Comment les enfants et les jeunes sont-ils attirés dans des mondes extrémistes sur les plateformes de jeux-vidéos?
Le principe de base de la propagande est de «les trouver là où ils sont». Il faut donc aborder le groupe cible là où il se trouve déjà. Et les salles de jeux sont évidemment très appropriées pour cela. Des millions d'utilisateurs s'y retrouvent et peuvent être abordés avec des contenus «cool» qu'ils connaissent déjà et qu'ils apprécient.
Existe-t-il des preuves que les jeux vidéo rendent violent?
Les jeux vidéo ne sont généralement pas un instrument de lavage de cerveau. Nous savons par exemple, grâce à la recherche sur les jeux vidéo et l'agressivité, que ce n'est pas parce que je joue à un jeu au contenu violent que je deviens moi-même violent. Il n'y a pas de lien direct. Il en va de même pour la radicalisation. Les jeux peuvent certes y contribuer, mais il ne suffit pas de consommer les contenus de propagande qu'ils contiennent. Sinon, tous les chercheurs sur le sujet se seraient déjà radicalisés depuis longtemps. La radicalisation est multicausale.
Qui y est particulièrement sensible?
Nous savons par exemple que les personnes qui recherchent fortement un sens à leur vie et les jeunes qui cherchent quelque chose à quoi se raccrocher sont réceptifs à ce genre de contenus. Lorsque ces facteurs sont réunis et que l'on entre en contact avec de tels contenus, ceux-ci nous disent: «Voici le sens que tu cherches! C'est ton rôle! Et je vais t'expliquer pourquoi tu ne te sens pas bien dans cette société: parce que tu es opprimé! Cela peut bien sûr rendre les processus de radicalisation plus probables.»
Que peuvent donc faire les parents pour éviter cela?
La même chose que pour la protection des enfants en cas de discours pédophile sur de tels supports: il faut informer les enfants que ce danger existe. Mais c'est très difficile pour de nombreux parents, car ils ne connaissent pas le domaine des jeux vidéo, alors que c'est précisément ce qu'il faudrait faire pour protéger les enfants. Si l'on soupçonne que l'enfant est déjà impliqué dans une telle activité, il existe des services de prévention qui offrent du soutien.
Et que font les autorités?
Là aussi, les connaissances font parfois défaut. C'est pourquoi nous travaillons par exemple avec la police. En outre, il est de toute façon difficile de trouver de tels contenus, car ils sont souvent camouflés par des codes linguistiques qui ne révèlent pas le contexte extrémiste, afin de ne pas être supprimés des plates-formes.