Les trains, les bus et les trams doivent-ils être gratuits en Suisse? Dans certaines villes européennes, la gratuité des transports publics est déjà une réalité. A Genève, les jeunes empruntent gratuitement les transports publics depuis le début de l'année.
Le PS y tient
Ailleurs dans le pays, on discute également de son introduction, l’idée de proposer des transports publics gratuits ou à prix fortement réduit est souvent mise en avant par le PS, qui y voit un progrès social et écologique. Les partisans de cette idée espèrent que la gratuité entraînera une augmentation de la fréquentation, même aux heures creuses. En revanche, si davantage de personnes prennent les transports publics financés par l’État, les cheminots auront encore plus de travail. Par conséquent, ne devrait-on pas nous pencher davantage sur leur cas?
Le SEV, le Syndicat du personnel des transports, organisation pourtant proche des socialistes, alerte et met en garde avec insistance contre les offres gratuites.
Le gratuit va coûter 7,5 milliards
«Qui va payer la note?» C’est la question que soulève le président du SEV Matthias Hartwich, dans une prise de position. Pour lui, la réponse est claire: «La gratuité des transports publics coûte cher», une offre gratuite se fait «dans le pire des cas aux frais et au détriment du personnel et des clients».
Matthias Hartwich rappelle que les transports publics sont aujourd’hui financés à 60% pour cent par les contributions des clients – ce qui représente environ 7,5 milliards de francs par an. «Si ce montant doit également être financé par des fonds publics, cet argent manquera à d’autres endroits», explique Matthias Hartwich. «Cela déclenche inévitablement de nouvelles luttes politiques pour la répartition».
Une pression supplémentaire sur les employés
Le patron du syndicat craint que la gratuité des transports publics n’entraîne une pression massive sur les salaires et les conditions de travail. Matthias Hartwich est en outre convaincu que la pression sur les coûts «apporte de l’eau au moulin des accélérateurs de la libéralisation». «Ces gens vont certainement exiger que les prestations de transport soient davantage mises au concours afin de trouver l’offre la moins chère».
Quid du développement des transports en commun?
Mais pour le SEV aussi, il est clair que davantage de personnes devraient être encouragées à miser sur le bus ou le train plutôt que sur la voiture, même si la gratuité des transports publics n’est pas le bon moyen pour y parvenir. Matthias Hartwich poursuit: «Il est incontestable que les transports publics doivent être développés si la Suisse veut atteindre l’objectif net zéro en matière d’émissions de CO₂». A Berne, une intervention du PS qui demandait la gratuité des transports publics pour les enfants et les jeunes a récemment été rejetée. Des interventions dans ce sens ont également été lancées dans d’autres cantons. Dans la ville de Zurich, le PS a déposé une initiative selon laquelle les transports publics ne devraient plus coûter qu’un franc par jour, et la Jeunesse socialiste zurichoise s'est engagée pour des transports publics gratuits.
A Lucerne, le PS demande actuellement que les abonnements de transports publics pour les jeunes soient massivement subventionnés, également à hauteur de 365 francs par an. Les bourgeois s’y opposent, expliquant qu'au final, c’est toujours le contribuable qui paie la note. En 2016 déjà, l’actuel coprésident du PS Cédric Wermut, avait exigé que l’Etat mette gratuitement les transports publics à disposition en Argovie.