Un cuisant échec pour les Jeunes Vert-e-s
Le mouvement climatique tourne-t-il en rond?

Le 9 février, l'initiative sur la responsabilité environnementale des Jeunes Vert-e-s a été soumise au vote. Comme on pouvait s'y attendre, elle s'est soldée par une défaite douloureuse. Mais pas seulement au niveau du résultat.
Publié: 10.02.2025 à 18:05 heures
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La votation sur l'initiative sur la responsabilité environnementale s'est soldée par un échec pour les Jeunes Vert-e-s.
Photo: keystone-sda.ch
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Nastasja Hofmann, Tobias Bruggmann et Joschka Schaffner

Peu après 12 heures, il était déjà clair que Magdalena Erni et les jeunes Vert-e-s allaient faire naufrage avec leur initiative sur la responsabilité environnementale. La Suisse ne veut pas entendre que notre économie consomme plus que la quantité de ressources à laquelle le pays aurait en fait droit par rapport au reste du monde.

Pour le ministre de l'Environnement Albert Rösti, il est clair que «le non n'est certainement pas un non à la protection de l'environnement», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi le résultat de la votation. Il s'agit plutôt d'un non à une vie radicalement différente. «Nous prenons soin de notre nature, mais nous le faisons avec prudence.»

Les paroles de Rösti reflètent la volonté d'une petite partie du peuple votant (le faible taux de participation s'élevant à 38%). Mais c'est un nouveau revers pour le mouvement climatique.

«Lorsque ça devient personnellement contraignant, c'est plutôt non»

Selon les sondages, le changement climatique reste l'une des plus grandes préoccupations des électeurs suisses. En 2023, le peuple a même ancré dans la loi fédérale l'objectif net zéro d'ici à 2050, ce qui est inhabituel. Et l'année suivante, la Suisse a envoyé un signal clair en faveur du tournant énergétique en acceptant la loi sur l'électricité.

Le non tranché à l'initiative sur la responsabilité environnementale reflète toutefois le fait que la protection du climat perd à nouveau de l'importance par rapport à d'autres défis politiques, et c'est particulièrement vrai lorsqu'il s'oppose à l'économie.

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Pour des projets futurs, comme l'objectif net zéro, les gens sont plus disposés à dire oui
Cloé Jans, politologue
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«Lorsque cela devient personnellement contraignant, lorsque des interdictions ou des prix plus élevés menacent, on dit plutôt non», rappelle la politologue Cloé Jans sur Blick TV à propos de projets passés. «Pour des projets futurs, comme l'objectif net zéro, les gens sont plus disposés à dire oui.»

Des incitations plutôt que des interdictions?

La politique et le peuple préfèrent donc les incitations aux interdictions. Ainsi, la nouvelle tentative de réédition de la loi sur le CO2, entrée en vigueur au début de cette année, mise principalement sur des aides financières, des développements technologiques et un nouveau transfert des objectifs de réduction à l'étranger.

Mais cela suffira-t-il vraiment pour atteindre les objectifs fixés? L'année dernière, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Suisse. Selon elle, la Confédération en fait trop peu pour protéger l'espèce humaine des conséquences du réchauffement climatique. Mais Le Conseil fédéral et le Parlement ne voient pas la nécessité d'agir. Avec les nouvelles lois, la Suisse estime qu'elle s'y conforme déjà. La commission des ministres du Conseil de l'Europe décidera en mars si elle est du même avis.

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Ce n'est pas comme si toutes les préoccupations environnementales n'avaient aucune chance auprès de la population, mais ce n'est certainement pas gagné d'avance
Cloé Jans, politologue
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Des revers menacent non seulement les marchés politiques, mais aussi les marchés privés: comme le rapporte la «Sonntagszeitung», moins de pompes à chaleur ont été achetées, et la voiture électrique n'est plus aussi populaire. Quant à l'énergie solaire, on s'attend à un recul en 2025.

Parallèlement, le programme d'économies doit permettre de faire des coupes dans le programme de construction. Les objectifs en matière de décarbonisation, par exemple des chauffages, sont très élevés et très ambitieux, admet Albert Rösti. On constate une certaine saturation du rythme. «Je pars du principe qu'avec l'entrée en vigueur de la loi sur le climat et l'innovation, des progrès devraient à nouveau être réalisés dans ce domaine.» Il y aurait là de nouvelles possibilités de soutien, par exemple pour les immeubles collectifs.

«Ce n'est pas gagné d'avance»

Malgré tout, la protection de l'environnement et du climat reste d'actualité, selon la politologue Cloé Jans. Et la situation n'est pas encore totalement désespérée, selon elle: «Ce n'est pas comme si toutes les préoccupations environnementales n'avaient aucune chance auprès de la population, mais ce n'est certainement pas gagné d'avance.»

Ainsi, le peuple devrait bientôt voter sur un fonds pour le climat, mais aussi sur la possibilité de construire de nouvelles centrales nucléaires. L'UDC met même sur le tapis une sortie de l'accord de Paris sur le climat, comme l'ont déjà fait les Etats-Unis. Mais même le conseiller fédéral UDC Albert Rösti s'y oppose, comme il l'a déclaré lors de la conférence de presse. En disant oui à la loi sur la protection du climat, le peuple a confirmé les objectifs de l'accord.

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