Le camp bourgeois se frotte les mains et attend avec impatience le 25 septembre. Car ce jour-là, un mythe risque bien d'être enterré. La droite pourrait enfin gagner face à la gauche sur un sujet qui concerne les retraites.
Si l'on en croit un sondage de la SSR, c'est précisément ce qui va se passer: 59% des personnes interrogées se prononcent en faveur de la réforme de l'AVS et donc de l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans.
Si la réforme passe, le PS perdra sur un sujet habituellement phare de son programme. D'autant plus avec l'AVS, dont l'ancien conseiller fédéral socialiste Hans-Peter Tschudi (1913-2002) est considéré comme le père, après l'avoir massivement développée pendant son mandat. Le PS risque alors de voir son image ternie sur la question sociale, voire pire: y perdre son pouvoir.
Des conséquences pour les élections?
Un dommage qui pourrait avoir des répercussions négatives sur les élections nationales de 2023. Le duo de tête du parti, Mattea Meyer et Cédric Wermuth, se retrouverait sous pression. Perdre sur un grand sujet ancré à gauche un an avant les élections donnerait des ailes à la concurrence bourgeoise.
Cédric Wermuth et Mattea Meyer possèdent pourtant plusieurs succès en votation à leur actif. L'initiative sur les soins a été remportée par la gauche, tout comme l'initiative contre le tabac. Et le PS a quasiment fait cavalier seul sur le droit de timbre. Des positions qui laissaient admirative même la droite. Cette dernière s'étonne donc que le PS n'ait pas saisi l'opportunité de mener une campagne forte contre la réforme de l'AVS.
Une campagne mal ficelée?
Sans empoigner rapidement le sujet, le PS a semblé se concentrer sur l'impôt anticipé en début de campagne pour le 25 septembre, laissant aux syndicats le soin de prendre le relais sur l'AVS. Au lieu de consacrer l'essentiel des fonds de la campagne - soit tout de même 450'000 francs - à la votation sur la réforme, le PS a réparti les fonds à parts égales entre les deux projets. Ce n'est que récemment que l'accent a été mis davantage sur l'AVS, lors d'un «sprint final», selon les propres mots du porte-parole du PS Nicolas Häsler.
Les efforts fournis rendent la campagne bien plus visible désormais, c'est un fait. Cela suffira-t-il pour éviter la défaite? Vu du Palais fédéral, il est certain que la nervosité est palpable chez certains parlementaires socialistes. Bien sûr, un non serait un «mauvais signal», estime l'une d'elles. Mais personne ne veut faire de cette votation sur l'AVS une question décisive pour la suite.
«Nous continuons à nous battre»
D'autant que le parti a encore la ferme intention d'obtenir une victoire dans les urnes. «Nous continuerons à nous battre jusqu'au 25 septembre, assure Mattea Meyer. Sans cela, ce sont les femmes et les couples mariés qui paieront la facture des 7 milliards de francs économisés avec le projet de démantèlement de l'AVS.»
Pour elle, le reproche fait au parti de s'être trop concentré sur l'impôt anticipé et d'avoir trop tardé à lancer la campagne AVS n'a pas lieu d'être. «Depuis des semaines, je participe à des actions de rue ou à réunions pour lutter contre la réforme de l'AVS. Nous sommes nombreux à le faire!», clame-t-elle.
«Ce qui est décisif maintenant, c'est la mobilisation finale, et nous allons encore mettre les bouchées doubles», affirme Mattea Meyer. Elle espère que la décision du Conseil des Etats d'ajourner la réforme du deuxième pilier lui donnera un coup de pouce: «On a promis aux femmes de meilleures rentes, mais elles continuent à avoir les mains vides.» Après tout, il reste encore deux semaines avant le résultat final.
(Adaptation par Thibault Gilgen)