L’avenir de la planète en dépend. La conférence sur le climat COP26 débutera dimanche à Glasgow et atteindra son premier point culminant lundi avec un sommet des chefs d’État et de gouvernements. Plus de 190 pays seront représentés dans la ville écossaise. Le but de cette rencontre est d’accroître les ambitions mondiales dans la lutte contre le changement climatique.
Il faut faire mieux. «Si nous voulons encore atteindre l’objectif d’un réchauffement climatique maximal de 1,5 degré, nous devons augmenter considérablement nos efforts. Au rythme actuel de la réduction mondiale, nous n’avons aucune chance», prévient Gunthard Niederbäumer. Le climatologue travaille pour l’Association suisse d’assurances (ASA) et fait partie, pour la quatrième fois, de la délégation suisse à un sommet sur le climat.
Des engagements trop peu contraignants
Les objectifs de réduction du CO2 sont trop modestes. Même si tous les pays les atteignaient, la Terre se réchaufferait tout de même de 2,7 degrés. C’est pourquoi ces ambitions doivent être revues à la hausse, et rapidement. «Je ne suis pas très optimiste, nous devons nous préparer à ce que les températures augmentent encore davantage», s’alarme Gunthard Niederbäumer.
Ajoutez à cela le fait qu’il n’y a pas de sanctions si les objectifs ne sont pas atteints. «Les engagements ne sont que moralement contraignants», explique le climatologue.
La Suisse est tout sauf un élève modèle. La morale n’a pas conduit l’électorat suisse à accepter la loi sur le CO2. Nous nous rendons donc les mains vides à Glasgow, incapables de tenir nos propres engagements.
Il fera deux fois plus chaud en Suisse
Pourtant, nous pourrions montrer l’exemple: «Estimer que la Suisse n’a aucune influence sur le changement climatique est un raisonnement erroné», assène Gunthard Niederbäumer. Premièrement, notre pays est l’un des plus grands pécheurs en matière de climat, et deuxièmement, les effets se font déjà ressentir.
D’une part, en raison de sa situation continentale, la Suisse se réchauffe toujours davantage, note le spécialiste: «Les températures augmenteront deux fois plus sur notre sol qu’au niveau la moyenne mondiale. Tous les modèles le prévoient.» Conséquence: d’ici 2100, la plupart des glaciers des Alpes suisses auront disparu. Le ski dans les contreforts des montagnes sera bientôt de l’histoire ancienne.
D’autre part, en tant que l’une des principales nations économiques, la Suisse peut apporter une contribution précieuse à la lutte contre le changement climatique: «Qui pourrait développer de nouvelles technologies si nous ne le faisons pas, avec toutes nos grandes entreprises et nos universités renommées», interroge le climatologue. Les décideurs du monde des affaires envisagent désormais le réchauffement climatique comme une opportunité économique.
Des négociations frustrantes
Dimanche, Gunthard Niederbäumer se rendra à Glasgow avec la délégation officielle suisse et se verra confier un sujet délicat: celui des pertes et dommages. Les îles des mers du Sud s’enfoncent dans la mer ou doivent renforcer leurs défenses côtières à grands frais. En Afrique, la sécheresse s’étend toujours davantage. Ainsi, de nombreux pays en voie de développement ont déjà besoin d’un soutien financier afin de faire face aux conséquences.
Ce qui est problématique est que l’accord de Paris sur le climat ne prévoit que des paiements pour les mesures climatiques futures, et non pour le présent. La Suisse et de nombreux autres pays industrialisés veulent s’en tenir à ce principe.
Gunthard Niederbäumer sait à quoi s’attendre à Glasgow: «Les négociations peuvent être frustrantes lorsque les gens marchandent la dernière décimale jusque tard dans la nuit.» En revanche, la joie est d’autant plus grande lorsqu’il y a une percée à la dernière minute.