Le désir de posséder son propre logement est grand en Suisse. Plus de la moitié de la population qui n'est pas encore propriétaire aimerait le devenir un jour. Une tendance encore plus marquée chez les jeunes générations. Trois jeunes sur quatre âgés de 18 à 30 ans espèrent devenir propriétaires d'une maison ou d'un appartement à l'avenir, selon une nouvelle étude de Raiffeisen Suisse.
Mais évidemment, ce souhait ne devient pas si facilement réalité, surtout lorsque les prix de l'immobilier augmentent. Des ressources financières de plus en plus importantes sont nécessaires et comme le montre le nouveau rapport de la banque saint-galloise, les Suisses sont de plus en plus nombreux à piller leurs comptes de prévoyance à cet effet.
De 7 à 33%
Concrètement, cela signifie que ce que l'on appelle l'encouragement à la propriété du logement des 2e et 3e piliers prend de plus en plus d'importance. Depuis 1990, les Suisses peuvent se faire verser l'argent du pilier 3a pour construire une maison. Pour la caisse de pension, c'est possible depuis 1995. L'étude montre que parmi les propriétaires qui ont acheté leur logement avant l'an 2000, seuls 7% ont utilisé l'argent du pilier 3a. Entre 2000 et 2010, ils étaient 19%. Et depuis 2011, cette proportion a fortement augmenté pour atteindre 33%.
«Pour financer leur logement, beaucoup misent sur une combinaison de différents moyens», classe Robert Eberle, responsable Habitat et Financement chez Raiffeisen Suisse. «Plus d'un tiers y va 'à fond' et utilise pratiquement toutes les sources de financement disponibles.» Plus précisément, 68% ont indiqué dans l'enquête qu'ils avaient dû recourir à d'autres fonds en plus de leurs économies.
Rembourser? Non merci
Mais ce pillage crée des trous sur les comptes de prévoyance. Selon l'étude, rares sont ceux qui se préoccupent du remboursement des sommes retirées. Parmi les propriétaires qui ont utilisé l'argent du 2e pilier pour acheter leur logement, seul un sur quatre prévoit concrètement de renflouer sa caisse de pension avec des versements ultérieurs.
Face à cette tendance, Tashi Gumbatshang, responsable du centre de compétences Conseil en patrimoine et prévoyance de Raiffeisen Suisse, lance un avertissement: «Les lacunes de prévoyance risquent d'entraîner une baisse des prestations de vieillesse. Cela peut mettre en péril le niveau de vie après la retraite ou la capacité à supporter son propre logement.»
Mais comment les Suisses peuvent-ils éviter cela? «Celui qui veut réaliser son rêve de devenir propriétaire ne peut pas éviter de penser aussi à long terme sur le plan financier», écrit Raiffeisen. «Autrement dit, de faire un budget, d'optimiser et d'investir dans la prévoyance.»