À peine sa candidature annoncée que Lisa Mazzone est déjà présidente des Vert-e-s suisses. C’est ce qui se murmure dans la sphère politico-médiatique. Avant que Blick ne dévoile ses intentions ce mardi soir, la Genevoise a bien préparé le terrain dans les rangs du parti, notamment à coups de téléphone.
Parfaitement bilingue, habituée des plateaux germanophones, puissante, respectées des journalistes… Autant d’arguments pour tuer dans l’œuf toute fronde qui aurait pu venir d’outre-Sarine alors que la trentenaire ne souhaite pas d’une coprésidence romande-alémanique. Et de quoi refroidir les ardeurs d’une éventuelle candidature concurrente.
Des Romands renoncent
Après le conseiller national vaudois Raphaël Mahaim ce mercredi sur nos plateformes, son homologue genevois Nicolas Walder renonce aussi. «Si je m’étais lancé, ç’aurait été comme coprésident. Je l’aurais fait pour m’assurer que la Suisse romande ainsi que ma vision progressiste du monde soient représentées. Tout ce que Lisa incarne! Elle a mon total soutien. Et c’est la Romande la mieux qualifiée pour couvrir l’entier du territoire national.»
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Un troisième Romand a aussi réfléchi à devenir coprésident des écologistes: le Neuchâtelois Fabien Fivaz. Le quadragénaire ne se jettera pas dans la bataille non plus. «La charge de travail est lourde. J’ai souhaité me concentrer sur mes mandats parlementaires. De plus, les deux prochaines années ne vont pas être faciles. Lorsqu'on perd aux Fédérales, il y a de bonnes chances qu'on continue à perdre lors des Cantonales qui suivent. Il faudra beaucoup nous justifier.»
Même parmi les voix les plus critiques…
Même parmi les voix les plus critiques reconnaissent à Lisa Mazzone d’indéniables compétences, sa connaissance des dossiers, son efficacité et sa force de travail. La voie semble donc définitivement royale pour l’ex-conseillère aux États, non réélue en novembre.
Mais si on cherche bien, quelques reproches émergent, mais sous couvert d’anonymat. «Lisa Mazzone était notre cheffe de campagne lors de notre défaite, elle a elle-même perdu son siège, grince cette figure du parti. Quelle image est-ce que ça donne du parti? Ce retour est précipité. Un retour gagnant en politique nécessite parfois une traversée du désert, de se faire discret quelque temps. Regardez Pierre Maudet!»
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Une autre personnalité verte jointe par Blick tient le même discours. Et ajoute: «Elle n’est pas légitime pour ce poste parce qu’elle n’est plus parlementaire. Ç’a toujours été comme ça. Elle risque aussi de prendre beaucoup de place et de prendre beaucoup de visibilité aux parlementaires de Suisse romande.»
Fabien Fivaz comprend cette crainte. «Ce sera aux journalistes de faire leur job et à elle de partager le pouvoir, de laisser les parlementaires s'exprimer sur les dossiers discutés sous la Coupole. Son travail sera de conduire la politique du parti, de porter les grands thèmes, d'être au contact de la population et de nous mener vers la victoire aux élections fédérales de 2027.»
Lisa Mazzone: «J’ai connu tapis plus rouge»
Le délai pour déposer sa candidature est fixé au 4 février. Outre Lisa Mazzone, tous les poids lourds ont dit non. Mais l’ex-conseillère nationale se montre prudente. «J’ai déjà connu tapis plus rouge, glisse-t-elle au bout du fil. Quand on se relance ainsi en politique, il y a de grands défis, que j’ai aujourd’hui envie de relever.»
Quid de cette image de loser que ses adversaires politiques vont s’évertuer à lui faire coller à la peau? «Dans la vie comme en politique, les parcours ne sont pas linéaires. C’est aussi le cas pour notre parti, caractérisé par sa capacité à persévérer, à se relever. Grâce à ces qualités, nous avons pu voir des progrès très importants dans le domaine des énergies renouvelables et voir naître le mariage égalitaire.»
Dans «Le Temps», l’ancienne élue indique en outre qu’elle participera aux séances du groupe parlementaire. Présidente sans siège sous la Coupole, elle pourrait «montrer que la politique ne se fait pas uniquement au parlement, mais aussi dans les associations, dans la société civile, dans les lieux de science, de culture, d’économie.»