Envoyer des messages WhatsApp au feu rouge ou passer un petit coup de fil en zone 30? On l'a tous déjà fait. A tort: les conducteurs distraits et inattentifs sont la cause numéro 1 des accidents en Suisse.
Le téléphone portable au volant est un fléau, particulièrement chez les jeunes conducteurs. C'est ce que montre le taux de distraction 2022 du Bureau de prévention des accidents. Il en ressort que 11% des jeunes de 18 à 19 ans utilisent leur téléphone portable au volant. Chez les 45-59 ans, ce chiffre n'est que de 4%. Un sondage commandé par l'assurance Allianz montre même que 40% des automobilistes sortent leur téléphone portable en conduisant.
Des caméras et l'IA pour flasher les distraits
L'utilisation du téléphone portable au volant est déjà interdite par la loi à l'heure actuelle. Mais pour la conseillère nationale socialiste Gabriela Suter, attraper de temps à autre un conducteur en flagrant délit sur son natel ne suffit pas.
La socialiste souhaite pouvoir confondre les contrevenants sur leur téléphone à tous les coups. Mais comment? Avec des caméras et l'intelligence artificielle (IA)! Dans une intervention déposée vendredi dernier, l'Argovienne demande des projets pilotes de radars à téléphones portables. Autrement dit, la pose de caméras démasquant les utilisateurs de mobiles au volant.
Grâce aux radars à téléphones portables, l'interdiction du natel au volant serait mieux respectée, ajoute la politicienne pour justifier son dépôt: «Quand on sait qu'on risque d'être flashé, on se retient plus facilement d'enfreindre les règles.»
Déjà un franc succès en Allemagne
Gabriela Suter a reçu de nombreux retours positifs sur son idée, notamment de la part de la police cantonale d'Argovie. Celle-ci soutient le projet pilote de radars à téléphones portables en Suisse, comme l'explique une porte-parole interrogée par Blick.
En somme, les radars à portables sont déjà utilisés avec succès dans d'autres pays. Ils existent notamment aux Pays-Bas et dans l'État australien de South Wales: des caméras placées au-dessus de la chaussée prennent les conducteurs en photo à travers le pare-brise, grâce à l'IA qui détecte une utilisation interdite du téléphone portable. La plaque d'immatriculation est alors enregistrée.
La socialiste argovienne s'appuie également sur le succès de ces installations chez nos voisins du nord. Dans le Land allemand de Rhénanie-Palatinat, ces radars sont entrés en vigueur en 2022. Durant la phase de test, les infractions liées à la distraction ont pu être «au moins réduites de moitié», comme le souligne le ministre de l'Intérieur de Rhénanie-Palatinat Michael Ebling. De quoi donner un peu d'espoir.