La Suisse doit renforcer ses activités de contre-espionnage, estime le Procureur général de la Confédération Stefan Blättler. L'enquête menée contre un espion russe présumé n'est pas un cas isolé, indique le magistrat dans une interview sans donner plus de détails.
En communiquant de manière plus détaillée sur cette affaire, le Ministère public de la Confédération (MPC) a voulu donner un signal, explique Stefan Blättler dans une interview publiée mercredi par la Neue Zürcher Zeitung. Autrement dit: «Vous ne pouvez pas simplement nous marcher sur les pieds».
Quelques semaines avant la conférence sur la paix en Ukraine, les autorités suisses ont arrêté un agent russe présumé. L'affaire a été révélée par Tamedia. Selon cette source, l'homme avait noué des contacts en vue de se procurer des armes et des substances dangereuses en plusieurs endroits du pays. Aucun indice de préparatifs d'attentat en Suisse n'a été mis finalement en évidence, comme l'a indiqué mardi le MPC à Keystone-ATS.
Stefan Blättler justifie sa retenue dans l'interview de mercredi par le fait que des intérêts différents sont touchés dans le cas des délits contre la sécurité de l'Etat que dans le cas des autres délits. «Si nous ne communiquons rien, ça ne veut pas dire que nous ne faisons rien». La poursuite pénale est un élément important dans le dispositif de sécurité de la Suisse.
«Lorsque les valeurs de la Suisse sont attaquées, cela doit aussi entraîner des conséquences»
Par sa culture et ses idéaux, la Suisse est ancrée dans le monde occidental et elle est attachée à ses valeurs, indique le Procureur général. «Lorsque ces valeurs sont attaquées, cela doit aussi entraîner des conséquences pénales.»
La menace que font peser sur la Suisse les services d'espionnage étrangers, russes et chinois en particulier, demeure élevée, a indiqué une porte-parole du Service de renseignement de la Confédération (SRC) à Keystone-ATS, confirmant les informations de Tamedia.
Actuellement, la menace la plus importante vient des services russes. Le réseau d'espions russes agissant en Suisse sous couverture diplomatique serait le plus dense d'Europe. Cela serait notamment dû, selon le SRC, au grand nombre d'organisations internationales établies en Suisse.