La crainte de voir les voitures électriques chinoises prendre d'assaut le marché local circule depuis longtemps. En 2024, BYD est devenu le partenaire officiel de l'UEFA Euro 2024, signalant ainsi sa présence: nous arrivons en Europe. Après de longues péripéties, son lancement en Suisse est désormais imminent.
Le plus grand constructeur de voitures électriques de Chine est actuellement en train d'aménager un luxueux flagship store, une boutique qui servira de test avant l'ouverture de futurs points de vente, à proximité de la très chic Bahnhofstrasse de Zurich. Son ouverture est prévue pour mars ou avril et l'objectif est d'y construire un showroom sur deux étages, avec une galerie où l'on pourra admirer différents modèles.
Avec cette démarche, le constructeur chinois souhaitait donner un gros coup de pouce au groupe suisse Emil Frey. L'année dernière, BYD a annoncé au Salon de l'automobile de Genève l'avoir choisi comme partenaire de distribution pour le marché suisse. Fin juillet, on disait encore chez Emil Frey que la collaboration devait être développée «par étapes». Maintenant, on confirme que «malgré des discussions initiales concrètes, il n'y a jamais eu d'accord concret de distribution entre BYD et Emil Frey AG en Suisse».
Au coude-à-coude avec Tesla
Emil Frey a cependant trouvé un remplaçant: le plus grand concessionnaire automobile d'Europe est depuis peu l'importateur du constructeur chinois de voitures électriques Leapmotor. Ce dernier est toutefois un petit poisson parmi les géants chinois de fabrication de voitures électriques. En juillet seulement, Leapmotor a passé la barre des 400'000 véhicules vendus depuis la création de l'entreprise en 2015.
BYD, en revanche, est le numéro deux mondial après Tesla et a maintenant choisi la société China Harmony Auto comme partenaire de distribution en Suisse. Il s'agit de l'un des plus grands distributeurs automobiles de Chine, qui propose de nombreuses marques telles que Rolls-Royce, Bentley, Ferrari, BMW, Lexus et Jaguar.
En Autriche, par exemple, l'entreprise a connu un démarrage impressionnant, avec une croissance de plus de 400% des nouvelles immatriculations en 2024. Avec une part de marché de 8,3% pour les véhicules purement électriques, BYD a entre-temps atteint le Top 3 en Autriche et a même dépassé Tesla. En Allemagne, en revanche, les affaires ne sont pas aussi florissantes: l'année dernière, le constructeur chinois a vendu 2891 voitures électriques, ce qui correspond à une part de marché de seulement 0,1%. Malgré ce résultat, BYD s'est fixé des objectifs élevés en Allemagne. Dès cette année, l'entreprise veut vendre 50'000 voitures sur le territoire germanique.
Jusqu'à 150'000 voitures par an
BYD a un grand avantage: l'entreprise produit ses voitures dans son pays d'origine à un coût bien inférieur à celui de ses concurrents en Europe. C'est pourquoi l'UE a imposé l'année dernière des droits de douane de 27% sur les voitures électriques chinoises. Pour les contourner, BYD a annoncé en juillet dernier son intention de construire une usine automobile en Turquie pour un milliard de dollars. Une autre est également prévue en Hongrie. Celle prévue en Turquie devrait pouvoir produire à elle seule jusqu'à 150'000 voitures par an.
De son côté, la Bahnhofstrasse de Zurich se transforme de plus en plus en avenue de l'automobile. La marque américaine Cadillac a en effet loué un showroom de 600 mètres carrés dans l'ancien grand magasin Manor. Et depuis 2021, le constructeur coréen Genesis, filiale de Hyundai, est présent dans le centre-ville de Zurich avec un showroom de 2000 mètres carrés. Tesla est déjà présent depuis longtemps à quelques mètres de là, dans la Pelikanstrasse.
La nouvelle stratégie des constructeurs automobiles: sortir des zones industrielles grisâtres pour entrer dans les centres-villes branchés, où se trouve la clientèle jeune, urbaine et à fort pouvoir d'achat. Avec l'arrivée de BYD, c'est un nouveau colosse qui s'installe désormais sur le luxueux boulevard.
