Un économiste s'inquiète pour la Suisse
Avoir une seule grande banque est une «catastrophe pour la démocratie»

Une place financière suisse avec une seule grande banque est une catastrophe pour la démocratie et la politique monétaire, estime l'économiste Urs Birchler. La concurrence va en souffrir et il ne sera plus possible de légiférer de manière neutre, lâche-t-il.
Publié: 22.03.2023 à 07:03 heures
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Dernière mise à jour: 22.03.2023 à 07:22 heures
UBS a désormais une énorme influence, y compris sur la BNS et sur sa politique monétaire, estime Urs Birchler (archives).
Photo: ENNIO LEANZA

«Si le monde politique traite désormais des lois sur les banques, ce sera toujours une loi contre un établissement en particulier: UBS», déclare Urs Birchler, l'un des pères de la réglementation «too big to fail», dans un entretien diffusé mercredi par Republik, trois jours après la reprise de Credit Suisse par UBS. «Une législation qui n'a pas une certaine neutralité de base est délicate.» Il estime que n'avoir qu'une seule grande banque est une «catastrophe pour la démocratie».

Bien qu'il existe encore un certain contrepoids sur le marché hypothécaire, grâce aux banques cantonales notamment, la concurrence est menacée, remarque l'expert, qui a fait partie de la direction de la Banque nationale suisse (BNS). Selon lui, les petites banques risquent d'aligner leurs taux sur ceux d'UBS. «On peut s'attendre à ce que les hypothèques, par exemple, aient tendance à devenir un peu plus chères.»

Le poids de Credit Suisse inquiète Urs Birchler, l'un des pères de la loi «too big to fail».
Photo: Keystone

«Un enfant unique»

«Tout va de travers maintenant, note Urs Birchler. UBS est désormais comme un enfant unique sorti du cadre familial, un enfant unique qui génère un bilan deux fois plus important que le revenu annuel de ses parents.» Cette situation confère à UBS une grande influence, y compris sur la BNS et sur sa politique monétaire, ajoute-t-il.

Et le droit de la concurrence, le droit des actionnaires, le droit de la prise de contrôle et le droit de propriété ont été bafoués pour arriver à ce résultat, relève le professeur émérite à l'institut de la banque et de la finance de l'université de Zurich. «La Suisse n'est plus la même aujourd'hui qu'il y a deux semaines. La sécurité juridique n'existe plus».

(ATS)

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