine campagne de votation sur la prévoyance vieillesse émerge déjà à l'horizon. La réforme de la prévoyance professionnelle, combattue par la gauche, devrait être votée cette année encore. Elle prévoit entre autres une baisse du taux de conversion pour le calcul des rentes et une compensation pour les années de transition. Pour les partis de gauche, ce dimanche de votation a été source de motivation: après ce résultat, ils abordent la votation de l'automne avec confiance, a déclaré à Blick la coprésidente du PS Mattea Meyer.