L'émotion suscitée par la victoire de Nemo à l'Eurovision (ESC) de Malmö à la mi-mai continue de faire du bruit: Zurich, Genève, Bâle et Berne – mais aussi Bienne, la ville natale de Nemo, ont désormais déposé leur dossier de candidature pour organiser l'événement en Suisse en 2025. Mais au-delà de la joie du triomphe, qu'en est-il de l'acceptation de la plus grande fête musicale du monde par la population suisse?
Lors de l'enquête représentative menée par Sotomo pour le compte de Ringier, la question suivante a été posée aux répondants: «Êtes-vous favorable à ce que la Suisse, et donc la SSR, accueille le Concours Eurovision de la chanson en 2025?»
Les réponses des 24'720 participants à l'enquête montrent que ce méga-événement divise le pays. Une légère majorité de la population se dit actuellement plutôt ou clairement sceptique à son égard, même si rien ne changera quant à son organisation. 49% des personnes interrogées – parmi lesquelles 36% sont clairement sceptiques et 13% plutôt sceptiques – sont contre l'ESC. 46 % s'en réjouissent – 27% clairement, 19% disent plutôt oui. 5% des personnes interrogées ne se sont pas encore forgé d'opinion sur la question.
Les femmes et les jeunes sont plus bienveillants
Les réponses au sondage permettent de tirer cinq autres conclusions intéressantes concernant le sexe, l'âge, la formation, la langue et l'orientation politique.
Les femmes considèrent l'organisation de l'ESC en Suisse comme plutôt positive – contrairement aux hommes. 51% des femmes interrogées sont bien disposées à son égard, 42% sont sceptiques. Chez les hommes, 42% sont pour, 54% contre.
En ce qui concerne l'âge, on peut dire que le scepticisme augmente légèrement avec la durée de vie. Entre 18 et 35 ans, 47% sont contre et 46% pour. Entre 36 et 55 ans, 45% sont contre et 49% pour. Chez les plus de 55 ans, 52% s'y opposent et 43% y sont favorables.
Les universitaires et les Romands sont davantage emballés
En ce qui concerne le niveau d'éducation, les chiffres collectés entre le 21 et le 26 juin le prouvent: plus le niveau de formation est élevé, plus le soutien envers l'événement est important – surtout chez les universitaires. Chez les personnes ayant suivi la scolarité obligatoire et un apprentissage professionnel, 43% sont pour, 52% contre. Les titulaires d'une maturité ou d'une formation professionnelle supérieure sont 42% à être enjoués et 52% à ne pas l'être. L'emballement augmente chez les personnes ayant un diplôme universitaire ou d'une haute école spécialisée: ici, 57% sont pour et 35% sont contre.
On constate également un petit Röstigraben au niveau des régions linguistiques: chez les Romands, 55% se prononcent en faveur de l'ESC, 38% contre. Les Suisses alémaniques sont 43% à saluer l'ESC, 52% à s'y opposer.
Les bourgeois s'opposent à l'événement
Au niveau de l'orientation politique finalement, on constate que l'ESC est majoritairement approuvé dans le camp socialiste et écolo, alors que les personnes plutôt à droite ont tendance à le rejeter. Cela est probablement aussi lié au débat sur Nemo et l'introduction d'un éventuel troisième sexe dans la Constitution suisse. Les électeurs des Vert-e-s sont à 72% pour, à 21% contre. Chez les sympathisants du Parti socialiste (PS), 68% sont pour et 24% contre.
La situation est inverse du côté de l'UDC: ici, 74% sont contre, 23% pour. Les partisans du Parti libéral-radical (PLR) se prononcent plutôt contre l'Eurovision: 45% sont pour, 51% sont contre. Les électeurs du Centre et des Vert'libéraux le soutiennent majoritairement: 56% sont pour et 38% sont contre, respectivement 60% et 35%.