Une couronne somptueuse, un sabre étincelant, un vieux canon et un uniforme d’autocrate sud-américain: laissez place à Son Altesse Royale et Impériale Jonas Ier de Lauwiner, roi et empereur de Lauwin.
Jonas Lauwiner à la ville, et automaticien de profession, est un fan de l’époque absolutiste et entend bien créer son propre empire. Sur son site internet, il a posé les jalons de l’État sur lequel il règne en maître.
Un état qui, s’il n’a pas de reconnaissance diplomatique formelle ni de sujets à proprement parler, n’en a pas moins une assise territoriale… au milieu de la Suisse. Le jeune empereur de 27 ans a reçu pour son vingtième anniversaire un petit lopin de terre de son père. «C’était un sentiment indescriptible de posséder un bout de terrain», raconte-t-il. Il y a 200 ans, sa famille détenait plusieurs parcelles. Au fil du temps, la propriété s’est délitée à la suite de ventes et d’héritages qui l’ont scindée.
65’000 mètres carrés de terrain
Tel Alexandre qui hérita de la Macédoine, il décide d’étendre son emprise territoriale. «J’ai eu l’idée de 'conquérir' davantage de terres», nous explique Jonas Lauwiner. Non pas avec des armées, des armes de siège et des canonnades, mais par le biais d’achats ciblés: il acquiert des bâtiments, des routes privées et des forêts sans propriétaire. Ces terrains ne valent pas grand-chose, il s’en sort à bas prix. Selon ses propres dires, il possède aujourd’hui déjà environ 65’000 mètres carrés. Sa dernière conquête: un site industriel de 5800 mètres carrés à Burgdorf, dans le canton de Berne.
«Comme les royaumes me fascinent, j’utilise les termes de l’époque comme par exemple 'conquérir'», explique-t-il. Il s’est entouré de tout le cérémoniel royal du XIXe siècle, de l’uniforme aux décorations militaires. Il a même été couronné: la cérémonie a eu lieu en 2019 dans l’église de Nydegg, à Berne. «Je ne veux pas être oublié en tant qu’homme d’affaires. Je veux que l’on se souvienne de moi comme d’un roi», nous explique Son Altesse Royale.
«Toute la cérémonie a dû être planifiée avec précision. J’ai dû louer l’église». Si les personnes présentes étaient soit des proches, soit des acteurs engagés pour l’occasion, il n’en insiste pas moins: «Je suis maintenant roi sur mes terres. Mais je suis quand même un fier citoyen suisse, je respecte toutes les règles et les lois, je paie mes impôts.»
«Beaucoup de gens pensent que je suis d’extrême droite»
Il ne s’est pas arrêté au décorum de sa propre personne. «Un véritable empire a aussi sa propre monnaie. J’en ai une», se réjouit-il. Le «Vellar Impérial» est frappé à son effigie, une pièce valant environ 23 francs (à quand le statut de monnaie refuge?). Il dispose même d'un blason et d’un arbre généalogique remontant au XVIIe siècle. Il espère aussi recruter une Légion de l’Empire de Lauwin.
«Beaucoup de gens pensent que je suis d’extrême droite. Sans doute à cause du canon qui se trouve devant mon palais.» Mais ce n’est pas le cas, assure-t-il. «Je suis suisse, j’aime la structure et l’ordre militaire, mais je ne veux faire de mal à personne».
Jonas Lauwiner poursuit: «Certains pensent, à tort, que je veux envahir la Suisse ou créer une nation indépendante». Cela lui plaît simplement de construire une dynastie immobilière et de l’organiser à la manière d’une monarchie, afin de pouvoir laisser quelque chose à la postérité. «Léguer un jour cet empire est mon plus grand objectif», déclare le roi, auquel nous souhaitons une longue vie.
(Adaptation par Jocelyn Daloz)