Un rapport interne craint la panne totale
Le système de surveillance de l'espace aérien suisse est obsolète

Le système de surveillance de l'espace aérien suisse est vieillissant et défaillant, au point de présenter un risque de panne totale, révèle la «NZZ am Sonntag». Une situation délicate décrite dans un rapport interne de l'armée.
Publié: 08.12.2024 à 11:48 heures
|
Dernière mise à jour: 08.12.2024 à 11:50 heures
Malgré un manque de pièces de rechange et de personnel formé, le remplacement de l'ancien modèle de radar Florako a été retardé de plusieurs années, déplore un rapport interne de l'armée.
Photo: Keystone
Capture d’écran 2024-09-17 à 11.24.33.png
Ellen De MeesterJournaliste Blick

L'armée suisse est confrontée à un problème de taille. D'après un rapport interne sur la gestion de la qualité consulté par la «NZZ am Sonntag», les systèmes de surveillance de l'espace aérien et de guidage des avions de combat sont devenus obsolètes. 

Pour résumer, l'ancien système de radars Florako, en place depuis vingt ans et désormais dépassé, ne pourra pas être remplacé par son moderne successeur français, Skyview, avant plusieurs années. Alors que sa mise en place était prévue en 2025, le malheureux retard oblige l'armée à poursuivre avec l'ancien fonctionnement, auquel très peu de personnes sont formées. Et ces précieux spécialistes, eux-mêmes «vieillissants», risquent de devenir de plus en plus rares. Le rapport déplore en outre que les pièces de rechange de l'appareil de surveillance commencent à manquer cruellement: pas étonnant, puisque l'époque Florako était censée déjà être quasiment révolue en 2024. 

Un risque de surchauffe

En plus de menacer l'efficacité de la surveillance aérienne, et donc la sécurité nationale, cette défaillance risque ainsi de provoquer une panne totale, souligne le média dominical, qui compare le fameux rapport interne à une «comédie burlesque». Le document déplore en effet une installation inadaptée pour les phases test du nouveau système, avec une «climatisation trop faible», qui pourrait mener à la surchauffe de l'appareil. 

Selon le texte, les mesures prises sont largement «insuffisantes» pour garantir le fonctionnement du système, qui deviendrait crucial en cas d'urgence nationale.

L'armée se veut rassurante

Le chef de l'armée Thomas Süssli, contacté par nos confrères, considère ce dossier comme une «priorité absolue» pour garantir la protection de la Suisse. Or, il tend à dédramatiser le contenu du rapport interne, qu'il considère comme peu objectif, trop focalisé sur des risques potentiels et manquant de «vision globale». 

Ainsi qu'il le garantit auprès de la «NZZ am Sonntag», des solutions ont été trouvées pour assurer le bon fonctionnement de Florako jusqu'en 2031, le temps d'introduire le très ambitieux Skyview, qui dépend d'une nouvelle plateforme de numérisation très complexe. 

En octobre dernier, la RTS annonçait déjà la suspension de sa mise en place, alors que 150 millions avaient été alloués à son installation, suivis de 159 millions supplémentaires, en 2023. Un total de 300 millions, donc, pour un projet en retard. En cas d'échec prolongé, nos confrères de la «NZZ am Sonntag» estiment que le chef de l'armée pourrait risquer son poste. 

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la