Le conseiller national UDC et éditeur de la «Weltwoche» Roger Köppel ne mâche pas ses mots, même lorsqu’il s’agit de son propre parti. Ce week-end, l’ancien conseiller fédéral Ueli Maurer a fait sensation lors de la traditionnelle réunion des cadres UDC à Horn, en Thurgovie: «L’UDC est dans l’impasse», avait-il alors diagnostiqué.
Roger Köppel n'a pas voulu laisser passer cette sortie, même s’il n’était pas présent lui-même lors de la prononciation du discours. Dans son émission Weltwoche Daily, le conseiller national a répliqué. Selon lui, laisser à Ueli Maurer la grande entrée en scène à la fin de la réunion était une erreur.
«Il n'a jamais été le grand stratège»
Auparavant, le doyen de l’UDC Christoph Blocher clôturait les séances. «Personne ne peut l’égaler à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur du parti», assure Roger Köppel avec conviction. En ajoutant: «Ueli Maurer n’a jamais été un grand stratège.»
Aujourd’hui, Ueli Maurer a fait quelque chose que l’on ne devrait en aucun cas faire, surtout en année électorale, tonne le mécontent. L’ancien conseiller fédéral a notamment parlé de l’avenir et de l’essence de l’UDC. «À quoi cela sert-il?», s’énerve Roger Köppel. Un parti qui s’occupe avant tout de lui-même n’est finalement pas pertinent pour le citoyen, pour l’électeur, estime-t-il.
Vague de critiques
Un ancien conseiller fédéral devrait parler de la Suisse, de ses problèmes et défis, estime l’éditeur de la «Weltwoche». Son rôle n’est pas de «critiquer des faiblesses ou des problèmes réels ou imaginaires.» Il devrait dire ce que le parti doit faire, où se situe le centre de gravité, selon lui.
Avant d’ajouter: «Si l’UDC devient en plus une manifestation psychothérapeutique, alors nous n’aurons plus aucun parti en Suisse qui ait la force de s’accrocher aux piliers de l’État.»
L’UDC en mode «auto-destruction»
Pour Roger Köppel, il est incompréhensible que son parti soit depuis un an «dans une sorte de mode d’autodestruction». Le fait qu’il puisse lui-même y contribuer régulièrement par ses critiques ne semble pas le déranger.
Avant les élections fédérales, le politicien s’était emporté contre l’UDC et son ancien chef de parti Toni Brunner lorsque celui-ci s’est prononcé en faveur d’un ticket féminin. Il avait alors critiqué le fait que «son» UDC s’était laissée entraîner dans «ce bavardage décadent sur des questions secondaires.»
L’intervention de Maurer est «égarée»
Aujourd’hui, le jugement du conseiller national tranche à nouveau: l’intervention d’Ueli Maurer était «assez éloignée» et «égarée». Dans une année électorale, qui marque aussi les 175 ans de la Constitution fédérale, il aurait fallu parler de cette dernière, estime-t-il.
Et il n’est pas le seul à avoir cette idée. La chef d'Opération Libéro Sanija Ameti et le président du Centre Gerhard Pfister se sont montrés en début d’année de fervents défenseurs d'un patriotisme constitutionnel. Roger Köppel s’en émeut également dans son émission, sans doute parce qu’il aimerait voir l’UDC s’emparer du thème de la Constitution.