Un économiste doute du nouveau président de la BNS
«Il manque malheureusement d'expérience dans l'industrie financière»

En tant que futur président de la BNS, Martin Schlegel occupe l'un des postes les plus importants du pays. L'industrie, les associations et les autorités le félicitent. Un économiste exprime des réserves.
Publié: 27.06.2024 à 15:23 heures
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Le nouveau président de la BNS, Martin Schlegel, suscite des réactions diverses parmi les experts financiers.
Photo: keystone-sda.ch
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Martin Schmidt et Ulrich Rotzinger

L'économiste Klaus Wellershoff est partagé sur le choix du futur directeur de la BNS: «Martin Schlegel est un représentant très compétent d'une jeune génération de banquiers centraux. Il est un successeur valable de Thomas Jordan.»

Ce spécialiste des marchés financiers émet toutefois des réserves quant au CV du nouveau venu. «Le seul employeur de Martin Schlegel s'appelait la BNS.» Il a été à l'école à Zurich, y a fait ses études et, à l'exception de deux ans à Singapour, n'a travaillé qu'à Zurich. «Il représente donc un type de continuité qui ne devrait plus exister aujourd'hui. Il lui manque malheureusement toute expérience dans l'industrie financière.»

Fait-il les frais de «l'expérience de politique monétaire»?

L'actuel vice-président de la BNS Martin Schlegel était depuis longtemps considéré par les connaisseurs comme le favori de la couronne pour succéder à Thomas Jordan. Des candidats externes ont quand même été examinés, souligne la ministre des Finances Karin Keller-Sutter lors de la conférence de presse. «Il est inquiétant qu'il n'y ait apparemment pas eu de deuxième candidature sérieuse dans tout le processus. La BNS, le Conseil de banque et le Conseil fédéral ne font pas un bon piège», déclare Klaus Wellershoff.

Martin Schlegel devra prouver dès le début de son mandat qu'il n'est pas qu'un décalque de son père nourricier Thomas Jordan. La Banque nationale suisse a actuellement atteint son objectif de stabilité des prix. Mais Klaus Wellershoff est préoccupé par l'énorme somme du bilan de la Banque nationale.

La BNS a «acheté» la stabilité des prix pendant des années avec une politique monétaire très souple. «L'expérience de politique monétaire de Thomas Jordan ne sera terminée que lorsque tout sera rentré dans l'ordre. Nous devons nous souhaiter, ainsi qu'à Martin Schlegel, qu'il ne soit pas maintenant confronté aux coûts d'une politique monétaire aussi risquée», conclut l'économiste.

Pour Klaus Wellershof, la BNS n'est pas idéalement positionnée avec sa future direction. Avec Petra Tschudin, c'est une interne qui remplace Martin Schlegel à la direction générale. «Avec cette nomination, le directoire ne compte plus que des membres qui ne connaissent l'économie que par les livres et la perspective des banques centrales. Si la tour d'ivoire règne, le risque est grand que les effets réels de la politique de la BNS soient évalués de manière irréaliste par la direction.»

Des félicitations et un rappel

Du côté de l'association économique Economiesuisse, on accueille le successeur de Jordan avec des mots élogieux. «Martin Schlegel apporte une vaste expérience et de très bons résultats. J'attends du nouveau président de la BNS qu'il poursuive la politique monétaire menée jusqu'ici avec succès», déclare Rudolf Minsch, chef économiste d'Economiesuisse. La présidente de la Finma, Marlene Amstad, fait part de ses félicitations pour l'élection et se dit convaincue que les deux autorités continueront à bien collaborer.

Le directeur de Swissmem Stefan Brupbacher félicite également Martin Schlegel pour son élection et souligne l'importance de sa future position. «Pour Swissmem, l'indépendance de la BNS est centrale.»

Selon lui, la BNS doit continuer à remplir son mandat légal et à assurer la stabilité des prix. Dans le cadre de ce mandat, la BNS est en outre tenue d'empêcher des réévaluations choquantes et une surévaluation massive du franc suisse, dans la mesure où la stabilité des prix le permet, selon Brupbacher. «Cela a généralement bien réussi ces dernières années.»

Du point de vue de Swissmem, l'abolition du taux plancher de 1,20 franc pour un euro introduit par la BNS début 2015 a probablement été une exception. L'association professionnelle avait alors vivement critiqué cette mesure surprenante.

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