Un coucher de soleil qui coûte bonbon
Deux pilotes d'avion se prennent en photo avant de se percuter

Deux petits avions se sont entrechoqués au-dessus de Ballwil dans le canton de Lucerne, début 2024. Les pilotes ont réussi à atterrir d'urgence, mais non sans dégâts. Un rapport révèle désormais que la cause pourrait être... des photos, prises en plein vol.
Publié: 09.10.2024 à 14:01 heures
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Dernière mise à jour: 09.10.2024 à 15:08 heures
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Un des avions est sévèrement endommagé.
Photo: Luzerner Polizei
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Janine Enderli

Le 21 janvier 2024, deux amis pilotes ont fait décoller leurs petits avions de l’aérodrome de Rarogne, en Valais. Destination Birrfeld, en Argovie. Mais, en plein vol, la nuit tombante, le sexagénaire et le quinquagénaire se sont adonnés à une petite séance photo; ils voulaient s’immortaliser parmi, aux commandes de leurs coucous (comme ils l’avaient déjà fait auparavant).

Conséquence: un choc. Les deux avions se sont touchés à une haute altitude. Par chance, les pilotes et leurs passagers ont survécu à l’incident. Aujourd’hui, environ huit mois après ces faits, le rapport du Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) sur cet épisode est tombé. Il est accablant: la collision – heureusement pas dramatique – a bien été induite par imprudence.

Avant le décollage, le jour de l’accident, les pilotes ont convenu de se rejoindre au-dessus d’Andermatt, dans le canton d’Uri, puis de poursuivre leur vol ensemble. «Il a été convenu que des photos de l’autre avion seraient prises, après accord entre les pilotes, mais exclusivement par les passagers», indique le rapport.

Photos prises au coucher du soleil

Les pilotes ont déjà effectué des vols similaires par le passé. «Ils sont toujours partis du principe que l’avion qui les précède conserve la même direction, la même altitude et la même vitesse. Le pilote de l’avion suivant ayant (ndlr: simplement) pour mission de maintenir une distance suffisante», explique la SESE dans son rapport. Dans un premier temps, tout s’est déroulé comme prévu, et une première série de photos a été prise sans accroc.

Mais des images devaient à nouveau être capturées au-dessus de Ballwil. À ce moment, l’un des avions a maintenu sa direction, tandis que l’autre s’est approché par l’arrière, et s’est positionné légèrement en dessous du premier. Les appareils n’étaient alors plus qu’à 30 mètres l’un de l’autre.

Comme l’un des avions devait encore être photographié «dans la lumière du coucher de soleil», le deuxième pilote a de nouveau effectué une manœuvre de changement de côté. Mais ce faisant, il a perdu des yeux son acolyte. C’est là que les deux avions se sont percutés.

Atterrissage d’urgence à Emmen

Pour les deux équipages, ce petit crash était «totalement inattendu». Les avions ont subi de graves dommages. Le moteur d’un d’eux est même tombé en panne. Heureusement, les deux appareils sont restés contrôlables jusqu’à l’atterrissage d’urgence.

Un atterrissage d’urgence qui a été effectué à l’aérodrome militaire d’Emmen (LU). En raison de sa panne de moteur, l’une des machines n’a même pas réussi à atteindre la piste d’atterrissage — elle s’est immobilisée dans un champ enneigé non loin.

Mauvaise communication des pilotes?

«Une communication définie et sans équivoque est indispensable dans le vol à deux», écrit la SESE dans son rapport. Si le moindre détail change, par rapport au plan de vol initial, ça doit être communiqué immédiatement par radio. Y compris s’il s’agit d’une perte du contact visuel avec l’autre.

Lors de leur entretien préliminaire à Rarogne, les pilotes n’ont pas répondu à la question de savoir comment un changement de côté en plein vol devait s’effectuer, selon les règles, et quelles mesures devaient être prises en cas de perte de contact visuel. A noter qu’aucune erreur technique n’a été constatée sur les machines.

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