Ce jeudi 20 mars, c’est la Journée internationale du bonheur! Alors, une bonne nouvelle pour commencer: la Suisse reste l’un des pays les plus heureux du monde, décrochant la 13e place dans le rapport annuel sur le bonheur de l’ONU. Mais mauvaise nouvelle: c’est sa plus mauvaise position depuis la création du classement en 2012.
Il faut dire que la Suisse a connu des jours plus radieux: première en 2015, encore 9e l’année dernière, et maintenant, nous voilà parmi les quinze plus grands perdants de cette édition. Une chute vertigineuse qui nous place dans le même club des dégringolades que nos amis canadiens et américains.
Les pays nordiques, rois du bonheur
Pendant que la Suisse glisse dans le classement, les pays nordiques continuent de surfer sur la vague du bonheur. La Finlande, éternelle championne, décroche la première place pour la huitième année consécutive. Juste derrière, le Danemark et l’Islande complètent le podium. Et notre «rival» de nom, la Suède, s’invite en 4e position. Bref, là-haut, il fait peut-être froid, mais ça respire le bonheur!
Pendant ce temps, le Costa Rica et le Mexique créent la surprise en intégrant le top 10 pour la première fois, en 6e et 10e position. A l’autre bout du classement, l’Afghanistan reste le pays le plus malheureux du monde, durement touché par la crise humanitaire et la reprise du pouvoir par les talibans en 2021.
Et la France dans tout ça? 33e seulement, loin derrière la Belgique (14e) et le Canada (18e). Comme chaque année, ce classement du bonheur est établi en fonction de plusieurs critères: évaluations personnelles de la satisfaction dans la vie, PIB par habitant, soutien social, espérance de vie en bonne santé, liberté, générosité et niveau de corruption.
Les Américains, moins heureux
Si la Suisse perd du terrain dans le classement du bonheur, nos amis d’outre-Atlantique ne sont pas mieux lotis. Pour se consoler, on peut compter sur eux: ils enregistrent leur pire score historique, chutant à la 24e place (loin derrière la Suisse). Pourtant, au sommet de leur bonheur, ils avaient atteint la 11e position. Une époque révolue…
Mais alors, qu’est-ce qui mine autant le moral des Américains? Selon le rapport, partager ses repas est fortement lié au bien-être. Or, le nombre d’Américains dînant seuls a explosé, augmentant de 53% en vingt ans. En 2023, un Américain sur quatre a déclaré avoir pris tous ses repas seul la veille.
Les auteurs du rapport sont formels: le nombre croissant de repas solitaires est l'une des raisons du déclin du bien-être aux Etats-Unis. Alors, si vous voulez être plus heureux, trouvez-vous un bon copain de table!
Les Etats-Unis sont également l'un des rares pays à connaître une augmentation des «décès par désespoir» (suicide ou consécutif à l'absorption excessive d'alcool, de drogues...) à un moment où ces décès sont en baisse dans la majorité des pays. Le rapport analyse le comportement de populations dans le monde entier en 2022-2024, et n'est donc pas lié aux bouleversements dus au retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Le secret des Finlandais
«Il semble que les Finlandais soient relativement satisfaits de leur vie», a déclaré à l'AFP Frank Martela, professeur assistant spécialisé dans la recherche sur le bien-être et le bonheur à l'université Aalto d'Espoo, près d'Helsinki. Cela pourrait largement s'expliquer par le fait que les Finlandais vivent dans une «société qui fonctionne plutôt bien», a-t-il ajouté.
«La démocratie fonctionne bien, nous avons des élections libres, la liberté d'expression, et de faibles niveaux de corruption» qui contribuent au «bien-être national», poursuit-il. Les pays nordiques disposent tous de systèmes de protection sociale relativement solides, avec des congés parentaux, des allocations chômage et des soins de santé pour la plupart universels.
Eveliina Ylitolonen, une étudiante de 23 ans à Helsinki, pense que la considération des Finlandais pour la beauté de la nature explique le niveau de bonheur du pays, connu pour ses forêts profondes et ses plus de 160.000 lacs. «La nature est un élément important de ce bonheur», dit Ylitolonen à l'AFP.
La gentillesse mieux que l'argent
Dans leur rapport de cette année, les auteurs disent avoir de nouvelles preuves que les actes de générosité et la croyance en la gentillesse des autres sont «des prédicteurs significatifs du bonheur, encore plus que le fait de gagner un salaire plus élevé». «Les gens sont trop pessimistes quant à la gentillesse de leur communauté», ajoutent-ils.
«Le taux de retour des portefeuilles perdus est bien plus élevé que ce à quoi les gens s'attendent», note le rapport. Les pays nordiques se classent également «parmi les meilleurs endroits pour les taux de restitution attendu et réel des portefeuilles perdus».