Lors de cet hiver particulièrement chaud, les stations de ski suisses se divisent en deux catégories. Pour les domaines skiables de Suisse occidentale – dans les cantons de Vaud et du Jura ainsi que dans une partie de l'Oberland bernois – l'heure est à l'inquiétude. Dans les hautes Alpes en revanche, soit dans les Grisons ou en Valais, l'ambiance dans les stations plus haut perchées est détendue. «Nous profitons de la situation actuelle et nous vivons un hiver record depuis début décembre», déclare Daniel Luggen, directeur du tourisme à Zermatt (VS).
Cela n'est pas dénué de logique, les clients qui avaient prévu des vacances de ski à moyenne altitude se rendent désormais dans des destinations de haute montagne telles que la station valaisanne. «Nous avons eu quelques demandes de personnes qui souhaitaient changer leur réservation pour venir chez nous, notamment en provenance d'Autriche», explique Nicolas Burgener, directeur de l'Alpine Hotel Perren. Un coup d'œil sur les livres de comptes donne de l'espoir à l'hôtelier: «L'état des réservations me semble parfait pour janvier.»
Hôtels complets et pistes bondées
Au regard des cinq dernières années, les remontées mécaniques valaisannes font partie des grands gagnants avec 5% de nouveaux clients et 9% de chiffre d'affaires en plus. Dans de nombreuses régions du canton, les conditions d'enneigement sont bonnes à très bonnes, et pratiquement toutes les pistes sont ouvertes. La météo a été favorable pendant les Fêtes.
Sur le domaine de l'Aletsch Arena (VS), les caisses sont remplies: «Nous avons compté 3% de clients supplémentaires pour les remontées mécaniques pendant les fêtes de fin d'année par rapport à l'année dernière, et les hôtels étaient presque complets», déclare la porte-parole Monika König. À Saas-Fee et dans la vallée de Saas, il y a également eu plus de monde sur les pistes par rapport à la saison dernière, qui avait déjà enregistré une bonne affluence. C'est ce que confirme Mattia Storni, responsable du marketing et de la communication de Saastal Tourismus. «Le taux d'occupation de l'hôtellerie et de la parahôtellerie a aussi été excellent cette année», ajoute-t-il.
Les petites destinations en profitent aussi
Les grandes stations ne sont pas les seules à profiter du manque de neige en basse altitude. Des destinations plus modestes en tirent aussi profit, pour autant qu'elles disposent d'installations d'enneigement bien développées. C'est le cas de Bellwald, toujours en Valais. «Les gens sont surpris de la qualité des pistes. Nous avons plus de premières entrées (ndlr: nouveaux clients) que l'hiver dernier et nous pouvons aussi accueillir plus d'excursionnistes», explique le directeur des remontées mécaniques, David Wyssen.
Dans les Grisons aussi, l'ambiance peut rester hivernale à la montagne. Les remontées mécaniques ont certes subi un recul de 7% des premières entrées en moyenne sur cinq ans, mais elles ont augmenté leur chiffre d'affaires de 6%. Comme en Valais, cela est dû en partie aux augmentations de prix. Les modèles de tarification dynamiques ont eu un certain impact. Comme les clients ont acheté leurs forfaits de ski beaucoup plus rapidement, ils ont dû renoncer à des rabais.
Le domaine skiable d'Arosa-Lenzerheide (GR) se réjouit d'avoir réalisé un chiffre d'affaires comparables à ceux des années précédentes, selon le porte-parole, Stefan Reichmuth: «Nous ne nous y attendions pas forcément.» Le beau temps et de nombreux achats de billets à court terme y ont contribué. Il a toutefois manqué un hiver digne de ce nom dans les régions de Zurich, Aarau et Saint-Gall, d'où arrivent de nombreux clients.
L'hôtellerie grisonne affiche un gros plus
En haute montagne, le domaine skiable de Saint-Moritz (GR) se situe légèrement au-dessus de la moyenne des cinq dernières années en ce qui concerne les nouveaux clients. À Samnaun et Scuol, également dans les Grisons, les responsables sont là aussi satisfaits de l'affluence. «La garantie d'enneigement dans nos domaines skiables a certainement contribué à ce que certains clients se tournent vers nous à la dernière minute», déclare le porte-parole, Roger Kreienbühl.
L'hôtellerie grisonne se porte d'ailleurs à merveille. «Nous avons enregistré une hausse de 5% des nuitées en décembre et une augmentation encore plus forte du chiffre d'affaires», assure Ernst Wyrsch, président de la section grisonne d'Hotelleriesuisse. Les clients ont dû mettre la main à la poche en raison de leurs nouvelles habitudes de réservation à court terme pendant les périodes de forte affluence. Le caractère très éphémère de l'hiver en cours inquiète toutefois Ernst Wyrsch: «Avec les températures douces en plaine, l'ambiance hivernale pourrait se dissiper plus rapidement que les autres années.»