Une ancienne apprentie raconte
20 ans après la faillite: «Swissair était ma vie»

Swissair s'est éteinte il y a vingt ans. Employés et apprentis se sont soudainement retrouvés à la rue. Notre journaliste économique Dorothea Vollenweider était de ces apprentis qui ont dû se réinventer après la fin de la mythique compagnie d'aviation suisse.
Publié: 02.10.2021 à 07:28 heures
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Dorothea Vollenweider, journaliste économique pour Blick, terminait son apprentissage chez Swissair lorsque l'entreprise a fait faillite.
Photo: Thomas Meier
Dorothea Vollenweider, Jocelyn Daloz (adaptation)

Vous rappelez-vous où vous étiez lorsque les avions de Swissair ont cessé de décoller, début octobre 2001? En ce qui me concerne, j’avais 18 ans et je travaillais à l’aéroport. Je faisais mon apprentissage commercial dans la compagnie aérienne. Travailler chez Swissair n’était pas un travail, c’était ma vie!

Nous, les apprentis, étions un groupe très soudé. Nous étions tous unis par notre fascination pour l’aviation. Pour certains, c’était les avions, ces géants en apesanteur. Pour moi, c’était l’ambiance à l’aéroport. Ce mélange international de personnes qui passaient dans les couloirs tous les jours. L’esprit d’optimisme. Tout ça était contagieux. L’aéroport était le début d’un voyage, l’ouverture du champ des possibles.

«J’ai admiré Beatrice Tschanz»

Et puis il y a eu Béatrice Tschanz, ancienne journaliste du Blick et spécialiste de la communication. Fin 1998, elle s’est fait connaître dans tout le pays comme la voix de Swissair. C’était lors de la conférence de presse après l’accident du SR 111 à Halifax. Elle s’adresse devant les médias de manière compétente, mais elle frappe surtout par sa compassion et son émotion à peine contenue.

Sa performance s’est gravée dans ma mémoire, j’admirais Beatrice Tschanz. Elle était un modèle féminin à une époque où les femmes étaient à peine représentées dans les étages supérieurs.

Tous ceux qui, comme moi, ont commencé un apprentissage dans la compagnie aérienne ne voulaient pas seulement finir leur apprentissage ici, puis continuer leur route. Nous avions planifié notre carrière, notre avenir professionnel chez Swissair. J’avais de grands rêves: après mon apprentissage, je voulais parcourir le monde pendant quelques années en tant qu’hôtesse de l’air. Après cela, j’aurai fait des études, et continué à travailler comme hôtesse de l’air en parallèle.

Des apprentis soudainement à la rue

La vie en a décidé autrement. Après la faillite, nous, les apprentis, nous sommes soudainement retrouvés à la rue. J’étais dévastée. Que faire? Beatrice Tschanz avait quitté Swissair peu avant sa faillite. Je me souviens m’être demandée comment elle nous aurait fait traverser la crise. Elle aurait trouvé les bons mots. Cela m’a réconforté. Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point le langage pouvait être un outil puissant.

Cela allait prendre quelques années de plus, mais au fil du temps, mon amour de l’aviation a été remplacé par une fascination pour les médias. J’ai décidé que faire le tour du monde en tant qu’hôtesse de l’air, ce n’était pas mon destin. Je préférais de loin rendre compte des événements importants du monde. Alors je suis devenue journaliste.

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