Une tragédie a endeuillé la caserne de Bremgarten, dans le canton Argovie: lors d'un exercice d'école de recrues, un coup de feu a été tiré par un fusil d'assaut depuis un véhicule militaire. Le soldat Justin M.*, 22 ans, a été touché et n'a pas survécu. La justice militaire a ouvert une enquête. Mais pour Hansjörg Langenegger, ancien lieutenant-colonel de l'armée suisse qui a officié dans un stand de tir jusqu'en 2011, il est clair qu'une erreur humaine est à l'origine de l'accident.
En ligne, les critiques s'abattent sur l'Armée suisse. Un tel incident impliquant une arme n'est pas un cas isolé, dit-on. «Ce genre de choses arrive tout le temps, je m'étonne que quelqu'un ne soit pas plus souvent tué ou blessé», écrit un utilisateur sur Reddit. Un autre raconte que lorsqu'il était ambulancier, un soldat s'est lui-même tiré accidentellement dans la jambe. «Au cours de ma modeste carrière militaire, des dizaines de close calls (ndlr: quasi-accidents) se sont produits dans mon entourage proche, dont malheureusement un fatal», écrit un autre. Et de conclure: «On est beaucoup trop laxiste avec le fusil à l'armée.»
Moins d'accidents qu'il y a dix ans
Marc Baumann, instructeur de tir et expert en sécurité personnelle, voit lui aussi un problème dans l'armée suisse: «La discipline en matière d'éducation à la sécurité et de maniement des armes a clairement diminué ces dernières années», déclare-t-il au média alémanique «20 minuten». Il est d'ailleurs persuadé que la concentration au sein des troupes a diminué au fil du temps.
L'armée suisse a-t-elle un problème aux niveaux de la discipline et du maniement des armes? Un coup d'œil sur les statistiques de l'assurance militaire montre que les accidents avec des armes n'ont pas augmenté au cours des dix dernières années, bien au contraire. Alors qu'en 2012, 224 accidents liés aux armes ont été enregistrés, ils n'étaient plus que 102 en 2022. La majeure partie des accidents entraîne des dommages dentaires chez les personnes concernées.
En 2022, 58 cas de ce type ont été enregistrés. Les accidents ayant entraîné des traumatismes sonores se sont produits 26 fois et les autres types accidents d'armes 18 fois. En revanche, les accidents évités de justesse, comme ceux décrits par les utilisateurs, ne figurent pas dans les statistiques.
Or, les accidents liés à l'utilisation d'une arme sont plus fréquents chez les soldats de milice que chez les militaires professionnels.
* Nom connu de la rédaction