Les services de sécurité sont débordés
Les incidents dangereux se multiplient dans le ciel suisse

Le nombre d'incidents aériens signalés en Suisse a nettement augmenté ces dernières années. Le Service d'enquête de sécurité suisse (Sust) est à bout de souffle. La sécurité aérienne est-elle en danger?
Publié: 07.10.2024 à 14:34 heures
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Dernière mise à jour: 07.10.2024 à 14:49 heures
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En mai 2019, un drone postal s'écrase à Zurich, à quelques mètres seulement d'enfants qui jouent. La raison en est une défaillance technique.
Photo: Sust
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Lisa Aeschlimann

Des accidents lors des décollages et des atterrissages, des quasi-collisions dans les airs ou encore des crashs d'avions: l'an dernier, 2128 incidents aériens ont été signalés au Service d'enquête de sécurité suisse (Sust), soit une augmentation de près de 40% par rapport à 2015. C'est ce qui ressort du dernier rapport annuel du bureau d'enquête suisse.

«Les nombreuses déclarations ont une fois de plus fortement sollicité le service d'enquête», écrit le président Pieter Zeilstra.

La plus grande partie des signalements concerne l'aviation. Selon le rapport, le nombre d'incidents s'est «stabilisé à un niveau très élevé» au cours des dernières années. 1803 déclarations en 2023 (c'est presque deux fois plus que la moyenne d'avant 2015) et ce, bien que le nombre d'accidents mortels ait nettement diminué ces dernières années.

Défaillance critique du logiciel des drones

En cas d'incident grave, le Sust ouvre systématiquement une enquête. Il n'est pas rare que le traitement de l'incident révèle des failles de sécurité dangereuses. Un des points sensibles reste les défaillances critiques des logiciels de drones. Plusieurs recommandations de sécurité concernent ce secteur.

Par exemple, le 9 mai 2019, une grave défaillance a eu lieu avec un drone postal transportant des échantillons sanguins. Peu après son départ de l’Irchel, la machine a tenté un atterrissage d'urgence. Cependant, le parachute s'est détaché, et le drone s’est écrasé violemment à quelques mètres d'enfants qui jouaient à proximité.

Le crash a été causé par une défaillance technique, un bug dans le logiciel. Un autre danger identifié est que des paramètres cruciaux pour le vol, comme la température ambiante ou l'humidité, sont ignorés par le logiciel, alors qu'il devrait empêcher le décollage en cas de mauvaises conditions météorologiques. L'Office fédéral de l'aviation civile doit maintenant veiller à ce que les fabricants révisent leurs systèmes et effectuent des contrôles plus stricts des consignes de sécurité. Les avions plus anciens donnent également du fil à retordre au Sust.

Accumulation des quasi-crashs

Autre élément inquiétant pour le Sust, les quasi-crashs se sont multipliés ces dernières années. C'est principalement à proximité des aérodromes que les cas ont fortement augmenté. Le 18 décembre 2020, par exemple, un Bombardier Challenger 850 et un avion à moteur se sont dangereusement rapprochés au-dessus de l'aéroport de Sion. Ce n'est que parce que le Bombardier est monté à temps que la collision imminente a pu être évitée. La distance verticale entre les avions n'était que d'environ 30 mètres.

Selon le Sust, de tels rapprochements dangereux se sont multipliés à Sion ces dernières années. À tel point que les services de la navigation aérienne ont reconnu la région comme un «hotspot». Le groupe spécialisé appelle les pilotes à être plus attentifs et à contacter davantage le contrôleur d'aérodrome lors des décollages et des atterrissages.

Manque de personnel au Sust

Mais le Service d'enquête de sécurité est loin de reconnaître tous les problèmes dans les airs. En clair, il ne parvient à élucider que 4% des incidents dans le délai légal. Malgré le nombre élevé de signalements, seules 24 enquêtes ont été ouvertes, soit nettement moins que les années précédentes. Dans une dizaine de cas, l'enquête a même été suspendue avant même d'avoir été examinée de plus près, «afin de garantir une utilisation efficace des moyens».

Les retards s'expliquent non seulement par des problèmes de personnel, mais aussi par des investigations plus complexes. La commission de gestion du Conseil national a critiqué cette situation et a demandé plus de personnel.

Le Sust indique qu'il faudra deux à trois ans pour résorber ce retard. Dans le domaine de l'aviation en particulier, «il faudra encore un certain temps avant de pouvoir parler d'une situation de charge normale».

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